CHAPITRE 4 ♪♫

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         En me relevant, je prends conscience de mon erreur. Je n'aurais jamais dû agir avec autant d'impudeur. Loris divorce et je me jette sur lui. Il doit être déboussolé donc, une proie facile.

— Je suis désolée, vraiment désolée.

Debout les bras ballants au milieu du salon mon regard cherche désespérément celui de Loris qui se retire. J'ai honte de mon comportement, de ma faiblesse et ne sais quoi lui dire pour apaiser une situation que je ne contrôle plus.

— Tu ne...

Il ne me laisse pas le temps de finir ma phrase. Les baisers qu'il dépose sur mon front ne sont pas la réponse que j'attendais. Toutefois, ils me tranquillisent. Peut-être que je n'ai pas foutu en l'air plusieurs années d'amitié. Nous étions deux à nous embrasser et pourtant, j'ai l'impression d'être la seule fautive dans cette histoire, une sorte de profiteuse.

— Il n'y a pas meilleur ami que toi sur cette planète. Je ne veux pas gâcher tout ce que nous avons.

— Moi non plus.

Le silence s'installe. Je me blottis contre Loris qui m'étreint sans la moindre réserve. Pas besoin de mots. Lui lit en moi comme dans un livre ouvert. Mes attentes, mes envies, il les connaît sur le bout des doigts. Je suis transparente avec cet homme. Cinq longues années qu'il veille sur moi, que je lui confie mes états d'âme. Il était présent dans ma vie quand je m'enfonçais dans l'obscurité d'un monde rongé par le remords. Loris m'a sorti la tête de l'eau quand mes proches ne savaient plus comment m'approcher et de quelle manière me parler.

Je ne veux pas perdre ce que nous avons pour du sexe.

— Je vais passer chez mes parents. Il est tard, Gabin doit dormir, mais j'ai besoin de voir sa bouille.

— Je comprends.

Je m'écarte de Loris et prétexte une envie pressante pour quitter la pièce. Enfermée dans les toilettes, je n'en reviens toujours pas. Je me retrouve le cul entre deux chaises à ne plus savoir comment agir.

Après cinq minutes d'une réflexion confuse, je quitte ma cachette et l'air de rien pénètre dans le salon, vide. Loris n'est plus là. Il a pris soin de débarrasser et s'en est allé. Pas un mot, nada.


          Que pense-t-il ? M'en veut-il ? Ces questions vont-elles tourner en boucle dans mon esprit toute la nuit ? Loris dit souvent que de nous deux, je suis la plus réfléchie... la pragmatique. Des moments tels que celui-ci me font douter de la véracité de ses dires.

Dans mon lit, préalablement tiédi par une couverture chauffante de vieille fille seule aux pieds froids, je cogite. L'épuisement fait son boulot. Aux alentours de trois heures du matin, je m'endors d'un sommeil de plomb.

Au petit matin, devant la glace de mon armoire, je frotte la trace de bave séchée au coin de mes lèvres. Pour le glamour, nous repasserons. L'observation minutieuse que je fais de moi-même ne change pas d'un jour à l'autre. Cheveux brouillons et ternes dus au frottement contre l'oreiller. Teint pâle, regard fatigué et gonflé, cernes violets, lèvres gercées, j'accumule les « beauté faux pas ».

Sans attendre, je file sous la douche en pensant qu'il est huit heures, l'heure à laquelle je devrais courir au Bois de Boulogne avec Loris, qui depuis la veille n'a donné aucune nouvelle. Je considère que notre jogging est annulé. À quoi je m'attendais ? Non, mais sérieusement ?

Sous le jet d'eau chaude, je me nettoie de mes impuretés et peut-être aussi de mes péchés. Shampoing à la douce odeur de lait coco, après-shampoing de la même gamme, masque réparateur à base d'huile de ricin et gel douche hypoallergénique pour une peau fragile atopique. Le temps que le masque pose, je me munis d'un gant de crin que je balade sur mon corps. Sexy, la séquence douche, non ? Je ressors de la cabine polie comme un sou neuf et parfumée comme la douce rosée du matin.

L'amour est un dessert qui se mange à deux (SCE HARPERCOLLINS)Where stories live. Discover now