Chapitre 1

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« Adieu mon homme,

Où tu vas je n'irai pas.

Où tu vas ne va personne,

Où tu vas il fait trop froid »

Pomme, Adieu mon homme

L'air filtrait entre les doigts, devenait la sensation au touché d'effleurer de la soie. Pour autant cela ne signifiait pas que la capture fut facile. Enfermer le vent s'avérait être aussi facile que d'enflammer de l'eau. La flamme s'éteindrait, l'eau se mettrait peut-être à bouillir, tout comme les mains se souviendraient de la fraîcheur de l'air sans pour autant l'avoir pu prendre en otage dans son poing serré.

—Layla, tu devrais rentrer ta main, me conseilla Dylan.

Refermant la fenêtre, ramenant mes mains à mes jambes, je me tournais vers mon ami qui conduisait. À côté de lui, Ingrid engloutissait, s'enfilait des bières sans donner l'espoir d'arrêter. Elle avait une belle descente, c'était certain. Et là où certains l'auraient pensé alcoolique au vu de ce que présentait cette scène d'elle, d'autres auraient simplement pardonné et rie en chassant la bêtise d'un « Ah la la, la jeunesse c'est plus c'que c'était. D'mon temps on allait au champs, on picolait pas comme des trous et on n'avait pas les moyens d'se payer des vacances à l'autre bout du monde ».

Dylan ne semblait pas aider, prenant une bière que lui tendait sa petite amie.

J'aurai pu conduire et les laisser picoler avec mes deux autres amis assis à mes côtés, mais aucun n'aurait été d'accord. De ce qu'ils en disaient, ma conduite était dangereuse et très peu économe. En somme, j'allais trop vite et ma tendance à appuyer sur la pédale d'accélération dès que j'en avais l'occasion faisait chuter la barre d'essence sur le compteur. Nous étions étudiants, pas millionnaire. Et l'essence, ça coûtait cher dans la vie.

Ingrid, la petite-amie de Dylan, se tourna vers moi. Encore loin d'être saoule, elle me proposa aussi une canette.

—Aller, joue pas la coincée Layla.

—Ingrid, je suis désolée mais je tiens à conserver mes neurones.

—Qu'est-ce que tu insinues au juste ?

—Qu'il y a peut-être une corrélation entre tes redoublements et ta consommation d'alcool.

Ingrid me lança la canette à peine ouverte qui m'explosa en main, son contenu mousseux se déversant sur moi et mes pauvres vêtements, me forçant un cri de surprise alors que ma meilleure amie éclatait de rire.

Elle passa fièrement sa main dans ses tresses violettes, révélant les tatouages sur ses avant-bras auxquels je faisais rarement attention.

—Ingrid ! Tu fais chier ! J'empeste la bière maintenant...

—Tu m'as cherché ma vieille, et j'ai encore gagné.

—Ah ah, riais-je faussement avec un ton qui se voulait sarcastique. So funny.

Elle pointa un doigt vers moi, son ongle peint en vert me semblant être une menace.

—J'ai peut-être redoublé ma première année de licence, et ma deuxième, mais je resterai toujours la meilleure parce que moi j'ai un merveilleux petit-ami.

—Je ne vois pas le rapport, m'indignais-je en croisant les bras.

Roch passa une couverture à Philipe qui se chargea de m'envelopper dedans.

—Je n'ai pas froid.

—Non mais on voit tes sous-vêtements à travers ton T-shirt mouillé.

Et je pénétrais mon regard dans celui de ma meilleure amie, encore plus furieuse tandis que je resserrais la couverture autour de moi.

Les Psychiques - Laisse-moi partirKde žijí příběhy. Začni objevovat