LE PHŒNIX

Chapitre Six - Hésitation

Léane ronchonna pendant un bon quart d'heure en se disant que cela lui semblait répugnant de pouvoir voir à travers tout, surtout... les gens. Mais de toute façon, il lui fallait une preuve. Sa chambre donnait sur un terrain de sport. Elle ferma les rideaux et se concentra. Elle les ré-ouvrit et constata non sans surprise... qu'elle n'avait pas vu à travers ses rideaux. Évidemment. Tout cela n'était pas réel.

Mais alors, pourquoi avait-elle trouvé cette drôle de chevalière qui, sans illusion cette fois-ci, semblait vivre ? Elle se rappela ce qu'elle avait dit un moment avant... et elle fronça les sourcils. Elle avait dit "désactiver", ce qui était sûrement le truc pour redevenir normale — enfin, si c'était réel...

Léane regarda la page où se trouvait l'article. Elle était blanche. Sans trop y croire, elle fixa à nouveau les yeux du Phœnix. Encore une fois, il se colora et se réchauffa, puis plongea son regard dans le sien. Léane éprouva cette sensation désagréable de mal de crâne et regarda l'article, qui était de nouveau apparent.

Elle vit derrière ses rideaux des joueurs courir sur le terrain puis, elle regarda en dessous du sol de sa chambre. Il y avait une fille, qui devait sûrement sécher les cours, en train d'écouter de la musique en « chattant » avec ses amis. Léane dit à voix haute « désactivation », et ne la vit plus. Le Phœnix était à nouveau sous forme de bijou argenté. Elle se demandait vraiment si tout cela pouvait être possible. Techniquement, non.

La jeune fille attendit quinze heures quarante-cinq, la fin des cours, que Iris revienne. Si elle ne se trompait pas, c'était la jeune fille qui lui avait donné la migraine — autant que quand elle activait le pouvoir du Phœnix. Elle s'amusa à regarder un peu partout autour d'elle, plus ou moins loin, et s'arrêta lorsqu'elle atteignit les salles de bains. Pas question d'aller plus loin. Elle rougissait déjà rien qu'à penser à ce qu'il y avait derrière la porte. Léane désactiva son pouvoir en se sentant un peu fatiguée. Peut-être n'était-ce qu'un drôle de rêve, finalement. Elle avait certainement des hallucinations. Mais... une voix dans sa conscience lui chuchotait d'y croire.

Ce fut la cloche de la fin des cours qui la fit bouger à nouveau. Si c'était bel et bien Iris qui lui avait fait découvrir cet étrange pouvoir — s'il existait, et il fallait s'en assurer, même après ce qu'elle venait de vivre — alors il faudrait lui expliquer la vérité. Sinon, Narcée était possiblement celui qui lui avait donné mal à la tête. Une question restait : quelles divinités étaient-ils, s'ils en étaient ? Léane savait que dans la Grèce Antique, il y avait douze dieux, et dans l'ancienne religion péruvienne, il y avait douze familles. Sans parler des douze apôtres de Jésus, qui pouvaient être considérés comme des divinités.

Léane trouvait que le mot douze revenait un peu trop à son goût : douze mois dans l'année, douze heures sur une montre, douze dieux... Pourquoi autant ? Ça en faisait vraiment beaucoup. Et surtout, quels pouvoirs avaient-ils ? Car les dieux étaient censés en avoir !

— Est-ce qu'il se pourraient que ce soit les douze dieux de la Grèce antique ? réfléchit Léane à voix haute, dirigés par une déesse inconnue ? Ou alors, elle a joué un rôle au début et elle s'est faite oublié après ? Au début... qu'est ce qu'il y a, au début ? Voyons, Zeus est le dieu des dieux... Kronos est son père, et est un Titan. Qui sont les parents des Titans ? Ouranos... et Gaïa !

Suite à cette idée, Léane se rappela que Gaïa, la déesse de la Terre, tirait ses pouvoirs du Phœnix, sûrement la même magie que lui. Et si les  dieux s'étaient réincarnés ?