Chapitre 7

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Lundi 15h50 

« C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »

La voix d'Evan résonnait dans la classe silencieuse. Tout le monde pendu à ses lèvres. Le temps s'est arrêté quand sa voix c'était levé pour débiter ce poème d'Arthur Rimbaud.

« Très bien, merci Evan ! », lui lança la professeure de littérature, « Est-ce que tout le monde a compris le sens de ce poème ? »

« Il est mort ? », demanda un des élèves.

« Oui c'est ça ! Quels sont les indices qui vous permettent de le deviner ?
- On dit qu'il a froid
- Exact, quoi d'autre ? »

Mais Evan avait déjà décroché. Il avait lu le poème, il considérait avoir fait sa part du travail. A la place, il se remémora la journée d'hier. A deux, avec Max, ils avaient essayé de trouver une solution à son problème de famille. Evan lui avait assuré qu'il devait aller en parler avec ses parents d'accueil actuel. Mais le blond refusait de remettre les pieds là-bas. « J'ai trop envie de casser la gueule à ce fils de pute », avait-il dit. Finalement ils avaient décidé d'appeler les services sociaux. Max semblait stresser, il avait dit que c'était parce qu'il n'aimait pas téléphoner mais Evan savait qu'il y avait plus que ça, que ces histoires de famille le bouleversaient beaucoup.

Finalement, les services sociaux lui avaient dit qu'ils allaient réfléchir à une solution pour lui. Ils n'avaient pas reparlé de ce qu'il s'était passé durant la nuit mais la tension était palpable. Chaque geste d'Evan était calculé pour ne pas toucher Max. Celui-ci ne se gênait pas et s'amusait même du cadet qui se crispait à chaque fois que leurs mains s'effleuraient.

La sonnerie retentit, sortant Evan de sa rêverie. Il sortit et alla rejoindre ses amis à la sortie.

« Bon les gars, c'est aujourd'hui ou jamais !
- De quoi tu parles ?
- C'est mon tête à tête avec ma prof aujourd'hui ! »

Louis et Nathan était déjà en grande discussion et Théo arrivait seulement. Seul Max manquait à l'appel.

« Ah oui c'est vrai ! »

Evan regarda son téléphone pour voir s'il n'avait pas reçu un message de son ami mais rien ne s'afficha.

« Fait pas le mec relou hein ! »

Il fronça les sourcils. Ou était-il encore ? Il regarda autour de lui un peu soupçonneux.

« Quoi ? Moi relou ? Jamais !
- Laisse moi rire.
- Evan ? Est-ce que je suis souvent relou ? »

Le concerné n'écoutait pas la conversation. Trop occupé à guetter la tignasse blonde dans la foule d'élèves qui diminuaient.

« Evan ? »

On le tira de ses pensées. Il secoua la tête et tenta un sourire.

« Oui quoi ?
- T'as la tête ailleurs pour l'instant.
- Il est peut-être amoureux ? »

MAXWhere stories live. Discover now