☾Partie 3/3

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"- Nous sommes arrivés."

Je relevais les yeux vers la fenêtre côté passager. Une légère brise se glissait par la vitre ouverte qui me fit frissonner.

Le professeur McKin était resté silencieux, conduisant calmement. Enfin, calmement était mal choisi pour exprimer sa conduite. Il semblait décontracté, mais l'aiguille du compteur de vitesse n'était pas descendue en dessous de 150 kilomètres avant l'arrêt complet de la voiture, qui ressemblait à un tank aux roues hautes d'un bon mètre et aussi larges qu'un bureau. Vous l'aurez compris, son véhicule avait l'allure d'un éléphant. Malheureusement, il n'était pas le seul. Sur cette planète, tout le monde semblait rouler aussi vite. Normalement, je raffole des courses de karting, mais mon état physique actuel ne m'avait pas permis d'apprécier la balade...

Je sortais de la voiture, encore fébrile. En plus de mon regard toujours fixé sur le tableau de bord, j'avais en vain essayé de comprendre le sens de la phrase de Théra, l'infirmière. Mais sans succès. Au bout d'un moment, j'avais fini par renoncer, ce ne devait qu'être des mots en l'air pour paraître intéressée.

"- Voici ton nouveau chez-toi !"

Je levais les yeux vers la direction que me montrait le professeur McKin, et fus éblouie par le soleil. J'avais fini par m'en rendre compte, l'éclat du soleil est beaucoup plus fort sur Vivia que su Terre et il n'y avait pas de saisons. En tout cas pas comme sur Terre, où il faisait actuellement 0°C en Ecosse... Après plusieurs secondes, le Soleil laissa place au bâtiment que me montrait le professeur McKin, et je me dis que finalement, le soleil n'était pas si mal.

Plus miteux, il n'y avait pas. La bâtisse positionnée devant moi était entièrement noire et lugubre. D'immenses trous remplaçaient l'espace vert, sûrement dus aux bombardements. Un mur était complètement effondré, et le reste tenait avec plus ou moins de mal. Des tours pointues soutenaient la façade branlante et de nombreuses fissures parcouraient la paroi. Même si l'ambiance n'est pas la même qu'à l'orphelinat, j'eus l'impression d'y être retournée. J'allais à nouveau devoir sociabiliser pour trouver ma place, alors que je pensais que cette étape de ma vie était terminée. La vie est un éternel recommencement...

Je ne savais pas à quoi je m'attendais en venant ici, mais j'eus la sensation d'être extrêmement déçue et je me trouvais surtout idiote. Changer de planète n'allait pas changer tous mes problèmes, et je m'en rendais enfin compte. 

"- Normalement, la façade n'est pas noire, mais avec la cendre et la poussière accumulées... C'est ici que tu vas vivre les prochains mois, pour t'entraîner à te battre. C'est vrai que ça n'en a pas l'air, comme ça, mais je suis sûr que tu ne voudras plus partir d'ici dans quelques semaines. Je vais te montrer l'intérieur et les personnes qui s'occuperont de toi."

Je l'écoutais d'une oreille distraite, toujours obnubilée pas la mocheté (oui, on peut le dire) qui se trouvait devant moi. Mais, sans en avoir le choix, je suivis le professeur vers le portail coulissant, qui démarquait l'entrée du bâtiment.

Arrivée dans le hall, je fus assez surprise. L'extérieur était assez miteux, mais l'intérieur avait été très bien aménagé. Bien sûr, il y avait encore cette ambiance sombre, avec des murs tout aussi noirs. Mes pieds déambulaient sur un tapis bleu foncé et de nombreux tableaux parsemaient les murs. En regardant de plus près, je pus voir que les photos encadrées représentaient chacune la bâtisse, à chaque nouvelle année. La première année représentée montait à 1803, et je me rendis compte que la photo était en couleur. Ils avaient donc trouvé la colorisation avant nous... Au plus loin que je pus voir, la dernière photographie avait été prise il y a six mois, mais cette photo était en mouvement, ce qui n'existait pas encore sur Terre.

Sur une autre planèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant