Chapitre 4 - La Caverne

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— Il se réveille Virko ! J'ai vu ses yeux bouger sous ses paupières.
— Mais non ! Ja ! Il rêve, c'est tout. Ne dérange pas Virko, il trie sa récolte d'algues.
— Mais lorsque le Peau noire rêvait, il parlait une autre langue. Mais là, Val, il ne parle pas ?
— Poussez-vous petites bavardes ! J'apporte un nouveau pansement pour sa blessure.
— Tu fais ton vaillant, Lenn, car il ne bouge pas. Tu aurais dû te voir hier, quand il s'est mis à se battre dans ses rêves.
— C'était mieux de se reculer, plus... prudent. Vous avez vu comment même Virko le Géant a eu de la misère à le maîtriser. Il est fort, n'est-ce pas Xen ?
— Oui, très fort, réponds l'interpellé en se frottant la tête où une bosse bleuâtre démontre un choc récent.
L'ensemble des quatre petits Shoof des cavernes ricanent allègrement tout en s'affairant autour de Galenn qui gît, inconscient, dans un lit douillet d'algues séchées et de cheveux de géants. Les Shoof, Lenn et Xen, changent avec délicatesse, comme le leur a montré leur protecteur, Virko le Géant, la lourde compresse de verglasses de mer rouges. C'est surtout Ja, la plus petite d'entre eux, pas plus grande que deux mains d'humains réunies, qui s'extasie sur chaque détail du corps et menus mouvements du guerrier. Elle s'occupe de rafraîchir constamment son visage et son corps, avec des compresses de mousse d'algues, car oui, dans la caverne, il fait chaud, mais les blessures causent une fièvre qui ne cesse et qui inquiète le Géant.

Ce-dernier vient rejoindre les petits êtres aux grands yeux miroitants dans la pénombre. Dans ses mains brille une mince tunique faite d'algues brunes et de ses propres cheveux au reflet d'écume.
Il arrive et s'agenouille près du blessé. Sa longue carcasse de Géant des mers semble se recroqueviller sur elle-même alors que son corps, plus mou et flexible que les créatures de terre, se racornit pour permettre à sa tête et ses mains d'être plus près du corps humain, qui pour lui est bien plus petit. Autour de lui, les Shoof s'agitent en tout sens, comme il l'est dans leur nature d'être vifs, éveillés mais turbulents et bien souvent, gaffeurs.

— Calmez vous, les Shoof ! fait la voix de contrebasse du Géant. Val, va me chercher de la lumière, on n'y voit rien dans ce coin sans eau. Et toi, Ja, cesse de t'agiter autour de sa tête, tu vas aggraver sa blessure.
— Mais Virko, as-tu vu les symboles si jolis sur la peau de son cou et de sa joue ? On dirait les Lunes du dehors.
— Dès que j'aurai de quoi m'éclairer, je verrai, déclare prosaïquement le géant en attachant ses longs cheveux pour ne pas gêner ses gestes. Lenn, vous avez bien placé le pansement sur le torse ?
— Oui, Virko, répond sagement le Shoof aux grands yeux bleus qui s'attardent à suivre tous les gestes de guérisseur du Géant. Il a déjà séché et tiendra en place.
— Comme celui sur son bras, ajoute Xen qui ne veut pas être oublié dans les soins.
— Bien joué ! les félicite le Géant en ébouriffant d'un doigt la touffe de poil sur la tête de Xen, qui en roucoule de joie en fermant ses yeux jaunes.
— Voici ta lumière, mon cher Virko, déclare Val en accrochant une bulle de pierre cristallisée pleine de lave en fusion. Je l'ai remplie moi-même. Elle devrait éclairer pour une bonne partie de la nuit.
— Voilà qui est mieux ! dit Virko avec un grand sourire, ce qui fait ronronner de fierté la sage Val. Je me demande comment j'ai pu me passer de vos dons de manipulation de la pierre chauffée !
— Regarde les symboles ! insiste Ja en roulant ses grands yeux roses. Comme c'est plus beau avec la lumière !
— Attends, je dois d'abord inspecter ses blessures, puis lui enfiler cette tunique qui aidera à calmer sa fièvre. Je vais avoir besoin de la précision de vos petits doigts, mes amis.

Les cinq comparses s'attardent alors à soigner et à vêtir Galenn. 
Le Guerrier ne se réveille pas durant l'opération mais murmure un flot de paroles incohérentes. La tunique utilisé par le Géant s'enveloppe d'elle-même sur le torse de Galenn.  Elle luit doucement d'une teinte plus pâle que la peau sombre de l'homme, reflétant les lueurs rouge de la boule de lave.

Galenn - Le chemin des PierresWhere stories live. Discover now