La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]

CHAPITRE 9, PARTIE 2 - La Seizième

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Je secouai la tête. Comment choisir ? Combien de fois ai-je rêvé de voir ma mère se tenir ainsi devant moi ? De n'avoir que quelques minuscules pas à faire pour la rejoindre ? Mais, qui serais-je pour faillir à ma mission ? Cet homme avait les mains rouges du sang de ses victimes, et il était de mon devoir de faire en sorte qu'il n'y en ait pas d'autre. En devenant Gardienne des Légendes, je m'engageais à protéger mon peuple. Qui serai-je pour servir mes intérêts personnels, au lieu de sauver les vies que j'ai promis de préserver ? Qui serai-je ?!

Tremblante, je posai un genou au sol et baissai la tête. Je ne pouvais pas choisir.

Je ne peux pas... Je refuse.

En un claquement sec, les deux personnages disparurent, devenant fumée. J'essuyai mes larmes, encore totalement perturbée par cette apparition de ma mère. Elle semblait si réelle !

Je perçus un battement d'ailes, puis le bruit caractéristique des sabots foulant le sol. Je relevai vivement la tête. La Légende de Magie était là, juste en face, à seulement quelque mètres de moi.

— Seira Illire Crystal, résonna sa voix en moi.

Je m'empressai de me redresser, puis m'inclinai, profondément impressionnée par la créature. Les mots restèrent bloqués dans ma gorge.

Seira Illire Crystal ? m'étonnai-je, croyant avoir mal entendu. L'émotion doit me faire imaginer des choses.

— Relève la tête, me dit-elle d'une voix vibrante et calme, presque douce.

Je m'exécutai et la vis s'approcher un peu plus.

— Tu as fait les bons choix, me dit-elle.

— Je n'en suis pas si sûre, regrettai-je en me tordant les doigts.

— Sais-tu ce que représentaient les deux oiseaux ?

Je niai de la tête.

— Il est bien plus facile d'aider ceux qui n'ont pas véritablement d'ennuis ; l'oiseau du second couloir n'avait pas besoin de toi : s'il l'avait voulu, il se serait envolé sans même devoir avoir recourt à la colère pour y arriver. En descendant dans l'ombre pour relever celui qui était enchaîné, tu as montré ta générosité.

— Je me suis enfuie...

— Tu ne t'es pas enfuie. Tu as accepté son aide et poursuivi ta mission ; c'est ce que tu avais à faire.

— Et... avec les pierres ? croassai-je, la voix encore rauque. Je ne sais pas si...

— Peu de personnes auraient pensé de la façon dont tu l'as fait ; mais c'était la bonne réponse. Toutefois, pour la dernière partie du test... tu as, en partie, échoué.

Je me mordis la lèvre. Ce n'était pas une surprise. Mais je ne regrettais pas ma décision.

— En partie ? formulai-je néanmoins.

— Si tu avais arrêté ton choix sur ta mère, tu aurais échoué ; cependant, en refusant de le faire, tu n'as fait que repousser le moment où tu devras véritablement opter pour l'un ou l'autre. Tu n'as ni gagné, ni perdu.

Elle marqua une pause.

— Ta mère aussi n'a pu se décider. Ne crois pas que nous sommes dénuées de toute humanité ; nous comprenons vos doutes, vos peurs, vos échecs, même si nous avions agi différemment. Ta mère n'a pu choisir entre sa famille et l'amour, et tu n'as pu te résoudre à tuer Archaos. Toutefois, en tant que Gardienne des Légendes, l'hésitation est proscrite ; le bien général doit passer avant le tien. Même si cela peut te sembler difficile pour l'instant, tout se fera plus clair au fur et à mesure que tu avanceras dans ta formation, m'assura-t-elle d'une voix grave et modulée.