♫ CHAPITRE 7 ♪

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          Week-end terminé.

Mercredi, à sept heures trente, je prends le métro, ligne 1, pour me rendre au travail. Comme souvent à cette heure-ci, la rame est peu remplie. L'afflux dans les stations ne commence que vers huit heures pour se poursuivre jusqu'à dix heures, l'horreur. En sortant du métro, je m'arrête au kiosque pour acheter une revue mensuelle, Cosmopolitain, que je ne raterai pour rien au monde : les habitudes ont la vie dure.

Aux alentours de sept heures cinquante-cinq, je me présente sur mon lieu de travail. Le rideau métallique est levé. Certains de mes collègues, essentiellement des pâtissiers et des commis, se changent dans les vestiaires. Les casiers claquent, la pièce aux tons chauds se vide.

Assise sur un banc, le stress me gagne. Comment me comporter avec Loris ? Allons-nous faire comme si de rien n'était ? 

La réponse ne se fait pas attendre.

— Bonjour Lila.

— Bonjour.

Bonjour les non-dits !

Je range mes affaires dans mon sac que je place dans mon casier. Je vérifie que les boutons de ma chemise blanche sont fermés et enfile le tablier noir, aux bordures couleur or, estampillé Maison Dorée.

— Comment vas-tu ?

— Bien et toi ? demandé-je peu sûre de moi.

Ton divorce, ça avance ? Non, pas le moment.

— Ça va, merci.

J'acquiesce en prenant soin de me détourner du regard qu'il pose sur moi.

Allez, je peux lui tendre une perche. Peut-être l'attrapera-t-il.

— Tu as essayé de m'appeler, hier ?

— Oui, mais Gabin avait besoin de moi alors j'ai dû raccrocher.

Il regarde ailleurs. Alerte : MENSONGE.

— OK.

— Tu as passé un bon week-end ?

Loris enfile sa veste de cuisine. Il fourre ses affaires dans son casier et le referme. Le cliquetis du verrouillage automatique s'enclenche.

— Oui, rien de fou. Un week-end cocooning et la visite d'un ami.

Moi, transformer la réalité ? Un ami, une amie... du pareil au même.

— Un ami ? Ami au masculin ?

J'acquiesce.

— Tant mieux.

Il esquisse un sourire qui se rapproche de la grimace.

Et ton divorce ?... Toujours pas le moment.

OK. Nous en sommes là.

Debout l'un devant l'autre, nous nous observons comme deux imbéciles. Il ne parlera pas et je ne lui sortirai pas les vers du nez. S'il n'a pas l'honnêteté d'être transparent avec moi, alors j'en déduis que je n'ai pas à ses yeux autant d'importance que je le croyais.

— La cadence infernale des commandes reprend. Aujourd'hui, nous attendons un car de visiteurs anglais pour un cours de pâtisserie.

La galère. Depuis quatre mois, la Maison Dorée met en place des visites et des ateliers dans chacune de ses boutiques. La nôtre, dans laquelle Loris passe le plus clair de son temps, est devenue une véritable attraction, à tel point que la direction a renforcé l'effectif en engageant deux nouveaux CDI.

L'amour est un dessert qui se mange à deux (SCE HARPERCOLLINS)Where stories live. Discover now