Chapitre Vingt-Huit - Abruti

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— Qu'est-ce que tu veux ? demanda sèchement Aali.

Il n'avait même pas pris la peine de se lever ou de la saluer. Léane pinça ses lèvres, un tantinet vexée.

— Aali, c'est ça ? Ton père m'a demandé de te chercher.

Le jeune homme leva les yeux au ciel.

— Et tu comptes faire tout ce qu'il te demande ?

— Pardon ? lâcha la blonde, stupéfaite.

— T'as besoin que je répète, en plus ?

Aali la fixa de ses yeux miroitants. Très bien. Beau, oui, mais également un véritable abruti. Léane prit une inspiration et, agacée, continua.

— Tu aimerais que ce soit lui qui te ramène par la peau des fesses ? Je suis sûre que c'est faisable. Tu sais quoi, ajouta t-elle aussitôt, je vais juste aller lui dire que son fils agit comme un adolescent pustuleux.

Elle se détourna, reprenant le chemin des jardins suspendus. Aali retint sa respiration et, quelques secondes plus tard, se leva et la suivit. Il ne doutait pas que la jeune fille savait qu'il était en marche, aussi, il ne dit rien. Dans un silence embarrassant — pour le fils de Morphée, en tout cas —, ils rejoignirent l'édifice. Comme le jour précédent, Léane fut impressionnée par cette fabuleuse architecture, et elle sursauta lorsque le pont de marbre apparut devant elle. Les deux jeunes gens entrèrent dans les jardins et se retrouvèrent entourés de la technologie futuriste du premier étage.

Un robot les accueillit et les invita à monter au dernier étage, celui que Léane n'avait encore jamais vu. Ils montèrent donc tout en haut. Aali aimait particulièrement cette étage, car il était très aéré, encore plus que le rez-de-chaussée. Il y avait six chambres, trois de chaque chaque côté de l'escalier, toutes fermées par des portes en bois blanc. Le sol, le plafond et les murs étaient faits de la même matière. Il n'y avait pas de couloir, c'était une grande pièce. En face de l'escalier, en arrivant, on voyait une baie vitrée donnant sur le monde fantastique de l'imagination des hommes. Il y avait une vue merveilleuse sur la plaine. À gauche, deux portes blanches également étaient fermées. Il s'agissait de deux salles de bain. Les mêmes se trouvaient à droite.

Plus loin, près de la baie vitrée, une table à manger à huit places en verre était placée perpendiculairement au mur. Des chaises blanches à coussins couleur ivoire étaient placées autour — sept exactement. À droite, un écran plasma avait été fixé directement au mur. Deux divans et trois fauteuils, mis les uns à la suite des autres en arc de cercle, étaient orientées vers l'écran. Au milieu, une petite table de verre était posée sur un tapis aussi blanc.

Aali vit Léane faire la moue et s'en agaça. Ne pouvait-elle pas se contenter de ce qu'elle avait, cette mortelle ?

— Je croyais que les tous les objets de ce monde n'existaient pas, fit-elle à Morphée, qui les attendait sur un des divans avec Iris et Narcée.

— Bonjour à toi aussi, Léane ! s'esclaffa le dieu des songes en se leva.

Cette réaction exaspéra Aali. Son père ne pouvait-il pas réagir normalement ? Cette blonde avait été trop condescendante à son goût. Il bouillonna lorsqu'ils se firent la bise pour se saluer.

Stupide mortelle.

— Je suis un dieu, petite. Je peux décider de garder certains rêves avec moi. Ces dernières années, beaucoup de gens imaginent la même chose, comme si la créativité baissait. C'est regrettable, mais au moins, je peux garder quelques songes.

— Oh...

Iris et Narcée vinrent les rejoindre. La châtaine adressa un sourire à Aali, auquel celui-ci ne répondit pas. S'ils croyaient qu'ils allaient faire ami-ami, ces Descendants se faisaient de véritables fausses idées.

— Alors, reprit Morphée, tu t'es décidée ? Où comptes-tu aller en premier ?

Léane sentit un frisson la parcourir.

L'aventure commençait.

LE PHŒNIXWhere stories live. Discover now