LE PHŒNIX

Chapitre Vingt-trois - L'ennemi ?

Le dieu des songes la prit dans ses bras, touché.

— Sa dernière idée. Il l'avait imaginée pour toi, ajouta t-il.

Léane laissa ses larmes couler sous les yeux d'Iris et de Narcée. Ce dernier venait de comprendre la tragédie qu'elle avait vécue auparavant. Crispé, il éteignit la flamme en fermant son poing. Voilà pourquoi elle ne parlait jamais de son père ! Il savait qu'il était designer, mais jamais il n'aurait pensé qu'il était décédé. Il ne s'y était pas du tout intéressé. La jeune fille pleura silencieusement dans les bras de Morphée quelques minutes avant de sécher ses larmes. 

Quelques instants plus tard, les yeux rougis, elle décida bravement de continuer à questionner Morphée. Elle n'aimait pas du tout se montrer en public, mais elle savait que personne ici ne se moquerait d'elle.

— Qui est l'Omniscient ? demanda t-elle après une grande inspiration.

Le dieu s'écarta d'elle.

— La prophétie du Phœnix tout puissant raconte que la sœur ou le frère de l'Ariane — la Chercheuse — l'aidera à trouver les réincarnations des douze dieux principaux.

— Mais j'ai pas de frère.

— Je sais bien. Et tout en toi me prouve que tu dis la vérité. Je ne sais pas comment c'est possible, mais le Phœnix s'est trompé.

— Pourquoi est-ce que tu nous as emmenés ici ?

Léane ne le vouvoierait pas, apparement. Bah ! Après tout, elle était importante, cette petite. Elle était chargée de trouver les douze descendants.

— Cet endroit est le seul où les dieux sont en sécurité une fois transformés.

— Euh... pardon ?! s'esclaffa Iris. Je vous signale qu'on est dans un monde bizarre instable parce que les objets et les personnes peuvent disparaître n'importe quand, et qu'on vient d'y accéder grâce à un inconnu aux cheveux bleus qui a des yeux qui font de la lumière.

— Et pourtant, je dis la vérité. Rien n'est plus sûr si vous vous éloignez non seulement d'ici, mais aussi de la Chercheuse.

Léane fronça les sourcils, et ne fut pas la seule. Sceptique, elle laissa Narcée parler.

— Comment voulez-vous qu'on vous fasse confiance ?

— Je n'ai rien pour le prouver, c'est vrai. Tout est nouveau et étrange pour vous.

— Mais j'ai l'impression qu'il faut t'écouter, intervint Léane. Dis-moi, cet article que j'ai lu quand j'ai trouvé la chevalière...

— Un dieu mineur l'a écrit. Ne vous y fiez surtout pas. Ne vous fiez à aucun dieu mineur, jeunes gens.

— Tu es un dieu mineur, pourtant, je me trompe ?

— Je ne suis pas corrompu.

D'accord.

Ou pas. C'était vraiment à ne rien y comprendre. Pourquoi Morphée serait-il... lucide, tandis que d'autres, non ? Léane pensait vraiment qu'il disait la vérité, mais comment le prouver ? Le pouvoir de la chevalière ne lui permettait pas de voir des choses immatérielles. Il fallait donc trouver un moyen pour prouver que le dieu disait la vérité.

— Je comprends pas, continua Léane. « Corrompu » ? Est-ce que Gaïa a un ennemi qui, je n'sais pas, soumettrait les... les autres dieux mineurs ?

— Tu as l'esprit brillant, petite, mais ce n'est pas exactement ça. Gaïa n'a pas d'ennemi qui les soumet, elle a un allié qui les soumet.

Léane comprit immédiatement, mais cela renforça sa méfiance.

— Gaïa est l'ennemi ?