CHAPITRE 30, PARTIE 2 - Ad vitam æternam

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(NDA : Je vous laisse choisir la musique, celle que je recommande est juste wow mais courte ♥︎ Ouvrez Spotify/Deezer/YTpremium et lancez la musique la plus touchante/romantique vous avez en stock ;) [le pdv est toujours celui d'Elyonounet])

Ses yeux étaient tournés vers la mer, scrutant l'horizon. On l'avait vêtue d'une longue et légère robe blanche, qui, trempée, soulignait la finesse de sa taille et la courbe de ses reins. Le tissu ondulait au même rythme que ses cheveux châtains, portés par le vent déchaîné de la tempête. Mouillés, ceux-ci avaient l'air plus longs et foncés qu'à l'habitude, et leurs boucles étaient plus resserrées. Seira n'avait que faire de la pluie qui s'abattait avec violence contre sa peau, n'usant même pas de ses ailes pour se protéger.

Elle dut sentir sa présence, car elle regarda derrière son épaule. Sous l'effet du mouvement, ses cheveux vinrent lui caresser les lèvres, qui malgré le froid ambiant, restaient d'un rosé doux et délicat. Chacune de ses joues était parcourue d'une traînée de larmes, qui se confondaient habilement avec l'eau laissée par l'averse. La concentration de sentiment que ses yeux renvoyaient compressa la poitrine d'Elyon avec virulence : colère, rancœur, tristesse, regret, impuissance, culpabilité... Jamais il n'avait vu de regard aussi intense. On pourrait s'attendre à ce qu'à tout moment, ils s'embrasent.

Et c'est là qu'il réalisa une chose, qui le heurta comme si on l'avait plaqué à terre. C'était une évidence, ça l'avait toujours été. Comment n'avait-il pas pu le voir ? Comment avait-il pu ignorer une chose si frappante ? Oui, Seira n'avait pas ce teint hâlé, caractéristique des êtres du Soleil, et elle venait à peine de recevoir ses ailes. Mais le sang chaud des Meridiems avait toujours coulé dans ses veines, et son cœur avait été pourvu de ce même feu ardent dont on leur faisait don à la naissance. En apparence, rien ne l'apparentait à eux ; mais à l'intérieur...

Ils se dévisagèrent longuement, s'interrogeant chacun en leur for intérieur pour savoir s'ils étaient prêts à faire le premier pas.

Tu as causé tout cela. C'est à toi de réparer, maintenant.

La colère qu'il se vouait à lui-même lui apporta l'impulsion nécessaire, et il fit un pas en avant, prononçant du bout des lèvres :

— Seira...

Il fut brusquement coupé dans son élan par un monstre blanc, doté d'ailes d'au moins sept mètres d'envergure, qui lui barra le passage. Plus surpris qu'effrayé, il recula vivement, les yeux vissés sur les crocs que la créature lui montrait en guise d'avertissement. Il reconnut l'espèce en un clin d'œil : une Lumière. Que faisait-elle ici ? En tout cas, un « n'approche pas » n'avait jamais été aussi clair.

— Halcyon, tout va bien, chuchota Seira dans l'oreille du dragon, effectuant de sa main de grands cercles sur son poitrail d'acier.

La bête gronda une dernière fois, ne détachant pas son regard de celui d'Elyon, qui, interloqué, ne savait plus comment réagir, même s'il avait une petite idée de ce qu'il était en train de se passer. La Lumière rangea ses dents et recula, allant s'allonger près d'un arbre à proximité. Elle était jeune : la clarté de son armure d'écailles ne trompait pas, d'autant plus qu'il restait encore un petit air de chaton sur sa grande tête de dragon.

— Bel Amili, commenta-t-il, comme pour détendre l'atmosphère.

C'était raté. Il vit les yeux verts se remplir de larmes à une vitesse alarmante, et alors qu'il avait recommencé à s'avancer vers la jeune fille, elle s'était comme pétrifiée et renfermée sur elle-même. La voir souffrir ainsi était d'une douleur abominable ; savoir qu'il en était la cause était en train de le tuer.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu