| CHAPITRE 14 |

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Parfois le mauvais temps éclaircit les esprits


ANGIE

    — Tu... m'étouffes... Angie...

    — Je m'en contrefous, je fais.

    Je suis tellement soulagée de le revoir que j'aurais aimé ne plus jamais le lâcher alors si je peux profiter un maximum d'une étreinte, qui d'habitude se font rarissimes, alors je me fiche royalement qu'il ne puisse plus respirer. Ce n'est l'affaire que de quelques minutes, le temps que mon coeur s'apaise totalement et que je sois sûre que ce n'est pas une imagination de mon esprit détraqué.

    Quand je sens qu'Enoch est au bord de l'évanouissement, je me recule et capture son visage entre mes mains, les larmes presqu'aux yeux. Il prend une grande inspiration avant de sourire, amusé par mon comportement mais je voyais dans ses yeux le bonheur qui gonfle son coeur. J'ai sincèrement cru qu'il ne me pardonnerait jamais. D'ailleurs, l'a-t-il réellement fait ? Je lui souris et embrasse tendrement son front. Je ne veux plus le perdre.

    — Tu m'as manqué, tête de babouin.

    — Toi aussi, me répondit-il en riant.

    — Si je pouvais avoir autant d'affection...

    Je lève les yeux au ciel et chasse d'un regard Maya qui hausse innocemment des épaules. Elle repart faire son service sous les remarques consolatrices des clients qui lui disent que je vais bientôt céder.

    Mais bien sûr, c'est ce que j'allais dire...

    Je préviens Olive que je prends une pause et pousse mon frère dans une salle privée non occupée. Je le laisse s'installer sur un fauteuil tandis que je vais chercher de quoi boire et grignoter. Ma pause va certainement être la plus longue de toutes celles que j'ai prises car nous avons beaucoup de choses à nous dire... et la plupart d'entre elles n'est pas particulièrement agréable.

    Lorsque Enoch a franchi le seuil du bar, j'ai failli lâcher le plateau qui reposait entre mes mains pourtant loin d'êtres gauches. Mon coeur avait sauté un battement et sans me soucier de ce qui avait autour de moi, j'avais refourgué mes commandes dans les bras de Maya qui m'avait regardé comme si j'avais perdu l'esprit pour me jeter sur ce petit brun aux yeux verts qui me cherchait, comme angoissé. Tout mon corps et mon esprit s'étaient détendu dès que je l'avais eu dans mes bras. Je me fiche pas mal des regards qui nous avaient été adressés et de la honte que j'avais bien pu créer pour mon frangin qui n'aime pas forcément les démonstrations d'affection en public.

    Tout ce qui comptait, c'était que je l'avais devant moi. En parfaite santé.

    Mais malheureusement, j'avais remarqué l'ombre vacillante qui a terni la belle couleur de ses iris. Et j'ai envie d'anéantir ma mère pour avoir brisé la jeunesse étincelante de mon frère. C'est à cause d'elle que nous sommes dans cette situation. Je veux aider mon frère plus que tout au monde et je suis consciente de ce que cela peut impliquer.

    Enoch aimerait sans doute rencontrer son père...

    Même si je suis contre ce désir, je le comprends. Le seul hic, c'est que je n'ai pas la moindre idée d'où il se trouve désormais car je me suis jurée de ne plus voir sa sale gueule.

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant