Chapitre Huit - Narcée

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— Narcée ! appela Léane, voyant qu'il était toujours là, en train de se faire réprimander par la surveillante.


Elle marcha rapidement jusqu'à lui sous les yeux de la pionne qui s'était arrêtée de parler, l'air sévère. Elle ne devait pas aimer qu'on l'interrompe. Comme personne, d'ailleurs, pensa la blonde. Elle s'excusa auprès de cette première, et lui demanda si elle pouvait lui « emprunter » Narcée. Comme si elle n'était plus très intéressée, la surveillante haussa les épaules et les laissa aller, non sans avoir lancé un regard noir au jeune homme.

Un peu plus loin, Narcée commença à parler.

— Okay... pourquoi tu es partie, tout à l'heure ? Ça m'a vexé.

— Euh... j'ai un super pouvoir, tu sais, comme Superman, et j'ai vu que toi aussi. Que t'avais un pouvoir, pas que t'étais Superman.

— Hein ?

Le blond partit dans un fou rire incontrôlable. Les étudiants qui passaient par là les regardèrent bizarrement, comme s'ils étaient des Aliens. Ils devaient probablement y ressembler.

— T'es sérieuse, Léna... Léane, pardon ?

— Je ne sais pas te l'expliquer autrement que de cette façon. Si je suis partie, c'est que je suis très surprise que la... magie... existe.

— Hahaha ! J'en peux plus, rit Narcée, qui se calma cependant en voyant l'expression de la jeune fille. Attends... tu es vraiment sérieuse ?

Léane attendit qu'il ne rie plus pour hocher la tête. Elle manquait certainement de tact, mais elle ne voyait pas une autre façon de l'annoncer — au sens figuré, bien sûr. La jeune fille planta son regard dans le sien. À nouveau, la vision la prit et elle revit l'homme qui était sorti du cercle ; Hadès. Il avait l'air mécontent cette fois. Peut-être qu'elle devait se dépêcher de révéler la vérité à son... descendant, si c'était vraiment ainsi qu'il était nommé.

— Le but de l'existence de la Chercheuse n'est pas clair, marmonna t-elle. Je sais à présent que je peux voir qui sont les descendants des Immortels, mais je ne sais pas comment les rassembler, comment les convaincre de cette réalité ; ni même comment les trouver. Je ne sais rien...

— De quoi tu parles ? questionna Narcée. Et, tu parles souvent à voix haute, ou bien ? Pa'c'que c'est pas clair du tout.

— T'aurais pas des pouvoirs du genre du feu, de mort ou je sais pas quoi d'autre ? Parce que franchement moi, je sais rien faire à part avoir des visions douteuses.

Encore une fois, le blond la regarda avec un air perplexe. Il la prenait définitivement pour une folle. Ce qu'elle n'était pas loin de devenir, avec ces conditions bizarres. Soudain, un autre mal de tête lui tortura le crâne. Fixant le Phœnix, elle entendit une phrase dans son esprit.

« Transmets le pouvoir... »

— Comment c'est supposé m'aider, ça ! Je suis pas un foutu émetteur, moi !

— Léane ? se risqua Narcée, toujours hésitant.

— Quoi !

— Tu... tes yeux... ils ne sont pas normaux.

— Ils sont vairons.

— Non ! Enfin, si, mais ce que je veux dire, c'est qu'ils virent à l'orange...

— ... ce n'est pas normal.

— En effet.

Sans miroir, Léane ne pouvait pas savoir si il se moquait de lui ou s'il disait la vérité. Toutefois, après tous les événements de la journée, elle décida de le croire. Elle prit une inspiration et lui fit promettre de ne rien répéter de ce qu'elle allait dire. Elle ne connaissait Narcée que depuis la rentrée et n'était pas sûre de lui faire confiance — en fait, elle ne lui faisait pas du tout confiance — mais elle sentait qu'il faisait partie de toute cette mascarade. Et puisqu'il n'avait pas l'air de connaître la situation ; la réincarnation des dieux grecs, il faudrait lui expliquer.

— Je crois que le dieu Hadès de la mythologie grecque s'est réincarné en toi.

Les yeux écarquillés, le jeune homme faillit repartir dans un fou rire. Cette fille était soit folle, soit convaincue de choses impossibles, ce qui revenait au même à peu de choses près. Mais... ce n'était pas tous les jours que l'on voyait des yeux changer de couleur, nuance improbable qui plus était. Il décida donc de la laisser s'expliquer. La blonde lui relata ce qu'elle avait vécu, du poème à la vision du soit-disant dieu s'étant réincarné en lui.

Rien n'était vraiment crédible, à part cette histoire d'anneau. Il était vrai que lorsque Léane faisait certains gestes, l'oiseau de la chevalière se colorait plus ou moins. Il ressemblait à une de ces pierres d'humeur que l'on incruste dans les bagues. Ce genre de bijou était assez populaire car il changeait de couleur, aussi la jeune fille aurait pu s'en acheter un. Cependant, personne ne changeait d'émotions ou de température corporelle aussi vite : rouge pour la colère, jaune pour la maladie et la fatigue, orange pour la bonne humeur et l'énergie. En plus, Léane semblait plutôt une fille calme, donc le bleu aurait dû être présent.

— Nan, j'ai pas de pouvoirs ou je-sais-pas-quoi de magique.

— Tu devrais être extra ordinaire. Si Hadès s'est vrai-

— Ah ouais, ça par contre je le suis, extraordinaire ! s'esclaffa le jeune homme.

— N'importe quoi. Tu ne m'as même pas écoutée.

Alors une nouvelle voix s'immisça dans sa tête sans prévenir. Léane ne put retenir une grimace en sentant à nouveau la douleur la prendre. Elle se massa les tempes et essaya d'écouter la voix.

« Chercheuse... petite Chercheuse, viens, écoute-moi. Je suis le roi des enfers. Tu dois transformer mon descendant ! »

« Hadès », comprit-elle, et elle lui répondit dans son esprit aussi. « Vous... comment, et pourquoi ? »

« Écoute... de grandes forces se sont réveillées, les mêmes qui nous ont fait disparaître de l'esprit des mortels. Des forces qui nous haïssent, et réciproquement. Tu dois le transformer ! »

« Comment ! Hadès, comment le puis-je ? »

« Transmets les pouvoirs... »

LE PHŒNIXWhere stories live. Discover now