♪ CHAPITRE 8 ♪

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— Ouvrez doucement les yeux. Votre crâne a-t-il heurté le sol ?

— Non, chuchoté-je d'une voix sans timbre.

— Je vais vous aider. Prenez appui sur moi.

Je souffle pour me donner du courage. L'homme passe mon bras indemne autour de ses solides épaules.

— Vous avez mal quelque part ?

— Au bras. Le gauche.

Le fleuriste et un passant ramassent mon sac et mon portable sur le trottoir.

— Très bien. Pouvez-vous essayer de vous lever ?

J'opine sensiblement.

— À trois, nous nous relèverons.

Son regard cherche le mien, hagard.

— Un, deux, trois.

Avec son aide, je me retrouve debout sur deux jambes tremblantes.

— Je suis médecin. Nous allons doucement traverser la route pour nous rendre à mon cabinet.

— Une chance que vous passiez par là, docteur Prévost !

Tandis que la fleuriste tend mon sac à ce charmant jeune homme, je récupère mon portable. La curiosité autour de l'attraction du moment finit par retomber et lentement, pas par pas, appuyée sur celui qui se désigne comme médecin, je m'engage sur le passage piéton. 

Après quelques mètres, nous pénétrons dans un immeuble de standing.

À notre vision, l'agent de sécurité se précipite pour ouvrir une porte en verre.

— Merci Grégoire.

— Vous avez besoin d'aide, monsieur Prévost ?

— Pouvez-vous prendre mes clés dans la poche de ma veste et ouvrir la porte de mon cabinet, s'il vous plaît ?

L'homme, grand et costaud, s'exécute. Un détecteur de mouvement s'active, l'éclairage s'allume dans le hall. Grégoire rend ses clés au médecin et ferme la porte derrière nous. J'avance lentement dans le cabinet qui est un appartement réaménagé. 

Chaque pas dans le vestibule me paraît être le pas de trop.

Une dernière porte est poussée. Enfin, je vois le bout de cette marche forcée quand je me retrouve à difficilement me coucher sur le divan d'examen.

— Voilà... Doucement.

Il m'aide à retirer mon manteau qu'il pose sur un meuble.

Éblouie par la lumière du plafonnier qui me semble aveuglante, je ferme les yeux.

— Je vais vous examiner. 

J'ouvre les yeux et me redresse doucement. En retirant ma ceinture, qui me fait affreusement mal, je remarque des traces de sang sur le drap en ouate d'examen blanc.

— Vous n'avez pas fait semblant.

Sa voix se fait lointaine, il s'éloigne. Je secoue la tête puis observe les lieux. Il réapparaît sans sa veste, son stéthoscope autour du cou.

L'homme, approximativement la petite trentaine, se lave les mains, les essuie et s'approche. Il cale mon menton qu'il lève entre son pouce et son index replié.

— Regardez-moi.

Oh que oui ! 

Des yeux clairs, une barbe naissante, des taches de rousseur légèrement visibles sur les pommettes, cet homme a une bouille à bisous.

L'amour est un dessert qui se mange à deux (SCE HARPERCOLLINS)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora