CHAPITRE 28 - L'Eclipse

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NDA : Je recommande la musique ! Bonne lecture ♥︎

—    Dépêchons-nous, s'exclama Lenora.

La jeune fille courait presque dans les couloirs, connaissant le chemin jusqu'à la salle de trône comme sa poche. C'était là-bas que nous allions rencontrer la reine.

J'adressai une rapide caresse à Halcyon, lui demandant de rester dehors et d'être sage. La créature accepta avec joie, et c'est le cœur un peu lourd que je me séparai d'elle, pour rejoindre mes amis, déjà loin devant.

Halcyon était devenu un véritable confident, un ami si sincère que j'avais la sensation de le connaître mieux que moi-même, mieux que personne au monde. C'était incroyable. Je n'étais liée à lui que depuis une semaine, et pourtant je le comprenais comme si je savais déjà tout de lui — et réciproquement.

Je me hâtai de rattraper mes amis, qui n'avaient pas remarqué mon retard. Cela se voyait par la façon dont ils se déplaçaient, parlaient, observaient ce qui se passait autour d'eux : tout le monde était extrêmement nerveux, bien que sûrement pour des raisons différentes. Moi par exemple, j'avais l'impression de voir des yeux bleus partout. Je m'attendais à le voir surgir de derrière une porte, une colonne, passant devant moi sans me remarquer. C'en était devenu obsessionnel, allant même jusqu'à me faire oublier le véritable motif de ma présence ici : trouver protection auprès de Kalyra, et chercher des informations qui nous permettraient de retrouver Oblivion pour protéger la clé.

Je me forçai à me reconcentrer. Je devais me faire à l'idée qu'il n'était certainement pas là, et que c'était mieux ainsi.

Le palais, comme il le laissait croire déjà rien qu'en observant son extérieur, était absolument énorme, et magnifique. On retrouvait des allusions au soleil et au feu un peu partout, même au sol : sur chaque carreau était représenté un élégant et simple soleil doré. Il y avait peu de portes, beaucoup de façades étaient ouvertes sur l'extérieur. Quelques statues, très imposantes avec leurs ailes de pierre, nous avertissait d'un regard à la fois menaçant et sage. De colossales coupes d'or accueillaient de monstrueux feux de bois, qui ne s'éteignaient très certainement jamais. Au centre du couloir se tenait un grand bassin rempli d'inaras, ces fleurs délicates à la dizaine de pétales blancs et jaunes, parés de légers reflets dorés.

Troublée par cet environnement si peu familier, j'allai rejoindre Lenora, qui menait la marche. Me calant sur son allure rapide, une question survint alors dans mon esprit :

—  Dis-moi, chuchotai-je. Ta grand-tante, quel est son pouvoir ?

—  Il est de type psychique, me répondit la jeune fille, un peu distraitement. C'est principalement lui qui fait d'elle un être si redouté. Je n'en connais pas réellement l'ampleur, car elle ne l'utilise presque jamais en public ; mais ma mère dit qu'elle est capable de ressentir les émotions et les peurs des autres, de percevoir leurs désirs, leurs espoirs et leurs rêves. Même qu'une fois, elle aurait lu l'aura d'un homme qui avait été accusé de trahison, et déterminé son innocence.

Ma bouche faillit se décrocher. Je la fixai, abasourdie, me demandant si elle n'était pas en train de se payer ma tête, et retins un rire nerveux. Elle dut s'en rendre compte, et d'un air extrêmement sérieux, protesta :

—  Mon peuple considère souvent la femme inférieure à l'homme — c'est absurde, je sais. Si elle n'avait pas été aussi puissante, penses-tu que ses conseillers auraient accepté de la voir succéder au roi Othorion ?

Sur ces mots lourds de sens, elle stoppa sa marche. Abasourdie, je ne me rendis pas tout de suite compte que l'on se trouvait devant une large entrée en ogive retenue par des colonnes. Dépourvue de portes, elle menait à une salle à la longueur et à la largeur impressionnante ; cette-dernière était éclairée par de très hautes fenêtres, qui mettaient en valeur la lumière du soleil couchant et laissaient voir un panoramique sur tout le royaume. Un grand nombre de personnes s'y activait, la plupart en tenue d'apparat, prônant leur statut de nobles. Les multiples conversations engagées aux quatre coins de la pièce généraient un véritable vacarme, qui bourdonnait à mes oreilles trop sensibles d'Aequoriale. Surélevé par une estrade d'une demi-douzaine de marches, un éminent siège de velours blanc aux broderies d'or dominait la foule. Le trône.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Where stories live. Discover now