Galenn - Le chemin des Pierres

CHAPITRE 20 - Le Pilier

— Kalya ! chuchote Galenn, viens avec moi.

Tous leurs compagnons dorment profondément, épuisés par leur longue randonnée forcée. Les Shoof sont entrelacés dans un trou qu'ils ont creusés dans le sable cherchant l'isolation bienheureux de ce milieu auquel ils sont habitués.

Kalya se lève, un peu surprise que Galenn la réveille ainsi. En resserrant la pauvre chemise de coton qu'elle porte autour de son corps, elle suit Galenn sous les reflets argentés de Jaïa. La nuit est fraîche comme dans les déserts et le ciel sans aucun nuage. Aucune chaleur n'est conservée dans l'atmosphère et le corps fatigué de la Capitaine en souffre. Elle grelotte un peu et finalement, la marche impromptue lui fait du bien.

Galenn la conduit un peu plus haut, là où il ont réalisé la disparition de la rivière, des arbres, bref, de tout ce qui signifiait la vie. Le haut de la montagne n'est que sable et vent, illuminée par la Lune argentée.

Le Guerrier s'assoit en tailleur sur le sable. Le vent agite sa chemise pâle et Jaïa donne un reflet hypnotique à ses yeux bleus encadrés de ses mèches noires qui s'échappent de sa tresse. Sous cette lumière lunaire, avec son air décidé, elle réalise qu'il peut avoir un faciès assez féroce ponctué de sa cicatrice et de ses tatouages pâles sur sa peau foncée. Mais c'est Galenn, Galenn de Nulle Part. Elle ne peut avoir peur de lui.

Elle s'assoit près de lui et il l'invite du geste à se placer face à lui, genoux à genoux. La main noire, parée de la bague aux reflets bleu-verts, d'un geste décidé attrape ses doigts et les emprisonne dans une étreinte chaude.

— Kalya, commence-t-il d'une voix basse, es-tu prête à venir avec moi ?

La jeune femme se contente de le regarder avec de grands yeux, De quoi parle-t-il ?

— Il faut avoir confiance. On peut le faire.

Là, elle retire sa main, choquée :

— Galenn de Nulle part ou Galenn des Trois Lunes, j'espère que tu peux m'expliquer ces paroles vides de sens ! Et me convaincre que tu ne t'es pas fait des idées... après ce qui s'est passé hier, quand tu es revenu de la mer.

Galeen la regarde, incrédule. Puis, il fait le lien entre les paroles et le rapprochement d'hier sur la plage, alors qu'il lui a pris la main, porté par un geste instinctif de joie et de bonheur de la retrouver. Un sourire sarcastique naît sur son visage :

— Tu as peur que je m'aie concocté des projets pour cette nuit au Clair de la Lune, Capitaine ?
— Tu m'en donnes l'apparence Fils des Trois Lunes, avec ta mise en scène en me prenant la main et avec ces phrases qui m'invitent à aller quelque part ! rigole la brunette face à lui.
— Non, répond Galenn avec un sourire en coin, Je n'ai pas l'habitude d'amener les jeunes femmes sur le haut d'une dune, épuisée, affamée et assoiffée, afin de leur déclarer mes sentiments...

Tout en disant ses paroles à double sens, il a enlevé sa chemise et la dépose entre eux, sur le sable. Kalya, immobile et les yeux grands ouverts, découvre pour la première fois le prolongement des tatouages du visage et du cou de Galenn, qui se poursuivent sur sa poitrine et l'intérieur de son bras gauche. De plus, passablement étonnée, elle peut voir les cicatrices du chemin de guerrier de l'homme devant lui.

— Je... Tu...ces...
— Oui, je sais, cela surprend, répond-il en pliant sa poitrine vers le sol pour déposer, sur sa chemise, ses pierres qu'il pige dans le sac de cuir à son cou. Mais on ne va pas jouer à « on compare nos cicatrices »... pas aujourd'hui...
— Mais... tu oses ?... comment...
— Tu vois, Virko m'a expliqué que ces tatouages ici, dis Galenn en désignant sa poitrine, indique que ma famille possède des talents en processus magiques et qu'ils sont liés aux Lunes. Ce soir, Jaïa, est très présente et, de plus, nous avons en notre possession quelques pierres chargées magiquement.