Chapitre Quatre - La Bague

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Pendant son sommeil, une lumière blanche tomba sur Léane et l'éveilla dans une sorte de transe. Elle était assise droite sur son lit, baignée de lumière. Les phrases suivantes s'imprimèrent dans son esprit :

« Les yeux de l'Ariane ont été trouvés.

Tu as été désignée.

Tu es la Chercheuse,

La Victorieuse.

Trouve les incarnations mortelles

De ceux qui sont Éternels.

Par le Phœnix, une relique t'a été donnée.

Tes yeux

Si précieux...

Tu devras réveiller

Celle qui nous a été enlevée. »


Et la lumière disparut tout à coup. Léane retomba lourdement sur son lit, à côté d'Iris qui dormait profondément, pas une fois dérangée par la lueur. Ce que cette première ne savait pas, c'est que quelqu'un, si l'on pouvait l'appeler ainsi, avait donné toute la force magique restante de la Terre pour envoyer ce signal. Il espérait que cette jeune fille pas comme les autres puisse retrouver la magie de la Déesse. Il l'espérait du fond de son esprit.

Le lendemain matin, Léane fut prise d'une envie d'écrire. Elle aimait les romans, mais était aussi une fanatique de poèmes. La jeune fille écrivait sans réfléchir et corrigeait après, une drôle de passion pas donnée à tout le monde. Et puis, elle remarqua que le poème qu'elle venait d'écrire ne lui était pas venu naturellement.

Du tout.

C'était comme si... elle l'avait transcrit.

Elle fronça les sourcils, puis se dit qu'elle avait dû l'entendre quelque part. Pourtant, ça ne lui disait rien du tout, d'autant plus qu'elle était arrivée hier. Et surtout, les vers n'avaient pas de sens ! Enfin, si, mais rien de commun. Elle le chercha sur internet, mais ne trouva rien. Pourquoi avait-elle ce poème en tête, alors ? D'habitude, pour les écrire, elle était inspirée. Hors là, rien de ce qu'elle avait vécu ne pouvait l'avoir aidée à écrire une chose pareille. Léane garda le papier dans son sac et se rendit en cours. Elle avait un cours de mathématiques en première heure et à son plus grand bonheur, Narcée ne l'avait pas suivie pour lui demander des explications à propos de la veille — elle avait si lâchement fui !

Elle se rendit au cours suivant le cœur léger, puis rentra au dortoir pour manger après avoir acheté un sandwich jambon-fromage au distributeur. Elle avait deux heures devant elle, ce qui lui laissait le temps d'examiner le poème. Elle posa son déjeuner sur le bureau et entendit quelque chose tomber. Elle se retourna, et vit un objet brillant en dessous de sa table de chevet. Curieuse, elle s'en approcha et vit une bague surmontée d'un étrange oiseau, que Léane reconnut comme étant un phœnix. Elle le saisit.

L'anneau était fait d'argent, et des rubis y étaient incrustés sur la bordure. Mais il y avait quelque chose que Léane ne reconnut pas : la chevalière était légèrement plus brillante qu'un anneau normal et le phœnix d'argent était si bien sculpté que si on l'avait vu bouger, on ne s'en serait pas étonné.

C'est ce qui se passa.

L'oiseau bougea.

Elle jeta à terre la chevalière par frayeur, mais la curiosité l'emportant, elle s'approcha de nouveau.

Soudain, elle entendit son prénom et se tourna vers la porte, mais il n'y avait personne. Elle se tourna encore une fois pour essayer de percevoir d'où venait cette voix. « Léane... », entendait-elle, « ...Léane ». Cela ressemblait à un film d'horreur, celui ou un monstre attendait le dernier moment pour lui sauter dessus.

Léane mit du temps à comprendre que ce son ne venait pas de dehors, mais de l'anneau lui-même ! Elle hésitait à le prendre. Une chevalière qui bouge, ce n'était pas tous les jours que l'on pouvait en voir un ! La jeune fille s'avança encore un peu, puis le prit dans ses mains. Aussitôt à son contact, le phœnix se colora de rouge et d'or puis s'enflamma, libérant une sorte de chaleur de l'anneau. Léane se demandait vraiment si elle rêvait éveillée ou si c'était bel et bien réel. Le phœnix ouvrit soudain les yeux, et Léane constata, bien qu'ils soient minuscules, que c'était exactement les mêmes que les siens...

L'oiseau miniature planta ses yeux dans ceux de Léane et celle-ci eu comme une sorte de vision. Douze personnes, floues, en cercle autour d'une treizième. Elle perdit le contact avec le Phœnix et ouvrit les yeux. Elle entendit ces derniers mots avant que le Phœnix redevienne argenté : chercheuse... éternels... enlevée... elle reprit ses esprits.

La première cloche venait de sonner. Elle allait être en retard en cours ! Ça avait duré si longtemps que ça ? Léane se précipita dans le couloir. Une main se posa sur son épaule. Mince, elle avait oublié Narcée, il l'avait sûrement suivi ! Ah, les amis...

— Attends, dit-il, et elle sût que c'était bien lui, t'avais pas les yeux bruns hier ? Hé, ça fait vachement bizarre de dire ce truc.

Oups. Léane aurait dû lui dire. Elle rougit de honte, mais comme pour la sauver, une autre personne les rejoignit et lança un nouveau sujet. Soulagée d'avoir changé de discussion, la jeune fille reporta toute son attention sur sa colocataire. Mais soudain, Iris la regarda fixement comme si elle attendait quelque chose d'elle.

— Iris ! protesta Léane, gênée. Arrête de me regarder comme ça !

— Quoi ? De quoi tu parles ? Hé ! Léane ! Qu'est ce qu'il t'arrive ?

Léane venait d'avoir un terrible mal de tête. Ou plutôt, ses yeux lui faisaient atrocement mal. La vision magique apparut de nouveau.

Léane perdit conscience à cause de la douleur.

LE PHŒNIXWhere stories live. Discover now