Chapitre 30 : Quand la tempête passe

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Thylane le reconnut dès qu'il descendit du bus. Elle n'avait pas attendu trop longtemps, quelque chose comme deux heures. Elle sentit son cœur s'emballer. Qu'est-ce qu'elle s'apprêtait à faire ? Était-elle complètement folle ? Je n'ai jamais prétendu être saine d'esprit.

Elle avait bien étudié les photos que Leila lui avait envoyées. Un grand blond, avec un air nonchalant sur la gueule. Aucun doute, c'était lui. Thylane le regarda passer devant elle, les écouteurs vissés dans les oreilles, ne se doutant pas une seconde de ce qu'il allait se passer.

La brune avait une folle envie de s'enfuir. C'était de la folie pure, ce qu'elle faisait. Mais elle se laissa guider par son instinct. Si elle fuyait cette confrontation, elle ne s'en remettrait jamais, elle le savait. Chacun réglait ses problèmes à sa manière, et elle savait qu'elle avait besoin de ce moment.

Alors Thylane le rattrapa. Il ne l'avait pas remarquée. Elle lui agrippa brutalement le bras.

"Hé, toi !"

Antoine se retourna, et Thylane ressentit un haut-le-cœur. Elle n'allait pas dire qu'elle le reconnaissait, elle était ivre lors de cette soirée. Mais il y avait ce truc familier, cette présence qui la faisait frissonner et la remplissait d'angoisse. Son corps et son esprit n'avaient pas oublié. Mais sauraient-ils pardonner ?

Il retira ses écouteurs.

"T'es qui ? On se connaît ?
- Tu ne me reconnais pas ? parvint à articuler Thylane alors que sa voix restait bloquée dans sa gorge.
- Tu me fais flipper, là. Lâche-moi."

Thylane ne le lâcha pas. C'était le moment, elle le savait. Elle ne pouvait plus reculer. Elle inspira, alors qu'elle menaçait d'imploser.

"Tu m'as violée. L'année dernière, en octobre."

Et son regard changea brutalement. Thylane décrypta la moindre des émotions qui le traversait. L'incompréhension, la peur, la panique. La culpabilité, peut-être.

"Putain... souffla t-il.
- Je dois te parler. Si tu t'enfuies, je te jure que je vais voir les flics et que je te fous en taule, le menaça t-elle, reprenant des forces.
- Calme-toi, ok. C'est bon, on va parler, fit-il en s'efforçant de garder bonne mine mais son teint pâlissait à vue d'œil. Tu... Tu veux qu'on aille chez moi ? J'habite à côté, si tu veux te poser."

Thylane le fixa avec des yeux emplis de dégoût.

"Tu plaisantes, j'espère."

Il baissa la tête. Thylane ferma les yeux pour s'éclaircir les idées et elle commença :

"On bouge pas d'ici. Je veux... J'ai des questions. Tu t'en rappelles ?
- Je vais être honnête, très vaguement... J'étais vraiment très bourré, comme tous mes potes, ils ne s'en rappellent pas. Je... Merde, je suis vraiment, vraiment, désolé. Je... Quand je me suis réveillé, j'espérais que tu ne t'en souviendrais pas, je m'en voulais tellement, je sais pas ce qui m'a pris, j'ai voulu me prouver un truc.
- Et un an plus tard, je fais toujours des cauchemars."

Antoine la regardait avec des grands yeux vides. Pauvre idiot. Elle avait envie de l'enterrer sous terre, mais elle n'était pas venue pour ça, elle le savait. Contrôle-toi.

"Je ne sais même pas quoi dire... Je m'en veux tellement, je suis désolé, déclara t-il. Je suis pas un criminel. Non, merde, je voulais pas dire ça. Mais je sais pas ce qui m'a pris et j'ai conscience du mal que j'ai pu faire.
- Comment ça, tu en as conscience ? souffla Thylane en se rapprochant de lui. Tu fais des cauchemars ? Tu n'acceptes plus les contacts physiques parce qu'ils te rappellent cette violence ? Tu as peur des gens, en permanence, dans la rue, dans le bus ?"

Le ciel était bleuWhere stories live. Discover now