| CHAPITRE 2 |

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Il faut apprendre à se faire confiance, encore et encore
car subsiste toujours un peu de méfiance


TOBÍAS

    — Je ne rentre définitivement pas là-dedans.

    Angie a les bras croisés sur sa poitrine et tente tant bien que mal de contenir les frissons qui la parcourent. Je ne peux pas savoir réellement s'ils sont dus à la température de la nuit ou à l'endroit dans lequel nous nous trouvons. J'ai beau l'observer du coin de l'œil, elle ne laisse échapper aucun indice sur son état d'esprit du moment mais je suis certain que la cause de sa mauvaise humeur est multiple. Pourquoi ? Parce que c'est la même chose pour moi. Je n'ai qu'une envie : dormir un peu.

    Nous sommes arrivés il y a quelques minutes à peine à Monte Béoul. C'est l'une des plus grandes villes de l'État où se situe Génésia mais c'est aussi celle qui s'est convertie en un vrai repère vicié dans lequel personne ne veut habiter. Peut-être que dans le centre-ville, on se sent en sécurité mais ce n'est clairement pas le cas pour la banlieue pourtant pas si profonde que ça dans laquelle se trouve l'hôtel devant lequel nous attendons depuis cinq bonnes minutes. Apparemment, il s'agirait du motel le moins risqué de ce quartier : les prix sont bas et surtout, la discrétion est de mise. Ces gens fondent clairement leur business sur l'existence de fugitifs ou de gens louches qui ne veulent pas attirer l'attention.

    Le meilleur endroit pour nous en ce moment.

    — T'as vu la gueule de ce truc ? Gronde Angie, dédaigneuse. Je risque de...

    Sa voix s'évanouit et j'ai le temps d'apercevoir l'ombre qui passe sur son visage avant qu'elle ne redevienne de marbre. Je fronce les sourcils. Je ne sais pas ce qu'elle s'apprêtait à dire mais à tous les coups, ça a un rapport avec ce qui s'est passé quand elle était avec Jordi. Je n'ose pas lui poser de questions, tout simplement parce qu'on est pas dans un moment de confidences.

    — On a pas le choix.

    — On pourrait dormir dans la voiture.

    — Pour mourir de froid ? Pas question. Arrête de faire ta Hillary.

    Elle me fusille du regard et rentre avant moi dans l'hôtel, le pas furieux. D'accord... nous avons le même système de défense quand nous n'allons pas bien : à savoir, être en colère et repousser tout le monde. Ça promet... Je la suis et la retrouve déjà plantée devant l'accueil. Il n'y a personne jusqu'à ce que Angie appuie sur la sonnette à répétitions et qu'une fille arrive en courant, l'air agacé.

    — Pas la peine d'être aussi insistant, grogne celle-là.

    — Il vous reste des chambres ? Demande Angie.

    — Oui.

    Elle nous observe l'un après l'autre avant de concentrer son attention sur moi. Je n'affiche rien et ne réponds pas à son sourire appuyé. À mon avis, je ne la laisse pas indifférente. Mon regard glisse sur son corps qui n'a rien à envier à Angelina Joly mais elle est un peu trop vulgaire à mon goût. Elle sourit encore en voyant que je la dévisage aussi et se penche un peu sur son bureau pour chercher des chambres libres, m'offrant intentionnellement une vue plongeante sur son décolleté. J'ai une brève pensée la concernant mais je la balaie. Ce n'est pas le moment... pas encore, du moins. Pour l'instant, je veux juste dormir et me faire soigner.

    Je pisse le sang...

    — Deux chambres ? demande-t-elle plus à mon attention qu'à la nôtre, à tous les deux.

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang