•°XVI°•

2.9K 417 86
                                    

- C'est du bon travail Somin. Continue comme ça et tu auras une augmentation de salaire.

Changbin les fusillait du regard. Non mais parce que lui, il n'avait jamais eu droit à de tels compliments à son arrivée. Sa sœur par contre, qui n'était là que depuis la veille, avait reçu des tonnes d'encouragement. Il appréciait de moins en moins la présence de Somin dans les lieux. Elle et son copain auraient dû rester là où ils étaient.

- Voyons Changbin, fit Chan en s'approchant de lui, ne me dis pas que t'es jaloux de ta sœur.

- Bien sûr que non, répondit sèchement le majordome.

- Je ne t'ai jamais vu aussi agressif, y a sûrement une raison.

Changbin dériva son regard vers le cuisinier et son sourire victorieux.

- Bon, admit le noiraud. C'est juste que moi, en plus de mon travail, je compte ses cravates, je range ses chaussettes par paire, je prépare son bain, je fais bien plus.

- Et ?

- Et je mérite bien plus de compliments que cette fille ! s'emporta-t-il.

- Cette fille, comme tu le dis, c'est quand même ta sœur.

Le majordome ne voulait pas l'admettre mais c'était vrai. Lui et Somin partageaient le même sang et provenaient du même ventre. Mais il fallait le comprendre, Somin ne faisait que laver le carrelage d'une pièce et on la considérait comme une justicière. C'était une bonne raison pour rager. C'était une injustice.

- Hyung ! J'ai faim !

Jeongin accourut vers eux à grandes enjambées.

- J'ai faim ! répéta-t-il une fois assez proche.

- Monsieur Lee ne t'a pas déjà donné une barre de céréales ?

- Si si mais j'ai encore faim !

Chan rit devant les deux frères. Monsieur Lee était vraiment gentil avec Jeongin, Changbin se demandait toujours pourquoi. Il le considérait comme son propre petit frère. D'un côté c'était mignon, mais de l'autre ça l'irritait de savoir que le jeune maître n'était pas comme ça avec lui. Qu'est-ce qu'il avait à être jaloux tout le temps ?

- Allez viens, je vais te préparer à manger, suggéra Chan avant de partir avec Jeongin dans la cuisine.

Se retrouvant seul, Changbin sursauta quand une voix grave l'appela.

- Changbin !

Il vit monsieur Lee s'approcher de lui.

- Je dois te parler, viens avec moi.

Surpris, le majordome obéit et le suivit jusqu'à sa chambre. Il était un peu stressé là. Il avait un mauvais pressentiment, comme c'était inhabituel.

Le jeune maître partit fouiller dans son armoire tandis que Changbin restait debout dans l'encadrement de la porte.

- Ta sœur fait vraiment du bon travail, débuta monsieur Lee.

Exactement ce que Changbin ne voulait pas entendre. Il aurait préféré entendre des gros mots ou des insultes.

- J'aime bien comment elle s'implique dans son travail, poursuivit-il. C'est remarquable !

Profitant du fait que le jeune maître n'ait pas son regard sur lui, Changbin répétait discrètement ses paroles en grimaçant. Ce qu'il ne savait pas, c'était que monsieur Lee faisait exprès, depuis le début de la journée. Parce que ça l'amusait de le voir jaloux comme ça, qui n'en profiterait pas ? Et puis, c'était mignon aussi.

- C'est pour me parler d'elle que vous m'avez appelé ? osa demander le majordome, tout en essayant de ne pas être sec dans ses paroles.

Monsieur Lee se tourna vers lui, la mine innocente.

- Bien sûr que non, répondit-il. Mais je voulais juste que tu le saches, juste comme ça... Et au passage, je ne sais plus où sont mes chaussettes noires.

- Si ce sont celles avec des rayures blanches, elles sont à laver. Si ce sont celles avec un dessin de Pac-Man, elles sont tout au fond de votre armoire à droite et si ce sont celles toutes noires, elles sont un peu au dessus de la pile.

Ne s'étant pas attendu à une réponse aussi remplie de précisions, le jeune maître écarquilla grand les yeux. Ce n'était pas le travail d'un majordome, mais Changbin restait épatant. C'était dur de ne pas le complimenter pour ça.

- Je vois... ce fut la seule chose qu'il trouva à dire.

- Oh ! Et vos chaussettes noires à pois sont à repasser mais elles devraient être là d'ici ce soir.

Le majordome voulait bien montrer que lui aussi méritait d'être félicité pour son travail. Il n'avait jamais autant su quelque chose sur le bout des doigts, même les tables de multiplication, il ne s'en rappelait pas autant.

- C'est incroyable, reconnut monsieur Lee. Tu fais vraiment des progrès, surtout que ça n'a rien avoir avec ton travail...

- Je fais de mon mieux monsieur. Somin n'en ferait pas autant.

Le jeune Lee eut un sourire amusé, mais discret.

- C'est justement de ça dont je voulais te parler, déclara-t-il. Parce que j'ai peur que ta jalousie n'affecte le bon travail que tu fais.

- Euh ma... ma quoi ? Je-Je ne suis pas jaloux...

- Bien sûr, et moi je ne suis pas riche.

Changbin n'avait jamais eu aussi honte. Et pourtant, il en avait eu des moments de gêne et de malaise. Ça se voyait autant que ça ? Il était pourtant persuadé d'avoir été discret mais visiblement, ce n'était pas le cas.

- Je-Mais... Mais non monsieur, je ne suis pas jaloux. Au-Au contraire, je devrai être fier de ma sœur.

- C'est la première fois que je vois quelqu'un de fier fusiller du regard.

- Mais non, j'étais normal c'est... C'est mon regard habituel. Regardez, il reprit le même regard. C'est naturel chez moi...

Le jeune Lee gardait une grande maîtrise de soi pour ne pas exploser de rire. Ce que ce noiraud pouvait l'amuser... Et puis zut, à quoi bon se retenir ? Il rit. Pour la première fois depuis genre... des années, il riait devant un membre du personnel. Avant ça avait l'air impossible, tout le personnel le craignait, ne l'approchait pas... Mais son majordome était différent, lui.

Changbin se pinçait discrètement le bras pour vérifier s'il n'était pas en train de rêver, ça avait l'air bien trop irréel. Voir son maître rire de la sorte, c'était presque un rêve et rien de plus.

- Pourquoi vous riez ? questionna-t-il, surpris.

- Tu me fais bien rire.

Pourtant, s'étant rendu compte de ce qu'il venait de faire, monsieur Lee se reprit bien vite et reprit son air sombre.

- Hum, c'est tout. Veille à ce que le dîner ne soit pas trop salé.

Changbin ne réagit pas sur le coup, son cerveau était encore réglé sur off. Il lui a fallu cinq secondes de plus pour enfin acquiescer et s'en aller. Mais même s'il avait quitté les lieux, il restait encore tout bizarre.

Monsieur Lee avait ri devant lui.

Son maître était-il en train de changer ?

Il semblerait bien...

𝑴𝒂𝒋𝒐𝒓𝒅𝒐𝒎𝒐 •° ᶜʰᵃⁿᵍˡⁱˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant