CHAPITRE 33, PARTIE 2 - Vainqueurs et vaincus

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[NDA : Musique recommandée : 300 Violin Orchestra (Jorge Quintero) / Ride to glory (Epic Score) / Archangel (Two Steps From Hell)]

Les Meridiems prirent leur envol, armes en main, alors que les Ombres chargeaient vers eux avec une démence dans le regard qui ferait reculer le plus brave d'entre eux. Mais la haine empiétait sur le courage, s'assemblait à lui, et doublait les quantités d'adrénaline.

Elyon accourut vers moi, braquant la lame de son épée dans la clavicule de son ancien ami. En réaction et à la vitesse d'un battement de cil, celui-ci sortit une dague de sa veste et me la pointa sous la gorge. Je n'osai plus respirer, craignant qu'un simple mouvement ne taille ma gorge. Il n'oserait pas.

— Ne fais pas ça, l'avertit Elyon. Abandonne, et rejoins-nous. Il n'est pas trop tard pour te faire pardonner.

— Il est toujours trop tard, répliqua froidement Leven.

Un long moment de flottement s'installa, et j'exploitai le soudain manque de concentration de Leven pour saisir l'occasion. La lame m'éraflerait peut-être, mais il fallait tenter le coup. Je devais prendre part au combat, toutes les chances devaient être de notre côté. D'un mouvement brut et rapide, j'administrai à mon geôlier un puissant coup de coude dans le ventre qui le fit se plier en deux. Simple, mais efficace. Je profitai du relâchement de son étreinte pour glisser entre ses bras, et m'éloignai le plus vite possible. La dague ne m'avait qu'effleurée ; je sentis une minuscule goutte de sang se créer au bord de l'égratignure.

Elyon me prit dans ses bras, me serrant de toutes ses forces. Un moment d'intimité au milieu d'une telle bataille, c'était insensé ; et pourtant, à la chaleur que dégageaient nos deux marques respectives, je sus que c'était nécessaire. Avant de se détacher, ses lèvres se plaquèrent avec force sur les miennes.

— Tu n'es pas blessée ?

— Non, il n'a pas eu le temps de vraiment me toucher, le rassurai-je.

Il se passa une main dans ses cheveux de jais, les ébouriffant au passage. Je vis sa mâchoire se contracter, et je sus que ça allait être ma fête :

— Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?! J'ai cru devenir fou quand on a découvert que tu avais disparu !

Il m'en voulait beaucoup, et ce constat me serra le cœur. Tu t'y attendais. J'ouvris la bouche pour répondre que je ne souhaitais pas qu'il leur arrive quelque chose, que je n'avais pas le temps de les attendre, mais rien ne sortit.

Ses iris bleus s'intéressèrent alors à la goutte de sang dans ma gorge, et il l'essuya de son pouce. La souffrance passa dans ses yeux. Je le rassurai d'un faible sourire, ma paume embrassant la courbe de sa joue.

Une immense boule de feu manqua de nous brûler vifs. Notre bulle éclata d'un coup, et notre côté guerrier fit instantanément surface. Le Profundeanus se mit à scintiller dans mon poing, vibrant presque, comme s'il savait que c'était son moment. Je n'eus à peine à le penser que ma main avait déjà positionné ma première flèche. Elyon, lui, avait fait apparaître son arme à son épaule — une épée qui paraissait très lourde — ses mains trop occupées à accueillir le projectile de magie qu'il s'apprêtait à infliger à son futur ennemi. Une aura étrange l'enveloppait également, et je devinai que se devait être une aura d'Antimagie particulièrement puissante : quiconque s'approcherait de trop près se verrait privé de ses pouvoirs pendant quelques minutes...

Je me concentrai sur ma première cible, tandis qu'une voix de serpent ne cessait de tourner en boucle dans ma tête : « Si tu tues, tu deviens une meurtrière. » Oui, mais si je ne le fais pas, c'est l'autre qui me tuera.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Where stories live. Discover now