♫ CHAPITRE 9 ♫

2.2K 388 60
                                    

— Laisse-moi t'aider.

Loris m'installe sur le canapé et prend le contrôle de la cuisine. Il revient, pose sur la table les médicaments que nous avons été cherchés à la pharmacie et repart en direction des fourneaux.

— Je te prépare un dîner léger et je file chercher Gabin chez les parents de Cléo.

— Je vais me débrouiller.

— Lilou, ne discute pas !

D'habitude, Lilou, surnom affectueux ne me déplaît pas. Bizarrement, en cette fin de journée, je ne le supporte plus surtout dans la bouche de Loris. La connotation enfantine me frappe. Lilou, la petite chose fragile que les hommes ont envie de protéger pas de câliner.

        Le téléviseur allumé, j'essaie de retrouver une certaine sérénité, d'oublier le martyre que me fait vivre mon épaule. Les minutes défilent et la souffrance s'amplifie. La chute n'a rien arrangé.

Mille et une choses me passent par la tête. Pourquoi ai-je l'impression de me retrouver à un moment charnière de ma vie ? Ai-je la rage de savoir que Loris donne une seconde chance à Cléo, alors que jamais il n'a daigné m'en offrir ne serait-ce qu'une seule. La jalousie me dévore à petit feu. Loris m'attire, c'est indéniable. Je ne l'attire pas... Cette blessante vérité est incontestable.

Je suis une cocotte minute sur le point d'exploser.

Je me surprends par tant de jalousie et de bêtise. Loris ne m'a rien promis si ce n'est de toujours être mon ami. Peut-être qu'une relation entre nous autre que de l'amitié ne lui a jamais traversé l'esprit et que notre baiser n'était qu'un moment d'égarement.

Face à cette conclusion, mon cœur s'emballe méchamment. Je m'assieds sur le canapé, attrape la bouteille sur la table basse et me désaltère en espérant digérer cette bouillie indigeste qu'est ma vie ces derniers temps. Pour se faire, je me focalise sur le docteur Prévost. Visualiser son visage amène me détend.

— Pour la plus belle.

Le revoilà, lui.

— Arrête.

Loris pose le ramequin de gâteaux apéritifs.

— Arrêter quoi ?

Cocotte : explosion imminente. L'air stupéfait qu'affiche Loris me fait sortir de mes gonds.

— Cesse de faire semblant !

Je me lève soudainement.

— Crevons l'abcès une bonne fois pour toutes !

— Tu as besoin de te reposer. Nous en reparlerons plus tard.

— Non ! Non ! Parlons-en maintenant ! Arrête avec cette passivité agaçante.

Les poings serrés posés sur les hanches, il se cambre. Loris ne peut plus éviter l'inévitable. Nous ne sommes plus des gosses, il est temps de se parler à cœur ouvert.

— Notre amitié compte énormément à mes yeux. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais ton comportement me fait mal. La distance que tu nous imposes, ton ignorance...

— Je ne t'ignore pas. Preuve en est, je suis auprès de toi.

— Je te l'accorde, je n'ai pas choisi les bons mots, mais...

Il m'interrompt d'un signe de la main puis se rétracte.

— Voyons, parle ! Tu ne peux pas toujours fuir la confrontation.

— J'ai un plat sur le feu.

Il quitte le salon pour se rendre encore une fois dans la cuisine d'où émane une délicieuse odeur épicée. Il me tourne le dos, rentre dans sa coquille pour ne plus en sortir.

L'amour est un dessert qui se mange à deux (SCE HARPERCOLLINS)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora