LE PHŒNIX

Chapitre Vingt-Neuf - Athènes

— À Athènes, dit Léane. J'espère y trouver des indices pour trouver Athéna, ou d'autres dieux.

Morphée approuva d'un hochement de tête avant de se tourner vers son fils.

— Aali, tu l'accompagnes.

Le concerné écarquilla les yeux. Morphée se justifia :

— Tu connais plus de trente langues, tu sais te téléporter, et tu sauras la guider concernant les informations divines. Sans compter que tu as très envie de découvrir le monde...

— Mais... balbutia le jeune homme. Tu... je... la Terre ?

— Je n'ai qu'une recommandation à te faire, fils. Ne t'éloigne pas de Léane, ou tu sais ce qui risque d'arriver. Et, sache que ceci n'est qu'un voyage de reconnaissance, pour que Léane sache comment s'y prendre lors des prochains.

Donc Iris et Narcée restaient ici. Aali hocha la tête à contrecœur. Il allait enfin voir à quoi ressemblait la Terre de ses propres yeux ! Même si c'était avec une mortelle, bien sûr.

Morphée mit ses mains sur les nuques des deux jeunes gens et, sans prévenir, les fit avancer d'un coup. Aussitôt, Aali et Léane disparurent de cet endroit.

Et apparurent en un clignement d'œil devant les ruines du Parthénon, à Athènes. Les touristes grouillaient, même si l'été était terminé. Il y avait deux ou trois groupes d'asiatiques, à l'entrée, devant le Parthénon ou sur la tour de l'acropole. Beaucoup de personnes prenaient des photos devant les colonnes antiques de l'édifice. Quelques jeunes passèrent devant les deux nouveaux arrivants en baragouinant en anglais quelque chose sur une fête. Ils rirent fortement et bousculèrent Aali sans s'excuser, le faisant voir rouge.

Léane secoua sa tête, prit une inspiration et effleura du regard la chevalière argentée à son doigt, qui reprit des couleurs dès le contact visuel. Comme si la couleur de feu du bijou avait déteint sur les yeux de la jeune fille, ses yeux vairons étaient devenus d'un orange qui tirait vers le doré. Aali fut un peu surpris de ce changement, surtout qu'il sentait que l'aura de la mortelle avait été décuplée. Elle était beaucoup plus perçante. Léane se tourna vers lui et jaugea son apparence qui n'avait rien de commun.

— Aali, t'aurais pas un pouvoir qui te permettrait de changer de tenue instantanément ?

— Si, mais je ne vois pas pourquoi je devrais le faire.

Léane soupira.

— Je sais que t'apprécies pas les mortels, mais il faudrait que tu passes inaperçu ici.

— Nous ne sommes pas ici très longtemps, de toute façon. Et puis, je te signale que tu as les yeux oranges.

Léane sortit de la poche de son nouveau sac à main une paire de lunettes de soleil qu'elle agita sous le nez d'Aali avant de les mettre. Prévoyante, elle avait demandé la veille à Morphée de lui fournir ce dont elle aurait besoin — à savoir, ces lunettes, de la crème solaire, de l'argent et ce sac à main.

— Pas grave, dit-elle, mais il faudra que tu te changes la prochaine fois.

Il était vrai qu'avec son torse et ses pieds nus et son sarouel, il n'avait pas l'air d'un touriste ordinaire. Et c'était sans compter ses longs cheveux couleur d'ivoire. Ni ses yeux miroitants.

— Suis-moi...

Aali lui emboîta le pas, jurant contre elle. Et ses insultes n'avaient rien d'original au goût de la jeune fille.

Léane se rappela la visite guidée qu'elle avait faite avec sa mère quelques semaines plus tôt. Elle la retrouverait dans un mois à la Toussaint... enfin, elle l'espérait. Il semblait que les Descendants, une fois transformés, ne pouvaient plus s'éloigner d'elle.

C'était fâcheux.

Peut-être devrait-elle emmener Iris et Narcée chez eux chacun à leur tour, et passer quelques jours avec chacun d'eux ! En tout cas, même le campus où ils étudiaient était trop grand pour qu'ils s'éloignent les uns des autres. C'était une contrainte à laquelle Léane ne savait comment remédier. Même Aali ici présent ne devait pas la quitter. Morphée lui avait expliqué que deux cent mètres était la distance maximum que pouvaient utiliser Léane et les Descendants. En dehors de ce rayon, Gaïa et ses dieux corrompus pouvaient les repérer et essayer de les capturer.

Il fallait espérer qu'aucun des dieux ne soit assez idiot pour s'éloigner d'elle...

— Aali !