CHAPITRE 22 - Lueur d'espoir

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—        Je reste.

Mes deux mots avaient résonné fort dans l'immensité vide, sonnant comme deux gongs. J'espérai ne jamais regretter la décision que je venais de prendre.

Ma mère me sourit tristement, alors que ses yeux virent miroiter une lueur de fierté dans leurs iris verts. Cela me redonna courage, et je me précipitai dans ses bras, dans un ultime au revoir.

Ses deux bras m'enserrèrent fermement, alors que je sentis nos deux cœurs se gonfler d'amour et de tendresse.

—        On se retrouvera, me murmura-t-elle tout bas à l'oreille. En attendant, savoure chaque instant des moments qu'il te reste à vivre. La vie est un voyage unique. Si la mort est libératrice, la vie est indéniablement belle. C'est elle qui forme la personne que tu es et qui vivra dans la mort pour l'éternité.

Mon visage perdu dans ses cheveux, je hochai vivement la tête et tentai de dissimuler mon émotion en laissant mes longues mèches brunes tomber devant mes yeux.

L'espace entre nos deux poitrines s'élargit alors, et ce n'est que quand je relevais le menton que je distinguai à quel point elle s'était éloignée. Prête à partir, dos à la porte, son regard fouillait le mien en transportant avec lui un message gorgé d'amour.

Les deux larges battants du portail étaient maintenant grands ouverts, une vive lumière s'échappant du monde qui se trouvait derrière lui : Lytenis. De loin, j'eus presque l'impression de voir des ombres bouger, d'une forme vague, mais relative à celle humaine.

—        Je dois y aller, dit-elle, masquant mal ses sanglots.

J'étais incapable d'articuler quoique ce soit : manifestant ma réponse en hochant la tête, je la vis se rapprocher de plus en plus du portail. Mon cœur se déchirait à mesure qu'elle s'éloignait. Sans réfléchir, mes jambes coururent jusqu'à elle et, avant qu'elle ne franchisse le passage, je la retins par le bras. Déconcertée, elle s'immobilisa et j'en profitai pour l'étreindre, une dernière fois.

—        Je t'aime, bafouillai-je.

Ses bras m'enlacèrent encore plus fort tandis que je sentis une goutte s'échouer sur mon épaule.

—        Moi aussi. Tellement.

—        Embrasse Papa pour moi, lui réclamai-je d'une petite voix.

—        Je n'y manquerai pas, me promit-elle.

Elle se redressa et je sus alors qu'il était plus que temps, que ma mère ne pouvait pas rester plus; Lytenis l'appelait. Après un dernier regard, bien trop furtif à mon goût, son corps s'effaça dans l'océan de lumière. Et, avant que la porte ne se referme totalement et ne disparaisse, je crus apercevoir un visage; entouré de cheveux bruns et ondulés, semblables aux miens, il affichait de grands yeux brillants et d'une magnifique couleur marron. Son teint était hâlé, et ses lèvres déformées en un doux sourire. Un nom apparut en moi, et inconsciemment, je l'associai à cet homme.

Laiken.

Papa.

***

Point de vue d'Elyon

« On ne peut pas la sauver. »

« On ne peut pas la sauver. »

« On ne peut pas la sauver. »

On ne peut pas la sauver.

Il n'arriva pas à y croire. Ces mots n'avaient aucun sens. Ils résonnaient de manière étrange dans ses oreilles, comme si son cerveau ne reconnaissait pas les sons. À ce moment-là, quand l'elfe médecin lui avait dit qu'il ne pouvait rien faire, qu'il n'avait rien pour la guérir, il lui avait semblé que son cœur le lâchait. Et l'avenir avait commencé à lui faire peur. Pas de cette crainte innocente et légère, que l'on nomme l'anxiété ; non, c'était une peur viscérale, qui frappe si violemment qu'elle en donne de sueurs froides. Pourquoi un tel sentiment ? Pourquoi avait-il autant besoin d'elle pour vivre ?

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Where stories live. Discover now