☾Partie 2/3

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Une demande d'emploi pour moi ? C'était tout bonnement impossible, inimaginable, inenvisageable, infaisable, irréalisable, impensable, absurde, impossible ! Je n'avais même pas fait l'effort de chercher un emploi car je savais que personne ne me prendrait dans un si court délai. Alors quand madame Rossignol me dit ça, j'en restai bouche bée. Qui avait bien pu écrire alors que je n'avais rien posté ? Je tentai vainement de contrôler les tremblements de mes bras, mais les gestes agités de mes mains ne me facilitaient pas la tâche. 

« - Ne fais pas cette tête, Jo, je suis extrêmement fière de toi ! Te lancer dans l'informatique, quelle bonne idée !

-  L'in-l'informatique ?!

-  Ne fais pas l'innocente, on dirait que tu n'as jamais envoyé de lettre à Burapo.

- Burapo ?

- Burapo, la marque de l'usine informatique. Oh, je suis vraiment contente pour toi, Jo ! Surtout que tes résultats scolaires sont excellents, ça va te servir.

- Euh...merci. Mais est-ce que je pourrai voir ce fameux mail, s'il vous plaît ?

- Mais bien sûr ! Viens avec moi. »

Franchement, je ne savais pas si madame Rossignol me faisait une mauvaise blague, mais je commençais sérieusement à avoir des soupçons sur l'origine de cette lettre. Qui pouvait bien m'avoir écrit ?
Faisant tourner ma cervelle à 150 km/h, je suivis madame Rossignol à travers le couloir pastel, sur lequel étaient accrochés les portraits des directeurs ayant dirigé cet orphelinat.
Les visages peints semblaient me fixer de leurs yeux sans émotion. Du premier responsable de cet orphelinat à madame Rossignol, leurs traits sévères, peints sur la toile, me firent baisser les yeux pour contempler la moquette au sol.

Bizarrement, madame Rossignol avait l'air très contente pour moi. Elle trottinait presque et chantonnait silencieusement « Vraiment magnifique, quelle chance ! ».
Pour une personne qui m'avait détesté toute ma vie, je la trouvais vraiment très joyeuse...

Arrivée à ce bureau, elle sauta sur son siège et tapa frénétiquement sur son vieil ordinateur, la bouche à demi ouverte et les yeux arrondis. Ses lunettes tombaient sur le bout de son nez, mais elle ne semblait même pas l'avoir remarqué.

« - Ah voilà, lança-t-elle d'un ton fier, je l'ai trouvé, viens voir Jo. »

Sans me faire prier, je la bousculai presque de son siège pour avoir les yeux en face de l'écran et commençai à lire ce fameux mail.

« Chère Jo Beveridge, nous avons bien reçu votre demande d'emploi pour l'usine d'informatique Burapo, et nous vous annonçons que nous vous acceptons et sommes prêts à vous accueillir dès le 3 décembre pour commencer votre travail. Afin de vous rencontrer, nous vous proposons de nous voir à 16h30, rue du Haut chêne, dans votre village, vous évitant d'aller trop loin, lors du départ de votre orphelinat. Je tiendrai à ce que vous soyez à l'heure afin de tout de suite pouvoir vous amener à votre nouvelle demeure (qui ne vous sera pas payante) et qui se trouve à quelques heures de là.

Toutes mes félicitations pour votre admission,

Pr. McKin »

Après avoir lu et relu le mail, je ne pus que chuchoter :

« - Mais c'est impossible .. !

- A croire que si, n'est ce pas magnifique ?

- Si, si...

- Ah, je suis vraiment contente pour toi ! »

A ce moment là, ma seule envie fut de l'étrangler sur place. Était-elle si inculte que ça pour croire que j'avais fait une demande d'emploi pour une usine d'informatique ? Moi qui avait toujours été intéressée par le journalisme ?

Sur une autre planèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant