Chapitre Quarante-Huit - Vers Luisants

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 Je m'appelle Léane, dit le petit blond.

Mikaël n'avait aucune idée de ce qui se passait : un blondinet, mignon de surcroît, s'avérait être une fille. Un autre à l'apparence peu ordinaire disparaissait et réapparaissait sans se soucier de l'avis du commun des mortels. Une fille et un garçon qui luisaient, littéralement, s'invitaient dans sa chambre par des moyens qui n'étaient pas scientifiquement possible. Et la fille luisante était en train de lui tenir la main.

Et ce, le lendemain de son anniversaire.

Mais qu'avait-il donc fait pour mériter cela ? Sa mère biologique lui avait-elle légué des pouvoirs magiques dont il n'était pas censé avoir conscience jusqu'à ses dix-huit ans ? Non, parce que là, tout laissait à penser que c'était le cas.

Ou alors, ces gars lui avaient fait ingérer une substance plus qu'illicite. Ce qui était techniquement impossible, puisqu'il était insensible à l'alcool et aux hallucinogènes.

Faute d'avoir essayé.

— Je suis Iris, fit le ver luisant.

La fille luisante.

— Aali.

Il se tourna vers le jeune homme aux longs cheveux d'ivoire, puis hocha la tête. Bizarres, leurs noms. Il entendit un raclement de gorge.

— Euh, sinon, moi c'est Narcée. Au cas où tu te demandais.

Donc, lui, c'était le « drôle » de la bande. Enfin, s'il se fiait aux clichés de séries américaines... dans ce cas, le dénommé Aali était le « mystérieux », la fille qui brillait était la « sociable », et l'androgyne était la « leader ». Et lui serait le nouveau, perdu dans la nature... qui vient sauver le monde ?

Ouais, non. Ils étaient carrément clichés.

Mikaël gonfla ses joues d'air. Il ne savait pas vraiment quoi dire, et s'attendait à ce que la cheffe du groupe commence à parler.

— Okaaay, Mikaël, je dois te demander de m'écouter jusqu'au bout. C'est la troisième... non, concrètement, juste la deuxième fois que je fais ça...

— En fait, l'interrompit Narcée, c'est la première fois.

Léane haussa les sourcils.

— Ben, oui : moi, tu m'as transformé parce qu'on se demandait ce qu'il se passait, et Iris, tu l'as transformée de force. Donc c'est la première fois.

— « Transformé » ? répéta Mikaël. Comment ça, « transformé » ?

— Hmm... Mikaël, je t'aurais bien demandé de t'asseoir, mais tu l'es déjà.

— Très drôle.

Ouh... s'il continuait comme ça, ce ver luisant, le fêtard sentait qu'il n'allait pas le supporter bien longtemps. Enfin, c'était celui qui l'avait mis le plus à l'aise, même s'il s'y prenait mal.

— Mais je sais pas comment lui dire, moi ! explosa la jeune fille.

— Tu pourrais juste me dire ce que vous êtes et pourquoi vous m'avez... appréhendé ? suggéra Mikaël.

Iris hocha la tête, approbative. Si Léane et Narcée avaient commencé par là, elle n'aurait peut-être pas essayé de s'enfuir. Peut-être...

Aali souffla d'impatience. Les choses commençaient à devenir longues. Léane pinça ses lèvres en un tic nerveux, puis se lança.

— Très bien, dit-elle. On est humains. Tous, sauf Aali. Lui, c'est le fils d'un dieu, c'est pour ça qu'il a une apparence un peu bizarre.

— Hé ! protesta Aali.

— Désolé, vieux, mais c'est vrai ! rit Narcée.

— Narcée et Iris sont humains, mais ce sont les réincarnations de deux dieux, Hadès et Poseidon.

Des dieux grecs ? Cette histoire était invraisemblable — enfin, presque, puisque deux personnes luisaient devant Mikaël. Mais le jeune fêtard choisit de se taire et d'écouter.

Léane lui raconta quelque chose d'incroyable : Gaïa, la déesse de la Terre, serait en train de détruire la planète avec seul but de détruire sa sœur Niké et ses alliés, les Olympiens. Léane aurait été choisie par la première entité de l'univers, un Phœnix, pour retrouver les Olympiens réincarnés. Et ils étaient partout autour du monde... Léane et les premiers Descendants avaient été accueillis par le père d'Aali dans un autre monde, à l'abri de Gaïa.

En gros.

— T'en as trouvé combien ? questionna Mikaël.

— Euh... deux ? Enfin, trois ?

— C'est tout ? s'étonna t-il.

— J'ai commencé ma quête il y a une semaine, et pour trouver douze personnes au sein de six milliards et demi, je trouve qu'un « c'est tout » est inapproprié.

— Je suis le quatrième ?

Direct, franc. Et il l'était toujours. Un peu surprise, la cheffe répondit.

— Non, le troisième.

— Ah ! Donc je risque de devenir un ver luisant aussi ?

— Tu veux briller ? demanda Léane, sautant sur l'occasion.

Ah, oui, d'accord. Elle aussi pouvait faire des jeux de mots. Briller, hein. 

Ha. 

Pff. 

Très drôle.

— Euh ?

LE PHŒNIXWhere stories live. Discover now