OS1L Un dragon (partie 2)

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Pas de spoilers ;)

OS suggéré par Dohaerys. J'espère qu'il te plaira ! :)

Il avisa d'un regard critique la scène sous ses yeux. C'est un véritable cauchemar. Des flammes, des hurlements, des rugissements, le métal, le sang, la mort. Il détourna le regard, se concentrant sur sa cible. Grimpa, grimpa encore, jusqu'à se retrouver presque au-dessus des nuages. Puis piqua vers le sol à une allure prodigieuse. Il entrouvrit la gueule, un long sifflement glaçant s'émanant de sa gorge alors qu'il préparait son attaque. Sa cible arriva en vue, il tira avec force, avant de brusquement étendre ses ailes, s'enfuyant de nouveau dans la noirceur de la nuit.

Il remonta rapidement dans la sécurité des nuages sombres et recommença, détruisant cible après cible avec une efficacité mortelle et effrayante. S'éloignant de nouveau de la destruction qu'il venait de causer, il vit trop tard les cordes et les pierres. Elles le percutèrent avec force, le déséquilibrant violemment dans son vol. Il tenta de se rétablir, seulement pour réaliser qu'une de ses ailes était coincée contre son corps. Il poussa un rugissement perçant de terreur en se sentant tomber, tentant désespérément de s'orienter pour ne pas se noyer. Sa chute fut rapide et quelques secondes à peine plus tard, il heurtait avec une violence inouïe la mer de feuillage de la forêt. Il perdit connaissance en heurtant un large tronc. Il n'entendit que le craquement du bois avant que tout ne s'évanouisse, tel une Furie Nocturne dans l'obscurité de la nuit.

•••

Il se réveilla en sentant quelque chose s'appuyer sur lui. Sans ménagement, il la repoussa avec un grognement de mécontentement. Ce n'est que lorsqu'il sentit l'odeur du métal et du sang que ses yeux ne s'ouvrirent brutalement. Sa vision fut floue pendant un instant, mais il put sans mal discerner la silhouette d'un Viking. Ses instincts lui crièrent automatiquement de se jeter sur lui-même et de s'en débarrasser. Il n'avait pas l'air d'être très résistant de toute façon et la ridicule dague qu'il serrait désespérément dans son poing ne pouvait pas grand-chose contre lui.

Mais il était prisonnier de cordes. Il était incapable de bouger. La peur s'ajouta soudain à l'agressivité, avant d'être rejointe par la colère. Les Vikings lui avaient fait cela ! Il venait de passer si près de la mort qu'il avait perdu connaissance, chose rare lorsqu'on était un dragon avec la volonté de survivre. Ce qui était son cas. Il ignora sa douleur et fusilla le Viking du regard, comme s'il voulait avoir la capacité de le tuer seulement avec ses yeux. Il respira fortement, faisant du bruit et se gonflant au maximum pour paraître plus gros. Il n'en fallut pas plus au Viking pour qu'une expression de frayeur affolée n'apparaisse sur son visage.

Il espéra qu'il parte, qu'il s'éloigne, simplement le temps qu'il se libère. Ensuite, il pourrait l'éliminer. Mais le Viking inspira longuement, avant de s'approcher de nouveau. Il commença à parler, mais il ne l'écoutait pas. Son regard était fixé sur la dague, qu'il levait au-dessus de sa tête. L'arme semblait bien plus mortelle maintenant qu'elle était tenue par quelqu'un avec la volonté de s'en servir. Il écarquilla les yeux, fixant le Viking du regard avec insistance. Il était faible, chétif, peureux. Il le sentait. Il ne faisait pas le poids face à lui. Il était invincible. Rien ni personne ne pouvait rivaliser avec lui, excepté la Reine-Mère. Ce Viking était ridicule. Il le savait. Pourtant, la peur l'envahit soudain, submergeant sa colère et sa douleur. Le Viking continuait de parler, hurla même lorsqu'il gronda.

Il le fixa encore. Il ne pouvait pas finir ainsi ! Achevé par un stupide enfant qui ne reconnaissait pas sa place ! Il était plus puissant, plus fort, il était censé avoir le dessus ! Il était censé n'avoir déjà fait qu'une bouchée de cet humain pathétique. Mais le voilà entravé, coincé au sol, affamé et fatigué, à cours de feu, sa poitrine et son cœur largement exposés. Et cette petite dague, ridicule et inoffensive, allait être la lame qui lui ôterait la vie, perçant à travers l'armure plus fine de son ventre.

Le Viking leva de nouveau l'arme, non sans jeter des coups d'œil vers lui. Finalement, l'humain serra les paupières, s'apprêta à lui asséner le coup fatal. Il abandonna. Poussant un grognement de misère, il laissa sa tête retomber sur le sol, en priant l'humain de bien vouloir se dépêcher. Il ne voulait pas avoir le temps de prendre conscience de sa mort pathétique.

Mais il ne sentit rien. Puis, il entendit des pas, suivis de sons de cordes qu'on tranche. Il sentit ses liens se relâcher, la pression sur son aile gauche s'atténuer alors que, une par une, les cordes cédaient à la lame de la dague qui était censée lui ôter la vie. Et qui à présent la lui sauvait.

Sa colère revint aussitôt, annihilant la peur. Il se dégagea d'un bond, plaquant avec brutalité le petit humain contre un large rocher. Il avait peur, il le sentait, son cœur battait à toute vitesse sous sa patte sensible et sa respiration était erratique. Lui, ne s'était jamais senti aussi puissant. Les rôles s'étaient inversés, il était le prédateur dorénavant. Comme cela l'avait toujours été et comme cela le serait toujours.

Il fixa de nouveau le Viking avec haine, respirant bruyamment. L'humain tenta vainement de s'extirper de sa prise. Finalement, il prit une grande inspiration. Et rugit.

Rugit plus fort qu'il ne l'avait jamais fait. L'humain tomba à terre presque immédiatement et se couvrit les oreilles de ses membres étranges. Il n'attendit pas plus longtemps. Cela n'avait que trop durer. Il referma ses mâchoires sur le corps frêle de l'humain, toutes dents dehors. Serra, serra encore. Le Viking n'eut même pas le temps d'avoir mal. Il entendit nettement les os se broyer, se réduire en éclats, la cage thoracique céder. Le sang envahit sa gueule, la résistance des os disparut rapidement et il détruisit organes et chair qui se trouvaient en-dessous. Les humains étaient d'une conception si fragile.

Il lâcha sa proie, nettoyant ses dents maintenant rouges d'un coup de langue. Un sentiment de satisfaction le prit quand il observa la forme informe sur le sol. L'humain n'avait plus rien d'humain à présent. Il était le prédateur et rien ne pouvait changer cela. Pas même le plus petit des Vikings.

Il se retourna avec vivacité, décollant sans plus attendre. Il s'écrasa.

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