☾Partie 1/4

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Ça y est, j'étais arrivée à mon lieu de rendez-vous, et avec quelques minutes d'avance. Les carreaux de l'allée étaient tapissés de neige, qui luisait sous les rayons du soleil.
Au milieu se trouvait un banc, abrité par un saule pleureur. La couleur verte de ses feuilles avait laissé place à la blancheur de la neige. En attendant mon employeur, je m'assis sur ce banc mouillé, et me morfondis avec impatience.

Au bout de quelques minutes à attendre dans le froid, je vis venir vers moi un amas de gardes du corps en costard cravate et portant des lunettes de soleil noires. Au milieu de toutes ces personnes à la carrure imposante, se trouvait un homme qui paraissait avoir une quarantaine d'années, petit et frêle. On aurait dit que le seul fait de lui donner un coup de pied dans le tibia l'anéantirait pour le restant de ses jours. Le seul côté qui pouvait lui donner un petit air caïd était la cicatrice qui lui barrait la joue gauche, allant de son œil au milieu de sa joue. Ses cheveux et sa barbe étaient d'un blanc immaculé et sa peau était légèrement bronzée.

Ils se rapprochaient dangereusement de moi, et je sentis rapidement mon cœur s'emballer. Peu habituée au monde extérieur, ce nombre de personnes venant pas à pas vers moi me rendait plus nerveuse qu'autre chose. Comment doit-on aborder quelqu'un, dans la rue ? Devrais-je partir en courant, là maintenant ? Trop effrayée pour bouger un simple doigt de pied, je restai alors assise, les fesses bien ancrées sur le banc glacé. A l'apparence calme et indifférente, je bouillonnai intérieurement de peur.

Leurs larges corps me cachaient maintenant toute la vue. Aucun doute, ils étaient là pour moi.

"- Êtes-vous bien Jo Beveridge ?

- Oui, c'est bien moi.

- Nous sommes de l'usine d'informatique Burapo. "

A ces mots, mon cerveau se mit à tourner dans tous les sens possibles. Pourquoi tant de monde et de protection pour un entretien d'embauche ? Pourtant, je ne dis rien, trop angoissée pour faire autre chose que hocher la tête.

La voix froide et sèche de l'homme de quarante ans, caché derrière les gardes, me fit sursauter. Il fit claquer ses doigts deux fois, et les hommes dégagèrent le passage pour le laisser passer. Me regardant bien en face avec ses petits yeux verts et perçants, il me dit :

"- En vérité, ne cherchons pas à s'inventer des histoires. Vous pouvez faire une croix sur cette soi-disant usine. Nous venons pour une tout autre chose.

"- Comment ça ? Vous comptez me kidnapper sur une autre planète, peut-être ?"

- Te kidnapper, non. T'emmener sur une autre planète, oui. "

Je ris nerveusement à cette réponse des plus improbables mais en voyant leur expression si sérieuse, je commençais à penser que ce n'était peut être pas une blague. Sans même essayer de prendre le temps de comprendre, je me levai impulsivement, mais je n'eus pas le temps de faire deux pas, que les gardes du corps formèrent un mur autour de moi, me compressant entre leurs uniformes. Effrayée, je criai :

" - Poussez-vous, laissez-moi passer ! "

La voix du petit homme me fit à nouveau sursauter :

" - Pas avant de m'avoir écouté, mademoiselle Beveridge ! Et de toute façon, où voudriez-vous aller ? Vous n'avez plus aucun endroit où vous réfugier..."

A ses mots, je me liquéfiai sur place. Comment savait-il ? Un nouveau claquement de doigts de l'homme et les gardes s'éloignèrent de moi. Ne pouvant rien faire, j'attendis qu'il parle et m'apprêtai à partir juste après :

" - Tout d'abord, sache que ce que tu vas entendre devra rester secret. En vérité, mes hommes et moi ne venons pas de la planète Terre.

- Oh oui, Neptune est sûrement plus confortable ! lançai-je, sarcastique.

- Neptune est une planète gazeuse, personne ne peut y habiter. Nous venons de Vivia.

- Vivia ? Mais cette planète n'existe pas !

- Comment peux-tu le prouver ? Elle se trouve en dehors de la Voie Lactée."

A ses mots, je ne pus me retenir de lancer un petit rire. Personne n'est jamais sorti de la galaxie. Cette histoire est totalement improbable.

Soudain, je me rendis compte que mes pensées avaient franchi mes lèvres:

"- Comment peux-tu le savoir, vu que personne n'a jamais voyagé plus loin?"

Toutes ces informations dansaient dans ma tête, mais la vue de tous ces hommes autour de moi me donnait en plus le tournis. Tout était tellement incompréhensible dans leurs propos !

" - Tout ça doit vous paraître complexe, mais vous en apprendrez plus si vous nous suivez. »

Alors que j'étais restée sur place jusqu'à maintenant, complètement pétrifiée, la simple idée de partir avec ces personnes louches me fit l'effet d'un électrochoc. Je pris mes bagages avec empressement et leur répondis, avant de partir:

« - Vous pensez vraiment que je vais vous suivre sans aucune autre explication ? C'est comme user de la naïveté d'un enfant en lui offrant un bonbon. Malheureusement, je suis assez vieille maintenant pour ne plus me faire avoir par des inconnus. Maintenant, laissez-moi partir, je dois chercher un travail. "

J'allais partir, fière de moi, quand j'entendis l'homme derrière moi :

"- Alfred, veux-tu bien aider cette jeune demoiselle à nous accompagner jusqu'à chez nous ?

- Oui, monsieur. "

A présent, des sueurs froides coulaient le long de mon dos. Avais-je bien entendu ? En me retournant, je vis trois hommes s'approcher dangereusement de moi. Prise de panique, je laissai tomber mes affaires et tentai de prendre la fuite, lorsque je fus rattrapée et embarquée par une armoire à glace. Je me débattis de toutes mes forces et lui griffai le visage mais apparemment, il n'avait pas l'intention de me lâcher.

Je me mis alors à hurler à m'en casser la voix, tétanisée, espérant alerter quelqu'un aux alentours.

"- Personne ne viendra te venir en aide, alors cesse d'user tes cordes vocales pour ça."

Apeurée, je me laissai conduire vers ce qui semblait être un vaisseau, solidement maintenue par deux gardes stoïques qui ne lâchèrent même pas un soupir. Je perdais espoir de m'en sortir. A présent, la seule chose que je pouvais faire était d'hurler à la mort.
Malheureusement, ça ne changerait absolument rien au fait que je me faisais enlever par une bande de fous furieux. Derrière moi, je vis que deux autres gardes s'occupaient de mes bagages, qu'ils portaient sans effort apparent.
Mais d'ailleurs, pourquoi emporter mes affaires ? Pourquoi m'enlever, d'ailleurs? Une centaine de questions se bousculaient encore dans ma tête.

Air monotone, ton monotone, marche monotone... Ces gens ne laissaient rien paraître. J'étais presque sûre que j'entendrai le rire sadique d'un méchant nazi comme dans les films américains, mais encore une fois, je n'eus pas cette satisfaction.

A présent, je devais sûrement être dans le soit disant vaisseau. Mais bizarrement, cela ne me fit rien. Maintenant, j'étais peut-être terrifiée, mais je n'étais plus impressionnée par quoi que ce soit. Pourtant, j'essayais avec le plus grand mal de croire que ceci n'était pas la vérité. J'allais me réveiller.

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Sur une autre planèteWhere stories live. Discover now