Chapitre 18 - La Falaise Rouge

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Les vagues viennent mourir sur la plage de sable, semblant vouloir avaler toutes traces de pas que les rescapés y laissent.  L'étendue d'océan est vaste et uniforme, d'une couleur d'un bleu de nuit, laissant les yeux se perdrent dans l'immensité d'eau salée.  Au cœur de celle-ci, pour toujours, le Géant conservera les victimes. L'eau a brulé le feu qui est venu d'une incantation magique depuis le sommet des falaises rouges.

Les quelques survivants, à peine une dizaine, se déplacent sur la plage de sable orangé, le long des falaises innacessibles, afin de trouver un passage vers l'intérieur des terres. Leurs ressources sont bien minces, pas d'eau douce, aucune victuaille, peu d'armes.  Ils ont bien tenté de soigner les rescapés les plus touchés avec certains sorts que connaît Lenn ou encore la force des pierres de Galenn, mais certains sont très malades ou blessés, et les traitants déjà lourdement affaiblis.

Galenn et Kalya mènent le groupe, quoique la jeune fille soit encore très touchée par la disparition de son second.  Elle est muette depuis le départ de la plage qui les a accueillis après le naufrage.  De temps en temps, Galenn la surprend à essuyer ses yeux avec sa manche. Mais, il a décidé de lui laisser du temps.  Il se contente de lui prendre le bras et il a demandé à Val d'aller sur son épaule et de tenter de lui dire des mots apaisants.  La Shoof est depuis lors perchée sur l'épaule de Kalya mais se contente de la soutenir dans ses peines et ne réussit que peu à la faire agir et réagir.

Ils marchent en gardant les falaises à leur droite et la mer à gauche. 

Toute cette eau ... salée ! Qui nargue leur soif.

Lorsque le soleil atteint son zénith, ils se placent à l'ombre d'un surplomb rocheux et attendent que les heures chaudes et cuisantes passent.  À l'horizon montent déjà les plus petites lunes, Mnga et Zeio, avec leurs reflet nacrés de perle et de turquoise.  Galenn a toujours eu un attrait particulier pour Mnga la bleutée, qui rejoint et dépasse les autres lunes durant les nuits qui passent. 

Alors qu'enfin le soleil tend ses bras vers l'horizon, un tumulte émerge d'un groupe qui se tient depuis le départ à l'arrière, un groupe de quatre marins, qui explore depuis quelques temps la base de la falaise.  Dans le soleil couchant et le zénith des deux Lunes, les quatre hommes se lancent sans prévenir dans l'escalade de la falaise rouge.

—    Galenn ! fait Xen, que font-ils ? Même moi je n'oserais pas me lancer sur cette paroi !
—    Capitaine Kalya ! s'exclame Val, fais quelque chose.

Kalya les regarde, soulève les épaules puis retombe dans son mutisme.

Galenn se précipite à la base du passage qu'ils ont choisis.  Mais un vieux marin, au bras en attelle, l'arrête :

—    Je sais que tu veux bien faire l'ami !  croasse-t-il la gorge sèche, mais ils ont décidé d'essayer un autre chemin que celui que tu as choisis.  Il y a peut-être de l'eau là-haut !  De l'aide... avant que'on cuise comme un gigot bien trop cuit !
—    Mais...
—    Ils savent les dangers qu'ils courent, laissent les choisir leur chemin.

Galenn vient pour ajouter quelque chose lorsqu'un des hommes, rendu à mi-chemin, perd pied et culbute le long de la paroi.  Avec horreur, ils assistent à sa chute jusqu'en bas, impuissant à l'aider.  Dans le cou du Guerrier, la petite Ja se cache en gémissant. 

—    Ils connaissent les dangers ? reproche Galenn avec courroux au vieux marin.  C'est un suicide !
—    Mais, regarde mon petit, il en reste trois en voie d'arriver au sommet.

En effet, Galenn voit trois silhouettes qui atteignent le sommet et disparaissent rapidement de leur vue.

—    Eh les gars !  crie le vieux marin. Il y a quoi là-haut ?

Galenn - Le chemin des PierresWhere stories live. Discover now