26

1K 76 6
                                    


PDV Malicia


J'ouvre les yeux lentement.
Je me lève, sans me précipiter.
À travers la fenêtre de ma chambre, la lune est grande dans le ciel.

J'ouvre la porte sans grincement et sors de la chambre. Je suis comme au ralenti. Comme dans l'espace. J'ai froid et je n'entends rien. Même pas mes pas.

Me rendant dans le salon, je repère bien vite la télécommande, posée sur la table basse.

J'allume la télé sans réelle motivation.
Même sans savoir l'heure, je sais ce qu'il m'attends. Je le sais au fond de moi, dans mon cœur également.

Les images défilent et humidifient mes yeux. Pourtant, je ne vois qu'un tas de débris. Pourquoi ce chaos m'étrique autant le cœur ?

Les noms des quartiers sont précisés en bas de l'écran. Mais cela ne fait aucune différence, tous se ressemble maintenant.

Arrivé à mon quartier après de longues minutes insoutenables, mon esprit devient un peu plus vif.
Essayant de voir le manoir.
Peut-être a t-il était épargné ?

J'appuye sur le bouton pause quand je crois reconnaître mon portail.

Oui ! C'est bien lui ! Je souris à cette pensée.

Mais c'est la seule chose reconnaissable sur cette photo.

Il est entouré de charbon. Rien que...du...charbon...

Je pose une main sur l'écran, pleurant abondamment. Incontrôlable.

Le manoir, comme un membre de ma famille, que je m'étais juré de ne pas quitter, abandonner.
La maison où j'ai grandis, où ma grand-mère et mes parents ont vécus, heureux.

L'ouïe me revient quand je pousse un cri déchirant.

Une part de moi est morte cette nuit. Je n'ai plus rien. Plus de famille, d'amis. Plus de raisonnement.

Mon esprit est chamboulé par un trop plein de souvenir. Les rosiers, les plats goûteux, la cheminée à Noël.

Je me rends compte que je marche à présent, la sensation si particulière du sable caressant mes pieds nus.

Je relève la tête, regardant l'océan sous l'éclairage de lune. Continuant toujours de marcher vers la mer.

Est-ce que je suis lucide ?
Je ne sais pas.
Je ne contrôle pas mes larmes, ni mes tremblements, alors... Comment contrôler mes jambes et à nouveau, cette sensation de fin du monde ?

J'entends crier derrière moi, peu m'importe, mes sanglots couvrent leurs voix.

Le sable est maintenant humide et le doux bruit des vagues m'apaise. Un peu.

Je m'arrête de marcher, appréciant simplement la beauté du paysage. Elle m'enlève un instant l'image du barbecue géant qu'est devenue le manoir. Les poutres en bois encore fumantes.

Une nouvelle crise de larme me bloque l'air dans mes poumons, m'empêchant d'expirer et par la même occasion d'inspirer.

Je suis anéantie.
Je suis en colère.

C'est la faute des criminels, du plus petit au plus grand. Celle du Maire corrompu. Celle de l'État qui n'a rien fait.
Ils avaient prévus depuis le début de faire de ma ville, une ville fantôme.

Ce n'est plus qu'un tas de braise, à cause d'eux !

Je vois du mouvement et je reviens brusquement à la réalité.

- C'est de ta faute.
Je crache.

Il encaisse le coup, attendant le suivant.

- Je n'aurais pas dû vous accueillir chez moi, vous n'en étiez pas digne ! J'aurai du vous laisser crever à l'entrepôt ! C'est de votre faute ! Je voulais juste lui dire au revoir et même ça tu me l'a prit !
Je cri, mon ton montant crescendo.

CITY NIGHT FEELINGS √ FINIWhere stories live. Discover now