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PDV Malicia

Encore un autre regard de travers. Je m'y suis habitué à force, mais je ne comprends toujours pas le jugement des gens à mon égard. Ils ne voient pas plus loin que mon apparence volontairement lugubre. Ils ne se doutent pas un seul instant que c'est un déguisement, un masque, pour justement repousser les gens comme eux. Ils ne voient qu'une fille de vingt ans, gothique, froide, qui n'aime que les animaux et méprise la race humaine.

- Ça te dérange ?
Je demande à Pierrot, mon patron et propriétaire de la clinique vétérinaire où je travaille.

- De quoi donc ?

- Tu sais... Mon physique.

J'ai toujours peur qu'un jour, il se lasse des regards et remarques des clients. Surtout celles des vieilles dames qui me décrivent la plupart du temps comme une "entité satanique".
Je me demande où vont-elles chercher tout ça et surtout, si elles font des réunions pour se mettre raccord.

- Tu sais bien que non, tu fais du bon travail et les animaux t'adorent. D'ailleurs en parlant de travail... Filou à la diarrhée, tu sais ce qu'il te reste à faire ?
Finit Pierrot dans un rire.

Ces mots me rassurent, enfin, la première partie.
Je sais très bien ce qu'il me reste à faire...
Je me dirige à l'arrière de la clinique où se trouvent les box des chiens et me muni de gants et d'une pelle.

J'ouvre la cage de filou, un vieux chien malade, et commence à nettoyer.

- Je t'aime beaucoup Fi' mais si tu arrêtais de manger le chocolat de ton maître, on en serait pas là.
Je le sermonne gentiment.

Bien qu'il ne me comprenne pas il me regarde avec ses yeux de chien battu. Ça le rend si mignon ! Du à son âge, il vient souvent à la clinique, son maître l'adore et s'inquiète dès qu'il trouve une chose bizarre en rapport à son chien ou sa gamelle.

Je suis contente d'avoir ce boulot, les horaires sont parfaites pour moi !
Dix-huit heure - vingt-deux heure.
Je m'occupe de la garde avec le patron, parfois je suis seule. Il me donne des responsabilités et cela me permet de ne pas me sentir trop inutile. De plus, avec le salaire que j'ai, qui n'est pas si élevé que ça, je peux payer les factures du manoir.
Mais ce que j'aime vraiment dans ce job, c'est le contact avec les gens. Je ne vois presque personne et c'est si bien...

Les gens sont dangereux, mauvais et profiteur. Ils peuvent vous blesser à tous les niveaux. Alors moi, au lieu de tenter l'expérience, je me déguise en gothique. J'ai toujours aimé le noir, mais pas au point de m'habiller comme pour aller à un enterrement et encore moins tout les jours. Ni de mettre une tonne de mascara et d'eye-liner. Pourtant je le fais.
Ça me permet de repousser les méchants. Mais aussi les gentils.

Je ne veux m'attacher à personne. À part aux animaux, eux ne me décevront pas.

- J'ai fini ! Tu vas pouvoir dormir au propre pépère. C'est le chien chien de qui ça ?
Je dis en lui gratouillant le menton.

- Je savais que tu avais un cœur.
Se moque mon patron.

Je lève les yeux au ciel avant de refermer le box.

- C'est faux. Je suis le diable en personne.
Je marmonne.

Je n'aime pas qu'il assiste à mes élans affectueux. J'ai une réputation à tenir quand même !
Même si Pierrot est l'homme le plus gentil que je connaisse, et même le seul, je garde mes distances et mes barrières en place. Mais si je devait être honnête avec moi même, je dirais que c'est un mentor pour moi. Il est du genre à à nous encourager quand on fais une erreur, au lieu de nous réprimander et rabaisser. C'est quelqu'un de très calme, le totale opposé de sa femme que j'ai pu apercevoir quelques fois, qui elle, est très dynamique. Elle a un tempérament de feu alors que lui est posé, bon vivant. Je crois avoir confiance en lui mais... Je ne sais pas. C'est peut être sa calvitie poivre et sel qu'il assume pleinement,ses grands yeux bruns et sa moustache d'un papi de soixante-dix ans qui lui donne ce côté rassurant. Par contre, il n'a aucun goût vestimentaire. Il porte toujours des chemises à carreaux et des grosses chaussure en cuir marron. En gros, c'est le quinquagénaire de base, qui fait des blagues lourdes et qui mange un peu trop de donuts au chocolat à la pause.

CITY NIGHT FEELINGS √ FINIWhere stories live. Discover now