OS71 Danse

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OS inspiré d'un fanart de saieras sur Tumblr.

Valka observa avec tendresse les nouveaux mariés danser ensemble. Elle qui n'avait jamais été très romance et danse et tout cela, elle devait bien admettre une chose : danser avec son partenaire était une sensation euphorique. Elle l'avait éprouvé suffisamment de fois pour le savoir. Danser avec Stoick avait toujours été quelque chose qu'elle adorait faire. La chanson avait une signification particulière pour elle, pour eux, et elle aimait baigner dans cette complicité, qui faisait que leurs pas étaient toujours coordonnés et que leurs voix se répondaient l'une à l'autre. Elle avait savouré chaque seconde passée à danser avec son mari et cela avait été une des choses qui lui avait le plus manqué quand elle était partie.

Elle esquissa un sourire en voyant son fils rire avec sa femme. Tous les deux s'étaient bien trouvés. Elle n'avait pas été là pour en être témoin mais de ce qu'elle avait pu tirer de Gueulfor (cela n'avait pas été très difficile), Harold et Astrid se tournaient autour depuis longtemps déjà. Cela avait été une véritable explosion pour les potins de Beurk, quand ils s'étaient enfin mis ensemble. Auparavant, les gens n'avaient plus rien à raconter sur eux tant ils étaient coincés et quand ils avaient commencé à sortir officiellement ensemble, tout le monde avait été soulagé. C'était comme si le village avait finalement expiré après avoir passé trois ans à retenir sa respiration, à attendre de voir ce qui allait se passer. Enfin ! avait été sur les lèvres d'une grande partie des Beurkiens. Evidemment, les concernés n'en savaient pas grand-chose, considérant qu'ils étaient à ce moment sur la Rive, mais Valka savait qu'ils devaient sûrement s'en douter. Beurk était une petite île avec un grand village. Les potins et les rumeurs étaient très vite devenus habituels.

Les voir marier et heureux rendait Valka heureuse. Heureuse pour eux, et également heureuse pour elle-même. Elle n'avait finalement pas tout raté de la vie de son fils : elle avait pu assister à son mariage. Contrairement à Stoick. Elle refoula cette pensée. Son mari lui manquait, lui ayant été arraché quelques minutes à peine après leurs retrouvailles. Son cœur criait encore de douleur après tous ces mois et ces missions. Mais ce n'était pas le moment de se mettre à pleurer. Harold était heureux, elle ne voulait pas gâcher son bonheur avec sa misère.

Elle but dans sa chope, alla échanger quelques mots avec les parents d'Astrid qui s'étaient tenus derrière leur fille pendant le mariage, avant de décider de rejoindre Eret. L'ex-trappeur était charmant et agréable. Il était facile d'être en sa compagnie et c'était relaxant. Il trouvait toujours le moyen de faire une raillerie chancelante sur tout et n'importe quoi et Valka comprenait pourquoi Harold lui avait rapidement fait confiance, malgré ses antécédents. Le jeune homme débordait d'une honnêteté qui reflétait ses origines Samis. Il semblait arrogant mais était brave et bienveillant. Cela n'était pas étonnant qu'Harold l'ait choisi pour devenir son bras-droit.

Et à vrai dire, Valka était reconnaissante de la présence du Sami également parce qu'elle s'était facilement rendue compte qu'une grande complicité naissait entre Eret et Gueulfor. Le forgeron était seul depuis si longtemps, cela lui réchauffait le cœur de voir qu'il s'entendait aussi bien avec l'ex-trappeur.

-Hey, Valka ! s'exclama une voix, interrompant la discussion engagée entre Eret et la concernée. Je peux vous appeler Valka, pas vrai, c'est vous qui l'avez dit ?

Valka ne savait pas vraiment si c'était une question ou une affirmation et à vrai dire, Rustik ne semblait pas certain non plus. Elle hocha donc la tête avec un sourire. Le Jorgenson poursuivit immédiatement, encouragé.

-Vous avez besoin de quelque chose ? interrogea-t-il. Je peux vous apporter un verre, ou bien à manger. C'est pas Eret qui ferait ça, ah ! ajouta-t-il avec une exclamation victorieuse à l'intention du Sami.

Celui-ci leva les yeux au ciel, exaspéré, tandis que Valka riait.

-Je pense, Rustik, que tu ferais mieux d'aller t'occuper de toi, répondit-elle poliment. Tu me sembles épuisé.

-Oui, c'est vrai que j'ai beaucoup travaillé aujourd'hui, se lamenta Rustik, sautant sur l'occasion offerte pour gonfler un peu son ego.

-Va donc manger avec tes amis, proposa Valka.

Rustik voulut répondre mais le sourcil haussé et le demi-sourire de Valka le dissuada. Il s'éloigna.

Valka échangea un regard avec Eret et ils rirent ensemble. La Viking s'amusait beaucoup de la situation. Rustik était bien gentil mais il ne semblait pas se rendre compte que Valka ne comptait pas se remarier, que ce soit avec lui ou avec quiconque d'autre. Mais c'était toujours amusant de le voir s'empêtrer lui-même dans ses tentatives pour la séduire.

Finalement, après quelques temps, Eret mit gentiment fin à leur discussion, rejoignant la table des ex-dragonniers. Valka savait qu'elle aurait pu le suivre, mais à vrai dire, elle n'avait pas tellement envie de se retrouver dans le rythme essoufflant qui régnait souvent à leur table. C'était parfois amusant et relaxant mais parfois également épuisant. Elle se demandait de temps en temps comment Harold avait réussi à supporter à longueur de journée son groupe, à les diriger et à ne pas exploser de rage à chaque fois que les jumeaux bougeaient le petit doigt, à cause de leurs multiples désastres. Elle lui avait posé la question un jour et avait ainsi découvert un nouvel aspect de son fils qu'elle n'avait jusque-là pas remarqué : s'il restait un des éléments les plus calmes du groupe, souvent, il se joignait tout simplement à eux. Il ne les supportait pas, il les accompagnait dans ce rythme effréné, l'accélérant lui-même parfois. Valka avait compris ce jour-là que cela était la raison pour laquelle Harold était un si bon dirigeant.

Quelques notes la sortirent de ses pensées de manière assez brutale. Elle releva vivement la tête et reconnut sans mal l'introduction de la partie musicale de la chanson qu'elle affectionnait tant. Elle chercha immédiatement Harold et Astrid des yeux. S'il y avait bien une danse qu'elle avait envie de voir de leur part, c'était celle-là. Pourtant, quand elle trouva Astrid, à la table de ses amis, elle s'étonna de ne pas voir Harold. Elle le chercha de nouveau, avant de sentir qu'on lui tapotait l'épaule pour attirer son attention. Elle se retourna et découvrit derrière elle, Harold, le bras levé, le coude plié et le poing fermé. Il souriait et ses yeux brillaient.

-M'accorderais-tu cette danse ? interrogea-t-il.

Valka resta coite quelques secondes. Les larmes lui montèrent rapidement aux yeux et sa vision se brouilla pendant quelques instants, avant qu'elle les chasse d'un battement de paupière. Un sourire se forma sur ses lèvres et elle hocha la tête. Elle leva le bras et croisa son avant-bras avec celui de son fils, le poing également fermé. Harold lui sourit et se mit à tourner, l'entraînant avec lui. Elle remarqua sans mal qu'il connaissait parfaitement les pas de la danse. Son cœur et sa trachée se serrèrent de joie.

J'affronterai toutes les tempêtes, sans peur des vents déchaînés...

Harold commença à chanter et Valka étouffa un sanglot heureux. Il lui adressa un signe de tête encourageant quand ce fut son tour de répondre et elle le fit volontiers, avec reconnaissance et émotion. Peu à peu, les musiciens accélèrent, conformément au rythme de la chanson et au fur et à mesure, Valka se sentit rajeunir de plus d'une vingtaine d'années, alors qu'elle effectuait cette même danse avec son tout nouveau mari à leur mariage.

Enfin, la chanson se termina et elle se retrouva face à un Harold un peu essoufflé (pas facile de danser ainsi avec une jambe de métal), plutôt que face à son mari. Cela aurait pu lui broyer le cœur, mais au lieu de cela, elle lui sourit largement et attira immédiatement son fils contre elle pour l'étreindre. Il rit et lui rendit volontairement son étreinte.

-Merci, Harold, souffla-t-elle en le laissant finalement reculer, posant ses mains sur ses épaules.

-J'ai pensé que ça pourrait te faire du bien, admit-il avec ce mouvement d'épaule embarrassé dont Astrid se moquait gentiment plus souvent que pas assez.

-Tu avais raison, assura-t-elle.

Elle embrassa le front de son fils, avant de l'étreindre de nouveau. Son cœur était gonflé de reconnaissance et de joie. Elle avait le meilleur fils du monde. Stoick avait fait, malgré tout, un merveilleux travail en l'élevant.

Where No One GoesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant