| CHAPITRE 13 |

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• Qui nous dit que le loup ne mangera pas la brebis ? •


ANGIE

Maya est avec nous depuis quatre jours et pourtant, même si nous connaissons le plan dans les moindres détails, nous sommes encore dans l'auberge de Mark. Tobías est de plus mauvaise humeur encore, si tant est que ce soit possible et je le comprends. Même si le plan a été réfléchi par deux cerveaux ambulants, à savoir Graham et Edgar, il existe encore des zones d'ombres et d'incertitudes que nous ne pouvons pas clarifier. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne sommes pas Jordi. On ne sait pas comment ce dernier va réagir et c'est bien ça le problème. Et c'est aussi ce qui me stresse le plus et qui inquiète Tobías. Nous nous reposons sur les prétendus sentiments que le Géant Colombien a à mon égard mais comme il a Tomás avec lui maintenant, il se pourrait que pour se sentir supérieur au tatoué, il veuille m'éliminer pour lui montrer qu'il peut tout lui retirer ou une connerie du genre.

Maya n'arrête pas de nous répéter de ne pas douter mais c'est difficile quand tout repose sur mes épaules. Je suis l'appât dans tout ce merdier et j'apprécie très peu ce rôle. Loin de moi l'envie de revoir Jordi et ses sbires. Ça me rappelle de très mauvais souvenirs... qui ne sont pas si lointains que ça...

Mais j'en ai marre. Je ne suis pas le genre de personne qui raffole de la petitesse d'une chambre d'hôtel. J'ai besoin de voir l'extérieur et de sentir autre chose que l'odeur des draps, de mes cigarettes, de cet endroit.

En attendant le bon moment qui me semble ne jamais arriver, je passe mon temps dans la salle de jeux au moment de fermeture, en compagnie de Donovan qui a bien voulu me changer un peu les idées. Tobías ne sait pas que je suis là et tant mieux, il pèterait sûrement un câble en me voyant avec le trentenaire qui est perpétuellement louche.

Ce n'est peut-être pas le moment de boire mais j'ai envie de me détendre avant d'être stressée un maximum et de devenir folle.

— Et une autre bière pour mon alcoolique de la journée !

Je lève les yeux au ciel et m'empare de la bouteille que Donovan a décapsulée pour moi. C'est la sixième que je prends mais je n'ai toujours pas l'impression de me sentir un peu mieux. En même temps, je tiens bien l'alcool alors il ne faut pas que je m'étonne du fait que je ne sois pas soûle avec une Heineken. Peut-être qu'inconsciemment je n'ai pas envie d'être ivre... si je le voulais vraiment, j'aurai demandé à Donovan de me donner autre chose depuis un bail.

Mais non. Et ça a plutôt l'air de l'amuser.

— Tu sais qu'au bout d'un certain nombre de bouteilles, il va falloir que tu payes ?

— C'est pas un problème. On est aussi riche que Crésus, je rétorque désabusée.

Ce qui est presque vrai.

— Bon, t'as vraiment l'intention de te détendre avec de la bière ? Parce que je peux te proposer autre chose...

— Si Tobías me voit ivre, il va frôler l'hystérie. Surtout en ce moment...

— J'sais pas ce que vous trafiquez avec l'autre cinglée mais la pression, c'est mauvais. Alors...

Il me tourne le dos, cherche quelque chose derrière le bar puis revient vers moi avec une bouteille de vodka qu'il pose brutalement devant mes yeux. Okay... j'aime pas tellement ça mais c'est sans aucun doute plus fort que la pisse de chat que je me coltine depuis tout à l'heure.

Après une profonde réflexion et sous le regard appuyé de Donovan, je cède ce qui agrandit le sourire du trentenaire. J'ai vraiment l'impression que ce type est heureux quand il réussit à pervertir quelqu'un. C'est malsain. Mais bon, tant pis.

Les Frères Cadalso [ SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ GLAMENCIA EDITIONS ]Where stories live. Discover now