♪ CHAPITRE 3 ♫

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- Enfin, Loris. Vous ne pouvez pas divorcer. Elle est ta moitié, tu es son... Comment elle disait déjà ?

Excédée par la musique anormalement lente qui se remet en marche, je piétine le bonnet de Noël.

- Son preux chevalier, répond-il en déglutissant.

Une coupe de spiritueux ne suffit pas à faire disparaître l'amertume apparue à l'annonce du divorce de Loris et Cléo. D'une part, je déduis rapidement que je me suis mise en retrait pour rien lors de l'arrivée de Cléo, comme un cheveu sur la soupe, dans nos vies. D'autre part, un mythe s'effondre. Celui du couple parfait de jeunes mariés devenus parents dans la foulée et propriétaires d'une immense maison du côté du XVIe à proximité du Bois de Boulogne, endroit huppé où les riches terriens côtoient les racoleuses en bord de route d'un bois festif aux mille et un secrets.

- Je ne peux pas y croire.

Tout ça pour ça...

Je m'apprête à nous servir une seconde tournée quand Loris m'en empêche.

- Doucement, je te rappelle que tu es censée m'accompagner courir demain au petit matin.

Quelle excuse trouver pour échapper à la corvée du jogging que je m'inflige chaque lundi et jeudi matin ? Je ne suis pas différente de certains chiens. Eux courent après un os, moi après le derrière de Loris. Oui, c'est ma seule satisfaction, car les calories perdues pendant un jogging reviennent se loger sur ma culotte de cheval le soir même.

- J'ai besoin d'encaisser la nouvelle.

- Que devrais-je dire ?

- Rien. Bois.

La liqueur finit par couler dans les coupes. Je pose la bouteille et m'affaisse sur la table en secouant la tête négligemment. Je ne peux pas y croire, je ne veux pas y croire... J'ai envie d'y croire. Le couple phare qui me faisait tant envie se casse la gueule comme un château de cartes érigé par des enfants.

- Pourquoi ? Mais pourquoi ? Tu imagines le nombre de complexes que vos proches ont développé face à votre merveilleuse histoire d'amour ?

Par « vos proches », j'entends MOI.

- Hein ?

- J'ai bavé devant votre couple. J'ai envié votre complicité, vos regards amoureux, vos gestes tendres. J'ai complexé, je vous ai placés sur un piédestal monstre et aujourd'hui, tu me dis que votre relation n'est plus. Que votre duo parfait part en fumée.

Oui, j'ai souvent voulu être une autre pour l'avoir lui. Le temps a fait son œuvre et je m'étais résignée à conserver nos rapports amicaux.

- Parfait en apparence. Tu sais que la météo n'était plus au beau fixe avec Cléo depuis quelques mois.

- J'ai cru à une mauvaise passe. Jamais je n'aurais imaginé que tu m'annonces une nouvelle pareille. Je te pensais heureux.

- Heureux ? a-t-il répété railleur.

- Oui heureux. Barbie et Ken dans leur belle maison. Barbie et Ken en vacances au soleil. Barbie et Ken avec leur enfant !

Faisant craquer sa nuque, il rit nerveusement.

- Le paraître Lilou, le paraître. Depuis dix mois, le jeu des apparences est devenu une constante dans mon couple. Je crois qu'il n'y a plus d'amour. L'amour des débuts a été étouffé par la routine que Cléo et moi avons instaurée malgré nous. Elle n'a plus cette lueur dans le regard lorsqu'elle me voit et de mon côté, l'envie de lui plaire de la séduire a disparu.

L'amour est un dessert qui se mange à deux (SCE HARPERCOLLINS)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu