•°XXVIII°•

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Felix en avait marre. Marre de son père. Il n'avait rien à faire à Busan. Il n'avait rien à faire dans leur villa. Il n'avait rien à faire dans son espace personnel, dans son territoire. Son père n'était là que depuis quelques heures, et tout le monde l'appréciait déjà. Pourtant, Felix savait qu'il ne faisait que jouer les hypocrites. Il savait que son père était sans doute là pour une raison particulière et vilaine. Après tout, son géniteur ne faisait que rechercher son propre profit dans toute situation.

Au restaurant, monsieur Lee faisait tellement son hypocrite que son majordome s'était mis à l'apprécier. Il demandait au noiraud de commander tout ce qu'il voulait, peu importe la quantité, il lui faisait des compliments... Si même Changbin l'abandonnait et quittait son camp, plus personne n'allait rester derrière lui après quelques temps.

- Oh, que c'est bien rangé ici, s'exclama le vieux monsieur Lee en contemplant l'intérieur de la maison. Cet endroit a beau être un lieu de vacances, vous l'entretenez bien. Je félicite ces dames.

Les femmes de ménage, flattées, le remercièrent avec timidité alors que Felix fixait la scène d'un mauvais œil.

- C'est bon, il se mit à soupirer, c'est propre et alors ? Pas besoin de jouer les gentils patrons. Ce ne sont que des employés.

- Qu'est-ce que tu racontes voyons ? son père fit mine d'être offusqué. Ce ne sont pas des animaux, Felix. Ne me dis pas que c'est ainsi que tu les traites...

Et voilà, il trouvait un moyen de tourner SES employés contre lui. Certes, il n'avait pas beaucoup été gentil et amical avec eux, mais avec toutes ces années qu'ils avaient passé ensemble, son personnel oserait-il vraiment le laisser tomber ? Pire : pour son horrible père ?

- Monsieur Lee !

Felix et son père se tournèrent en même temps vers Chan, tous deux étant habitués à cette appellation.

- Je vous ai préparé un petit goûter, sourit le cuisinier au paternel. Ce serait un grand honneur pour moi si vous venez y goûter.

- Mais bien sûr Chan ! Je ne doute pas une seule seconde de ta cuisine.

Le jeune maître n'en revenait pas. Ce n'était pas son père. Son père à lui, le vrai monsieur Lee, ne sympathiserait jamais avec de simples employés.

En colère, il partit s'enfermer dans sa chambre. Il se sentait seul et trahi, trahi par sa propre famille. Oui car ces derniers temps, son personnel était comme la famille qu'il n'avait jamais eu. Ils avaient passé de bons moments, que ce soit à la plage, à table ou au bord de la piscine. Le jeune maître avait réussi à briser cette fameuse barrière qui le séparait de ses employés. Et juste au moment où tout commençait à aller, il avait fallu que son père vienne tout gâcher. Après tout, c'était sa spécialité.

Le pire était que le roux était le seul à être au courant du futur projet du géniteur : reprendre son fils et virer tout le monde.

- Ça va monsieur ?

- Laisse-moi Changbin.

Ledit Changbin prit place à ses côtés sur le lit. Peut-être était-ce enfin le moment de parler de ce qui tracassait le jeune maître depuis si longtemps.

- Ne me faites pas le coup du "tout va bien", prévint le majordome. Je sais que quelque chose ne va pas depuis un moment déjà. Je me demande maintenant si ce n'est pas en rapport avec votre père.

- Eh bien si justement, il est plus que concerné.

- Alors dites-moi tout !

Felix n'était pas en état de le contredire, ni de négocier. Il avait besoin de tout dire. Là, tout de suite. Ce fut ainsi qu'il s'assit pour faire face au noiraud.

- Il n'est pas celui que vous croyez, dit-il sérieusement. C'est cet homme-là qui a gâché ma vie. C'est lui qui m'a envoyé dans cette si grande maison. C'est un père qui ne s'est plus préoccupé de moi à partir de la mort de mon frère !

- ...

- Puis tout d'un coup, il revient comme une fleur en disant qu'il est désolé. Moi je sais qu'il a quelque chose derrière la tête, et il ne m'aura pas.

À la place d'un visage compréhensif qui aurait bien rassuré Felix, Changbin avait plutôt un regard perdu. Il ne savait pas qui croire : le jeune maître qui n'avait aucune raison de lui mentir, ou bien le millionnaire sympathique qu'il venait de connaître à midi. Peut-être que le père regrettait, et qu'il voulait juste renouer les liens avec son fils.

- Je ne sais pas vraiment, répondit le majordome. J'ai perdu mon père à onze ans. Mais vous ne pensez pas qu'il regrette vraiment ?

- Et pourquoi ? Pendant plus de quatre ans, il n'a rien regretté. Pourquoi maintenant ?

- J'ai juste du mal à imaginer un père qui veut du mal à ses enfants. Le nôtre a été bon avec nous. Et même les propriétaires de nos appartements, qu'ils soient cruels ou compréhensifs comme monsieur Yook, pensaient à leurs enfants.

- Crois-le ou non, mais ça existe bel et bien, mon père en est la preuve.

Changbin ne savait pas de quelle manière devait-il s'y prendre pour raisonner son maître. Il ignorait comment s'y prendre car il était totalement étranger à ce sujet. Il ignorait la relation entre un adolescent et son père. Il se sentait tellement inutile.

- Écoutez, entama-t-il, je ne peux rien vous conseiller. J'aurai bien aimé, mais je ne sais pas quoi vous dire. Ne faites juste rien que vous pourrez regretter.

- Tu ne me défends pas ? le jeune maître demanda tristement avec de grands yeux.

- Non c'est pas ça ! Non, je serai toujours avec vous.

- Alors pourquoi tu ne pars pas casser la figure à mon père ?

- Ben non, je ne peux pas, ce n'est pas convenable.

- Regarde, il vient dormir ici à l'improviste avec son secrétaire ! Et où vont-ils passer la nuit, hein ? Dans notre chambre ?

Même si le noiraud ne voulait pas l'admettre, Felix savait bien qu'il n'était pas de son côté. Alors soit. Felix allait jouer le jeu, et tant pis si son personnel allait y passer. Puisque personne ne voulait le croire à cause de l'hypocrisie de son père, qu'il en soit ainsi. Au moins, il avait déjà essayé de laisser un avertissement.

- Très bien, dit-il en haussant les épaules, tu as sans doute raison. Il a peut-être changé. Je devrai renouer les liens avec lui.

- Voilà. Faites la paix, tout ça c'est du pas-

- Mais je te préviens : Ne regrette pas dans ce cas.

- Comment ?

Felix se leva avant de se diriger vers la porte alors que Changbin le suivait des yeux.

- Je t'aurai déjà prévenu.

Si quelque chose venait à mal tourner, il s'enfuirait. Il quitterait la maison, sans en parler à qui que ce soit, même pas à Changbin. Tant pis s'il allait se faire agresser dans la rue, ou s'il allait se faire renverser. Il disparaîtrait, tout simplement. Et là, tout le monde regretterait de ne pas l'avoir soutenu.

𝑴𝒂𝒋𝒐𝒓𝒅𝒐𝒎𝒐 •° ᶜʰᵃⁿᵍˡⁱˣWhere stories live. Discover now