Chapitre 13 - Le Géant

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C'est sur le roulis des eaux du large que les cinq compagnons se réveillent alors que les membres d'équipage autour d'eux s'activent et se préparent à prendre le quart suivant, celui du matin.

Dans leur hamac, près de celui de Galenn, les Shoof ont dormi les uns entremêlés aux autres dès qu'ils ont gagné la hauteur de ce lit berçant, après une soirée à manger et écouter toutes les histoires des marins du bord. Étrangement, les créatures des cavernes s'acclimatent plutôt bien à la vie en mer. Peut être un effet de se retrouver en groupe, comme un clan, dans une endroit restreint, comme une caverne. La soirée ne s'est pas déroulée de la même manière pour Galenn.

Après le bon repas, alors que la Géant prenait le large au soleil couchant, le guerrier bronzé est devenu d'autant pâle que la houle grandissait.  Les houblards des mers l'on vu venir et se sont amusés à ses dépens, osant proposer qui, un verre d'eau de vie, qui, une autre assiette dégoulinante de sauce bien grasse.  Rapidement, le teint de Galenn a tourné à un vert pâlotte, et le jeune homme n'a eu le temps que de se précipiter, sous l'hilarité de l'équipage, la tête par-dessus bord, pour rendre son repas aux poissons ! Par la suite, le guerrier au teint rendu pâle, est resté éloigné de la table, ne pouvant pas soutenir l'arôme du repas, de l'eau de vie ou du tabac fumé dans des pipes de pierres de mousse.  Heureusement, Lenn s'est ensuite empressé de fouiller dans son sac où il en a extirpé une poussière d'herbe qu'il a soufflé dans les narines du jeune homme agonisant ses entrailles. Ensuite, des marins compatissants ont porté Galenn jusqu'à son hamac où le jeune guerrier s'est blotti avec un soulagement non dissimulé. Il n'a pas tardé à dormir.  Lenn lui a administré de sa poussière deux fois durant la nuit, dès qu'il l'entendait gémir. Pour Galenn, cette nuit difficile lui a permis de découvrir qu'il n'avait pas le pied marin. C'est donc, l'esprit quelque peu barbouillé qu'il se lève, tresse ses cheveux et enfile ses bottes.

—    Je monte sur le pont, dit-il vers ses compagnons. Rejoignez-moi quand vous aurez mangé.
—    Toujours le mal de mer, Galenn ?
—    Ne m'en parle pas Lenn, répond le guerrier très pâle, ta poussière a fait effet mais je n'ai pas encore faim. 

Sans un mot, le petit Mage s'approche et grimpe sur l'épaule du guerrier.

— Tourne la tête vers moi.
— Lenn ! Tu crois que c'est nécessaire ? se plaint Galenn. Cela laisse un arrière goût, tu sais ?
— Si j'en crois ton teint : oui, une dose finale agrémentée de quelques pincées de mon cru, te redonneront des couleurs. Allez ! Regarde-moi : Galenn le verdâtre !

Le jeune homme tourne la tête vers le petit Shoof en fermant bien les yeux – et la bouche. voyant cela, Xen saute et donne un coup de poing dans l'estomac de l'humain. Galenn inspire fortement pour protester mais se retrouve enfumé de la poussière soufflé par Lenn.

Le guerrier se retrouve à genoux, cherchant son souffle. Lenn s'est éloigné d'un bon, en se secouant les mains de satisfaction.

— Voilà ! Tu vas reprendre tes forces.

Galenn ne dit rien, les yeux larmoyants, toussant et se frottant le nez et les joues avec force.

— C'est du joli ça ! reproche Ja. Virko ne pas appris les bonnes manières ?
— Oui, c'est ainsi qu'il faisait, proteste le petit Shoof un peu déçu.
— Rappelle-moi de ne jamais avoir le mal des vagues en ta présence, déclare Xen.

L'homme redresse son regard vers Lenn, qui recule un peu face à la rudesse qui s'en dégage un instant.

— Je t'assure, Galenn ! C'est ainsi qu'il m'a montré.

Face à la peur qui déforme les traits du petit Mage, Galenn reprends un contrôle de son attitude. Il ferme les yeux et lève un main apaisante vers le Shoof qui s'est éloigné de lui.

Galenn - Le chemin des PierresWhere stories live. Discover now