| CHAPITRE 26 |

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On ne choisit pas sa famille,
comme on ne choisit pas ses attirances •


TOBÍAS

    Une serviette sur l'épaule, je descends les escaliers lorsque j'entends des insultes plutôt violentes provenant de la cuisine. J'arque un sourcil en jetant un coup d'œil dans cette pièce. Cela ne peut être qu'une personne puisque aucun autre membre du groupe ne s'exprimerait spontanément en espagnol. En effet, ma déduction s'avère correcte car je découvre mon frère en train de s'énerver sur son téléphone, assis à la petite table de la pièce. Ses sourcils sont froncés et il n'arrête pas de se frotter, agressivement et nerveusement, le droit. Devant mon air perplexe, il finit par balancer son portable sur la surface de la table. Celui-ci glisse jusqu'au bout avant de tomber par terre dans un bruit mat qui ne semble même pas inquiéter Tomás qui grogne dans sa barbe.

    — Pourquoi tu insultes ton tel ?

    Il relève la tête et pose son regard contrarié sur moi. Très bien, visiblement, quelque chose l'agace profondément. Je m'adosse à la chambranle de la porte, croise mes bras sur mon torse en attendant une explication.

    — J'insultais pas mon tel, en réalité mais le...

    Il se mord la lèvre pour réprimer les insultes qui vont lui échapper et lâche avec difficulté le mot maudit qui me fait tressaillir.

    — Notre cousin. Il n'arrête pas de me spamer de messages depuis le début de le semaine. Dommage que ma colère n'arrive pas jusqu'à lui. Il n'a pas de cervelle, ce mec, c'est incroyable, grommelle-t-il en passant une main exaspérée dans ses cheveux, adossé au mur de la cuisine.

    — Comment ça ? Qu'est-ce qu'il raconte ?

    — Des conneries, comme d'hab. « Rentrez en Colombie, il fait plus chaud », « la familia est triste de ne pas avoir de nouvelles de nos petits gamins préférés », « Je risque d'envoyer un lobo pour ramener vos culs au pays »...

    — Pourquoi tu ne le bloques pas ? C'est ce que j'ai fait, déclaré-je en haussant des épaules.

    — Mais parce que cet hijo de puta change de numéro à chaque fois ! Hurlé-t-il, agacé. Regarde ton portable, il a sans doute dû te renvoyer des sms.

    Je soupire en fouillant ma poche de maillot de bain et rallume mon portable que j'ai éteint depuis le début du weekend. Je faillis le lâcher devant le déferlement de notifications qui fait vibrer sans discontinuité mon téléphone. L'écran est envahi de messages venant de toutes sortes de réseaux sociaux et d'appels manqués, tous du même foutu destinataire qui n'est autre que notre cousin. Je deviens aussi énervé que mon frère en voyant que ce con essaye désespérément de nous ramener en Colombie par des arguments tous plus foireux les uns que les autres.

    N'ont-ils pas compris que nous avons coupé les ponts ? Tous ?

    Mais soudain, deux/trois messages attirent mon attention plus que les autres et mon visage perd définitivement le tout petit peu de bienveillance et de joie qu'il exprime. Je deviens livide et relève la tête sur mon frère qui prend son visage entre ses mains, aussi désemparé que moi. Comment est-ce possible ? Comment ce connard a-t-il réussi à savoir tout ça ? Je serre les dents en fixant les messages.

    — Ça craint. Est-ce que tu penses qu'il l'a dit à Fernanda ?

    — J'ai plutôt l'impression qu'il veut que nous soyons les victimes de son activité préférée...

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Where stories live. Discover now