L'HISTOIRE EST A CEUX QUI L'ECRIVENT (novembre 845) Gunther Schültz

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Je ramasse mon paquetage et rejoins Erd et les autres à l'extérieur du dortoir

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Je ramasse mon paquetage et rejoins Erd et les autres à l'extérieur du dortoir. Nadja est déjà là elle aussi ; tous en route pour rejoindre nos foyers. Hier, le major a ordonné la dispersion du régiment pour la fin d'année, et j'ai du mal à me dire que peu de temps auparavant, je n'étais encore qu'un simple aspirant. Nous n'avons pris part qu'à une seule expédition mais je me sens déjà tout à fait à l'aise parmi les explorateurs. Ils me manqueront. Cependant, nous avons l'ordre de revenir dès le retour des beaux jours afin de gagner nos ennemis de vitesse. J'en déduis que le major va plancher tout l'hiver. Il ne s'arrête jamais, cet homme-là !

Claus nous serre la main à tous et nous informe qu'il va retrouver sa famille à Trost. Tu as prévu quelque chose pour Yule ? Il hausse les épaules et répond que le budget sera serré cette année et que ses parents vont se contenter de faire simple. A vrai dire, ce sera le cas dans tout le Royaume, je crois. Les réfugiés de Maria qui n'ont pas retrouvé de logement vont nécessiter des distributions de nourriture et d'abris. Ce sera pas joyeux et ça coûte de l'argent.

Claus s'éloigne avec son baluchon sur l'épaule et disparaît au coin du QGR. D'autres explorateurs se donnent l'accolade ou s'embrassent ouvertement avant de se quitter, et je décèle autour de nous les soupirs de soulagement des autres soldats. Ils sont sans doute bien contents de se débarrasser de nous ! Une partie d'entre eux doit rester en poste pour la saison et ne plus voir nos uniformes doit leur paraître reposant !

Ils ne sont pas les seuls cependant. Nos leaders vont aussi rester ici je suppose. Maintenant que j'y pense, je n'ai aucune idée de leurs situations familiales. J'ignore si le caporal-chef a un foyer où rentrer, on en a jamais discuté... Au moment où je songe à lui, le voici qui déboule, en compagnie de chef Mike, tous deux en uniforme comme si ce jour était comme tous les autres. Cela répond à ma question...

Ils se dirigent vers nous, et j'ai l'impression de faire un peu tache en tenue civile devant eux. Erd et Nadja les saluent comme à l'accoutumée et je me prépare à faire de même quand le caporal nous ordonne le repos. Maintenant que tout le monde est détendu, je demande aux chefs ce qu'ils comptent faire cet hiver.

Zacharias admet avoir envisagé de rentrer chez lui pour quelques jours, mais compte revenir vers la fin décembre. Quant au caporal, rester ici est une nécessité pour lui car il n'a nulle part d'autre où aller. Oh... je vois... Je ne savais pas. Si vous voulez, vous êtes le bienvenu à la maison ! Il me regarde de biais et je me demande un moment où j'ai pu trouver l'audace de lui proposer ça... Même Nadja me colle une bourrade gênée. Le caporal sourit en coin mais rétorque qu'il n'est pas de bonne compagnie, grincheux au quotidien - ça, c'est pas nouveau - et qu'il ne ferait qu'ennuyer nos familles. J'insiste pas alors. Donc, vous restez ici tout seul ou bien ?...

Il précise que le major et chef Hanji serons là aussi et qu'il ne risque pas de s'ennuyer. Tant mieux, rester seul pour Yule, c'est terrible ! Je sais qu'il aime la solitude, mais il doit malgré tout avoir besoin de chaleur humaine de temps en temps... Il nous demande en retour ce que nous allons faire de notre côté. Savourer les pâtisseries maternelles et prendre du gras ! Enfin pas trop, promis... Et aller chez les Gin afin de passer les fêtes, je suppose. Nadja et Erd hochent la tête. Chef Mike approuve et nous rappelle que c'est une chance pour nous d'être encore en vie et qu'il faut profiter de toutes les bonnes choses. Ooh, vous cassez l'ambiance... Je sais que c'est vrai, mais... j'aimerais penser à autre chose !

Nadja se gratte la nuque et annonce qu'elle ira sans doute donner un coup de main à la soupe populaire - un service de distribution de vivres mis en place par le gouvernement - et dans les dispensaires afin de se rendre utile. Elle me prend par la main et me demande si je voudrais l'accompagner... Mmh, je pensais passer l'hiver tranquille, moi ; je sais qu'il y a des gens dans le besoin, mais la misère me fout le cafard... Elle me lance un regard noir et je m'empresse de lui promettre de venir avec elle de temps en temps. Pas tous les jours, hein !

Zacharias s'esclaffe bruyamment en nous regardant nous chamailler et nous pointe du doigt en nous qualifiant de couple idéal. Vous... vous n'y pensez pas ! C'est pas ça du tout ! J'observe Nadja à la dérobée et je remarque bien qu'elle rougit... Hum, hum ! et bien, dans ce cas, tout est réglé ! Nous nous revoyons dans un mois et demi au plus tôt ! Prenez soin de vous, caporal-chef, ne prenez pas froid, et... enfin, au revoir ! Venez, les gars.

Nous commençons à nous éloigner à pas vifs, puis je me retourne afin de regarder nos supérieurs, les bras croisés, bien campés sur leurs pieds, toujours immobiles où nous les avons laissés. Ces hommes sont de vrais rocs, mais l'idée de les laisser entre eux ici m'attriste un peu...

Enfin, ils sont en pleine ville, il y a des tas de distractions, rien à voir avec leur ancien QG. temps sera vite passé.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 3 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant