| CHAPITRE 15 |

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La vie continue et pourtant,
elle s'est arrêtée pour laisser toutes les autres vies débuter et recommencer


ANGIE

    — Un bal masqué, donc...

Dubitative, j'arque un sourcil en considérant les jumeaux d'un regard perplexe alors que Tomás sourit, une sucette dans la bouche et Tobías joue avec son piercing, tous deux assis sur le canapé de la chambre dans laquelle je me suis isolée pour être au calme. Il s'avère que je me trouve en pleines révisions. J'ai la ferme intention de réussir mon année, je ne vais certainement pas laisser Jordi, les meurtres et nos emmerdes détruire ma vie et les études font toujours partie de mes priorités. J'ai conscience que si la police remonte jusqu'à moi, les études seront bien le cadet de mes soucis mais je me suis imposée un objectif normal pour m'obliger à rester ancrée dans ma vie quotidienne d'il y a quelques mois.

Les partiels arrivent plus vite qu'on ne le pense. Dans quelques jours, je vais passer le plus clair de mon temps assise derrière un bureau à gratter du papier. Et j'ai besoin de réviser pour avoir quelque chose à écrire sur ces fichues feuilles.
Faisant tourner mon stylo entre mes doigts, je fais face aux cachottiers qui ont pris la décision sans moi d'accepter une certaine invitation à un bal masqué. Ils sont rentrés comme si de rien n'était dans la chambre, se sont installés sur le canapé et m'ont regardée jusqu'à ce que le poids de leur attention me fasse quitter mes cours des yeux. Ils sont fatigants... qu'est-ce que c'est que cette idée saugrenue encore ? Ce n'est vraiment pas le moment pour ce genre de festivités !

— Qui organise ce truc ?

— Hillary, me répond Tobías en haussant des épaules comme si ça paraissait évident. Mais ça se passe chez Nina, une de ses potes.

— On se demande pourquoi je ne suis pas étonnée... soupiré-je en levant les yeux au ciel. Sérieusement ? Vous pensez que c'est le moment ? Vous voulez aller vous amuser alors que votre psychopathe de cousin veut vous tuer tous les deux ? Qu'est-ce qui ne va pas chez vous, bordel...

— Justement, on trouve que c'est bien d'y aller pour cette raison, fait Tomás ce qui termine de me faire douter sur leur santé mentale.

Je ferme les yeux, légèrement agacée. On reste cloitrés dans ce bar la plupart du temps pour éviter de nous retrouver dans des situations potentiellement dangereuses et eux, veulent boire, danser dans un endroit à l'accès tellement facile que Jordi pourrait rentrer sans que personne ne le voit. D'autant plus qu'il s'agit d'un bal masqué et je suppose que toutes les sortes d'accoutrements sont acceptés si bien que le Colombien peut se mêler à la foule enseveli sous de vrais armes sans que ça ne choque quelqu'un. Je me pince les lèvres. C'est hors de question que j'aille à cette fête... je ne comprends pas ce qu'ils trouvent de bien à ce qu'on s'y rende tous les trois.

— C'est ce que j'ai toujours fait, déclare le tatoué avant de mordre sa sucette.

— De quoi ? Être suicidaire ? Marmonné-je et j'aperçois un léger sourire incurver les lèvres habituellement neutres de Tobías.

Je suis de plus en plus surprise de le voir sourire aussi facilement. Je ne sais pas exactement ce qui l'a longtemps plongé dans une impassibilité faciale et j'ai longtemps pensé qu'il ne voudrait jamais sourire en ma présence mais depuis plusieurs jours, son expression s'éclaire plus aisément. C'est à la fois troublant et apaisant. Je me suis déjà surprise à penser que son sourire était beau.

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Where stories live. Discover now