| CHAPITRE 2 |

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Le vol, c'est mal. Et alors ? Qu'est-ce que j'en ai à carrer ?


ANGIE

    Je suis très loin d'être la belle fille idéale. Même si je me maquille, parfois, que je mets des robes, parfois, que je lis des romans à l'eau de rose, parfois, je ne rentre pas réellement dans la catégorie « Féminine et élégante ». Je suis peut-être même tout le contraire. Petite, je préférais largement aller jouer dehors avec un ballon qu'à l'intérieur avec des poupées peinturlurées de stéréotypes, au plus grand damne de ma mère qui aurait aimé avoir une adorable fille avec laquelle jouer à la dînette.

    Mon frère a également du mal à me voir comme une grande sœur étant donné que je ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait d'une fille. Je l'ai même plusieurs fois entendu parler de moi avec ses amis au primaire et il se vantait d'avoir le meilleur coéquipier de football tout en déclarant avec véhémence qu'il n'avait pas de soeur à ceux qui osaient dire le contraire. Peut-être est-ce pour cette raison que je m'entends si bien avec Enoch. De plus, en plus d'être légèrement garçon manqué, j'ai une grosse tendance à la connerie et... aux choses dangereuses. Je suis casse-cou. J'ai dû au moins me casser quatre fois le poignet droit, deux fois le gauche, fouler une dizaine de fois chaque cheville, j'ai même réussi à me casser le petit doigt pendant un tournoi incroyable de bras de fer. Je n'ai jamais su comment je m'étais débrouillée pour faire ça, le mystère reste total...

    À tous ces défauts, selon ma mère, s'ajoutent désormais mes tatouages qui encrent mes deux bras et quelques endroits dispersés sur le haut de mon corps et mes chevilles. Mais ce n'est rien par rapport à mes activités nocturnes qui leur sont inconnues. Si ma mère savait que je passe quelques nuits dans des appartements qui ne m'appartiennent pas pour les alléger gentiment, elle ferait certainement une crise cardiaque et me renierait définitivement si ce n'est pas déjà fait.

    En effet, je fais partie d'un groupe de cambrioleurs très recherché à Génésia.

    Et actuellement, je me retrouve coincée depuis dix minutes, dans une salle vide de la fac avec mon groupe d'acolytes étranges que je ne côtoierais certainement pas si le vol ne nous liait pas. Assise sur le dossier d'une chaise, j'observe Edgar nous engueuler depuis plusieurs minutes. Je sais qu'il nous hurle dessus à cause de ce soir mais à vrai dire, j'ai lâché le fil des insultes depuis un bon bout de temps de sorte que je ne connais pas réellement le motif de sa colère. Nate assis sur une chaise près de moi fixe ce spectacle avec une mine tout aussi déconcertée tandis que Graham fait défiler son fil Facebook, allongé sur le dos sur une table. Autant dire qu'il se fout carrément d'Edgar qui craque complètement.

Je me demande encore comment j'ai réussi à devenir un tant soit peu proches de ces gens qui sont complètement différents les uns des autres. Depuis plus d'un mois, nous cambriolons ensemble des appartements et parfois des supermarchés dans le centre ville pour des motifs plus ou moins différents.

    Tandis que je possède plutôt l'apparence type d'une braqueuse flippante et rebelle, Edgar ressemble à un fils à papa avec son polo Lacoste vert sapin, son chino beige et sa foutue serviette marron. Au départ, je le détestais. Son côté timide m'insupportait un peu mais très vite nous avons tous découvert la face caché du gars avec un manche à balais dans le cul : Edgar est en réalité le pire narcissique de toute la planète, doublée d'une prétention à toute épreuve. Donc, désormais je ne le déteste pas, j'ai juste envie de l'enterrer vivant. C'est tout fait différent. Mais nous ne pouvons pas nous en débarrasser comme ça puisqu'il représente la réflexion même, le cerveau de la troupe. Et comble de l'ironie, il suit une licence de droit, sous le joug de son patriarche blindé aux as.

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant