Chapitre 15 : Farah

267 51 37
                                    

Farah avait une petite boule au ventre. Ça commençait à devenir un peu trop récurrent, pour une fille qui avait toujours croqué la vie à pleines dents sans se soucier de rien. Mais il fallait croire que c'était pour la bonne cause. Léo.

Farah ne l'avait pas revu depuis qu'ils s'étaient embrassés à sa soirée samedi. Pour être honnête, ses souvenirs étaient assez flous. Il y avait un trou noir dans sa tête, et puis soudain, la sensation de ses lèvres sur celles de Léo revenait. Elle oubliait les images. Elle n'oublierait jamais ce contact.

Là, dans le bus, allant en cours, elle regrettait amèrement ce qu'il s'était passé. Ou au moins, elle s'en voulait. Elle avait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. Pourtant, sur le coup, Farah avait simplement suivi son cœur et aux côtés de Léo, elle avait eu le sentiment d'avoir trouvé sa place.

Mais Lili l'avait rapidement ramenée à la réalité. Farah se souvenait encore de leur dialogue glaçant.

« Bordel, Farah ! Qu'est-ce qui t'a pris ?! Me dis pas qu'il se passe un truc entre vous.
- Pourquoi pas ? souffla Farah, la tête pleine d'étoiles après ce qu'il venait de se passer. Je l'adore.
- Farah, désolée de ce que je vais dire, mais... C'est une putain de mauvaise idée. La pire que t'aie eue. On connaît tous Léo. Si tu t'attaches, il va te faire du mal. Je veux pas que tu souffres. Men are fucking trash, crois-moi. Tu mérites pas d'avoir le cœur brisé.
- Tu dramatises trop...
- Farah, ne refais plus ça. T'as merdé. »

Était-ce la culpabilité, ce noeud qui lui enserrait le ventre ? Plus de papillons qui s'envolaient. Seule une espèce de panique. Les paroles de Lili tournaient en boucle. Farah avait l'impression d'avoir fait une bêtise.

Je dois parler à Léo. Vite, je dois vite lui parler. Je dois mettre tout à plat. Et puis merde, j'improviserai.

Alors que Farah réfléchissait à une manière d'aborder Léo, une belle blonde s'assit à côté d'elle.

« Olenka, sourit-elle en lui faisant la bise. Ça va ? Je t'ai pas vue partir dimanche, j'ai oublié de t'envoyer un message.
- Ouais, ça va... Non, en fait, ça va pas. Son visage était tiré par un mélange de colère, de tristesse et d'angoisse. Tu devineras jamais. Cette salope de Nathan m'a demandé de lui envoyé des nudes. Du coup, je l'ai envoyé balader. Et là, cette grosse merde m'a insultée en me balançant que tout le monde savait déjà que j'étais une pute à cause des photos de l'année dernière. Je te jure que si je le croise je l'encastre dans un mur. J'en ai marre qu'on me ressorte cette histoire et qu'on me juge. Je m'écraserai plus jamais face à ces hommes qui se pensent supérieurs. Je les déteste, si tu savais. »

Farah écouta ses paroles, un peu secouée. Son cerveau n'était pas prêt à encaisser une autre histoire tirée par les cheveux. Mais comme à son habitude, Farah s'effaça pour son amie et se força à s'intéresser à la situation.

« What the... Je savais que Nathan était un con mais je m'attendais pas à ça. Je comprends pas, il voulait te pécho, à quel moment il s'est dit qu'il allait avancer en t'insultant ?
- Je commence à me dire qu'il n'en avait rien à foutre de moi, en fait. Il voulait juste... Ça. Ça me dégoûte. Ça m'a donnée une prise de conscience sur notre situation et j'en peux plus. Je me suis sentie tellement... Comme un objet. Comme si je lui appartenais dans cette putain de société patriarcale, qu'il avait ce putain de pouvoir de s'imposer a moi. »

Olenka tremblait de colère. Sa voix basse transpirait la haine. Même si elle ne pouvait que l'approuver, Farah tenta d'apaiser la situation avant que la blonde ne commette un meurtre.

« Calme-toi, meuf. Tu sais, Nathan, il est juste con et immature. Je suis sûre qu'il pensait pas à mal, qu'il voyait pas le problème...
- C'est ça qui me tue ! Il croit que tout lui est dû. Mon corps n'appartient qu'à moi. J'en ai marre, j'en ai marre, de ces gros porcs qui nous sifflent, nous oppriment, nous harcèlent. Allez au diable. »

Le ciel était bleuWhere stories live. Discover now