Chapitre 3 : Olenka

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Olenka l'avait appréhendée, cette rentrée. Elle n'avait pas vu grand-monde pendant les vacances, si ce n'était sa meilleure amie Zoé. Mais cette année, Zoé allait souvent être avec son amoureuse, Anna. Olenka se condamnait donc à une année de solitude. Il était hors de question qu'elle retourne dans le cercle de Lili, qui incluait malheureusement ses autres amies Farah et Anna. Tant pis. J'ai pas besoin d'être avec des gens pour avancer. Olenka s'était toujours répétée ce mantra et l'avait toujours suivi, même si elle n'était pas sûre qu'actuellement, elle était réellement en état d'avancer seule.

La première matinée avait été plutôt banale. Finalement, elle était beaucoup restée avec Zoé. Le midi, elles décidèrent de manger ensemble, et la blonde fut ravie de voir qu'elle ne passait pas « après » sa petite amie Anna. Elles se rendirent donc à la cantine en se racontant leurs vacances.

Olenka grimaça en voyant des frites dégoulinantes de graisse accompagnées d'un poulet. Suite à quelques reportages traumatisants sur ce qu'il se passait dans les abattoirs, elle était devenue végétarienne et la vue de la viande la dégoûtait. Celle des frites aussi, bien que pour une autre raison. Alors elle prit simplement une assiette d'haricots, et une pomme en dessert. Son estomac gargouillait un peu mais Olenka se devait reprendre un mode de vie sain. Cet été, le fait de rester chez elle sans faire grand-chose l'avait amené à faire quelques craquages qu'elle regrettait amèrement. Elle se trouvait faible de se réfugier dans la nourriture.

« Tu ne vas manger que ça ? s'étonna Zoé, un peu mal à l'aise.
- Ouais, répondit évasivement Olenka. J'ai pas très faim.
- Tu as contacté quelques agences de mannequinat cet été ? hésita Zoé, qui paraissait perdue comme à chaque fois qu'elle voyait Olenka restreindre un peu plus sa nourriture.
- J'ai passé quelques castings, expliqua Olenka en gardant le regard vissé sur ses haricots, la boule au ventre. Mais... Bon, ils m'ont dit que j'étais trop grosse. »

Olenka ne s'était jamais faite cette réflexion et les remarques piquantes des casteurs lui laissaient un goût amer en bouche. Elle qui s'était toujours trouvée trop maigre et longiligne se faisait désormais rejetée parce qu'elle faisait du 36. Elle ne voulut pas montrer sa peine à Zoé et afficha donc un sourire contrit. Une part d'elle avait eu cruellement besoin d'approbation cet été, et elle avait eu envie de se réfugier dans le mannequinat. Elle avait tant perdu confiance en son physique depuis sa rupture avec Matth. Et, finalement, cette expérience n'avait fait que l'achever.

« C'est une blague ! s'écria Zoé en la tirant de sa torpeur. Quelle bande de connards ! Ne me dis pas que tu vas commencer à suivre un régime pour rentrer dans ces codes de merde.
- Non, bien sûr que non. Je pense juste à ma santé. »

À l'instant même où elle prononça ces mots, elle remarqua un visage jadis familier assis quelques tables derrière la leur. Matth... Elle ne l'avait pas vu de l'été et s'était efforcée de l'éviter sur les réseaux pour mieux l'oublier. Mais le revoir lui procurait toujours ce petit pincement au cœur. Il n'avait pas changé, et il était malheureusement toujours aussi beau. Olenka sentit son cœur redoubler de battements et elle reposa ses couverts. Matth la transperçait du regard.

Comme d'habitude, sa table d'amis était pleine. Olenka remarqua qu'il était assis à côté de la même blonde avec laquelle il traînait souvent - elle s'en voulut de remarquer ce détail. Cette blonde qui lui ressemblait mais qui elle, devait sûrement passer dans un 34. Olenka serra les dents et tenta d'ignorer la vague de jalousie grandissante en elle. Elle n'allait pas se le cacher ; depuis que Matth l'avait trompée, elle avait perdu la moindre once de confiance en elle. Olenka avait désormais l'impression de se sentir en concurrence avec tout le monde et elle se détestait pour cela. Elle détestait ce qu'elle était en train de devenir. Elle jalousait les autres parce qu'elle n'était plus bien avec elle-même. Elle qui s'était tant battue pour s'accepter. La confiance en soi était définitivement la chose la plus difficile à acquérir et la plus simple à perdre.

Le ciel était bleuحيث تعيش القصص. اكتشف الآن