☾Partie 1/3

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La cuvette blanche des toilettes se rapprocha de moi, et je laissai tout mon stress rejaillir des eaux souterraines. Non. J'avais dit non. Je ne retournais pas sur Terre. Cette idée me fit tressaillir, et je plaçais à nouveau ma tête au bord des WC. Des sueurs froides coulaient le long de mon dos, accompagnées par mes larmes, qui roulaient silencieusement sur mes joues chaudes. Mon estomac se tournait encore et encore, en essayant de trouver une sortie. Ma respiration était saccadée et forte, et apparemment, c'était la seule à l'être. Moi, j'étais loin d'être forte. Je n'arrivais pas à trouver une solution à toute cette histoire entremêlée, et j'étais terrifiée à l'idée de ne plus savoir où j'étais. Depuis mon réveil, je n'avais plus ce poids qui m'oppressait les poumons, mais j'en avais un nouveau qui me tailladait le cœur. Et celui-ci était bien plus lourd à supporter.

Au bout de trois minutes d'angoisse intense, j'avais enfin daigné répondre au petit homme, qui était en fait le professeur McKin. A ma réponse, il n'avait pas bronché et avait compris ma détresse. Sans commentaire, il m'avait ouvert la porte, indiqué la direction des toilettes et j'étais sortie en trombes. Ma vision était trouble, à cause des vitres de larmes qui s'étaient placées devant mes yeux. J'avais chancelé jusqu'à la porte, l'avais ouverte, et étais tombée par terre, devant cette cuvette. Sous le choc du sol froid contre ma peau, je m'étais mise à pleurer encore et encore, et mon estomac avait crié détresse. Sans vraiment pouvoir me braquer face à ses ordres, je l'avais laissé commander. Je lui avais ouvert mes portes, et il a fait ce qu'il voulait.

J'étais en piteux état, hideuse et morte de l'intérieur. J'étais une fille faible. J'avais perdu tout ce à quoi je m'étais accrochée, et j'eus l'impression de me débattre dans l'espace. J'étais à la recherche d'un point d'appui, qui m'éviterait d'être emmenée dans un trou noir. Malheureusement, il n'y en avait pas, et la tornade m'emportait petit à petit vers un endroit effrayant et inconnu. Je sentais ma force et mon courage être emportés, alors qu'ils ne m'avaient encore jamais abandonnée. Pour ce combat, ils m'avaient laissés seule, et j'en étais tétanisée.

Journal

J'ai réussi, je l'ai enfin trouvée. Toutes ces années de réflexion avant d'y aboutir... Mes mains tremblent tellement l'instant est fort. Mais cette joie cache une peine, encore plus forte que ma saute d'humeur. Je ne peux partager cette joie avec personne, car je suis le seul concerné. Je suis le seul à connaître la raison de cette joie, mais je suis aussi le seul à connaitre cette tristesse. Celle qui me ronge chaque jour, et que je tente de cacher, d'oublier. Mais les années ont passé, les évènements aussi, et la page n'est toujours pas tournée.

Je lui ai dit qui j'étais, elle sait que je suis le professeur McKin. Mais ce qu'elle ignore, c'est qui je suis vraiment. Maintenant, je vais pouvoir lui parler et tout lui expliquer. Elle est encore trop sous le choc, mais elle comprendra. Elle comprendra car je la connais, bien mieux qu'elle ne le pense.
Pr. McKin

***


"Atterrissage du vaisseau L512, atterrissage du vaisseau L512 !"

La voix stridente du haut-parleur me réveilla en sursaut. Mes yeux durent s'accommoder à la pénombre, avant que je ne puisse voir où je me trouvais. J'étais sur un banc, au milieu d'une pièce tout aussi petite et fermée que la précédente. Ma bouche était pâteuse, mes oreilles bourdonnaient et mon estomac, qui s'était calmé, était vide et criait maintenant famine. On toqua à la porte en métal et le professeur McKin entra en trombes dans la pièce:

"- Mlle Beveridge, nous atterrissons sur Vivia dans exactement trois minutes et trente-deux secondes. Veux-tu bien me suivre pour que tu sois en sécurité lors de l'atterrissage ? Le vaisseau risque de bouger un peu quand il touchera le sol."

Je ne lui répondis pas, mais me levais et le suivis, silencieuse. Alors ce n'était toujours pas un rêve. J'avais réellement quitté la Terre pour arriver sur Vivia, et j'allais combattre pour cette planète.

"- Au bout d'un bon quart d'heures, tu t'es endormie dans les toilettes, alors je t'ai ramenée ici et tu as dormi trois bonnes heures."

Je ne dis rien, mais ma tête bourdonnait. Il m'avait vue, aussi pitoyable que j'étais. Je n'osais pas lui demander de détails, et je le suivis à travers les couloirs sombres.

Les trois minutes et trente-deux secondes passèrent vite. Trop vite. Mes cinq sens étaient en arrêt. Je voyais les gardes du corps s'activer à se mettre autour du professeur McKin et moi, mais je ne les entendais pas. Soudain, de la lumière apparut à travers la porte de sortie. Celle-ci s'abaissait lentement, et laissait apercevoir derrière elle une multitude de personnes. Les habitants de Vivia étaient tous agglutinés devant le vaisseau, et leurs mains se levèrent quand la porte tapa le sol.

L'ouïe me revint violemment, et j'eus l'impression de revivre. Comme si on m'avait sortie de l'eau avant que je ne me noie. De l'air entra à nouveau dans mes poumons, mon cerveau fut à nouveau irrigué, et j'entendis les acclamations fuser. En regardant autours de moi, je vis d'autres terriens, arrivés eux aussi sur cette planète inconnue. Le professeur McKin ne m'avait pas menti, ici, nous étions vus comme des sauveurs.

Des gens pleuraient, d'autres riaient, d'autres encore s'étreignaient violemment. Mais derrière toute cette huée, régnait une ambiance et un paysage sombres, tristes et sans vie. Le sol n'était pas vert, mais marron, et il n'y avait pas un carré de verdure. Les maisons aux alentours étaient pour la plupart démolies et brûlées, et il n'y avait aucune autre espèce vivante, mis à part les hommes. Au milieu de ce paysage si triste, la réaction si joyeuse des habitants contrastait beaucoup trop. Nous n'avions encore rien fait, mais savoir que nous étions enfin là les soulageaient déjà beaucoup. Leurs yeux, larmoyants nous envoyaient leur reconnaissance. Cette peur, qui était présente parmi eux depuis plusieurs années, s'était déjà atténuée dans leurs cœurs.

La voix du professeur me fit sursauter:

"- Je te l'avais dit. Sur Terre, tu n'as aucune importance, ici, tu es unique. Tu es leur sauveuse, celle qui va tout résoudre. Celle qui va les sortir de cet enfer permanent. Ne les déçois pas. Attrape la main qu'ils te tendent et fais-en bon usage. Toute cette population compte sur toi et moi aussi. Et n'oublie pas, tu as fait le bon choix."

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