Pᴇʀsᴏɴᴀʟ Sᴇᴄʀᴇᴛᴀʀʏ

01 - Interview -

Ce fut la sonnerie stridente de l'alarme de son téléphone qui la réveilla avec la nouvelle chanson des Gucci Bunies. C'était un vrai carton en ce moment. Ils venaient de refaire leur comeback après trois ans de pause. Et les rumeurs sur leur prétendu couple s'étaient taries. En même temps, qu'ils soient réellement en couple ou pas, cela ne changeait rien au fait qu'ils étaient de super artistes. Elle avait beau les connaitre, elle était impressionnée de voir à quel point c'étaient des célébrités. En même temps, ça faisait des années qu'elle ne les avait pas vus...

Grimaçant de douleur, la jeune femme éteignit le réveil de son portable puis s'étira et se leva avant de se diriger vers sa petite cuisine afin d'y prendre un comprimé pour faire passer son mal de tête. Une fois le médicament avalé, elle soupira en se maudissant de s'être laisser embarquer avec son amie dans un bar afin de noyer son chagrin pour avoir une énième fois été recalée lors d'un entretien d'embauche. C'était le dixième en un mois. Un mois qu'elle avait perdu son emploi à cause de son ancien employeur un peu trop tactile avec elle.

Et comment prouver que ce dernier est un gros connard et harceleur quand c'est le fils du président de l'entreprise pour laquelle vous travaillez et dont tout le monde fait des éloges ?

Qui croire ?

Lui le parfait gendre, élu comme l'une des plus jeunes figures et précurseur de l'évolution de l'informatique, beau, né avec une cuillère en argent dans la bouche, ou une simple employée, pauvre, qui a le seul avantage d'avoir un bonnet D ?

Pourtant, elle ne s'était pas laissé faire et avait dénoncé ces agissements ce qui lui avait valu finalement d'être accusée de croqueuse de diamants et d'être renvoyée sur le champ.

Un monde pourri jusqu'à la moelle.

Était-ce de son fait aussi elle ne trouvait pas de travail ?
Elle commençait à se poser la question.
De plus, il l'avait bien menacé de lui rendre la vie infernale si elle refusait d'être sa maitresse.

La gifle monumentale qu'elle lui avait infligée restait encore aujourd'hui une de ses plus belles satisfactions.
Elle regarda sa main avec un petit sourire satisfait puis se dirigea dans sa salle de bain afin de s'habiller pour sortir s'acheter un petit déjeuné, son frigo était vide.

Au moment où elle allait franchir le seuil de sa porte, son téléphone se mit à sonner et elle y répondit à la seconde. C'était son conseillé de recherche d'emploi.

À peine avait-elle raccroché, qu'elle se rua dans sa chambre à la recherche d'un vêtement classique pour l'entretien d'embauche que venait de lui débaucher son conseillé.
Elle avait à peine une heure.

La jeune blonde arriva juste à temps, essoufflée et les cheveux en bataille à l'agence.
Elle n'avait pas eu le temps, comme à son habitude de faire des recherches sur l'entreprise.
Elle avait espéré les faire dans le bus mais comme par hasard, il était bondé et il lui avait été impossible de regarder sur son portable.
Elle avait juste eu le temps de voir que c'était une entreprise jeune, datant de deux ans à peine et qui commençait à s'imposer dans l'industrie artistique. C'était une agence qui employait de jeunes danseurs plus particulièrement.

Lorsqu'elle entra dans l'enceinte du bâtiment, elle rechercha d'emblée les toilettes afin de revoir rapidement sa tenue. Elle suivit les indications et trouva enfin la pièce, ne se préoccupant guère des regards surpris et dédaigneux que lui lancèrent les deux autres jeunes femmes qui s'y trouvaient.

Revoyant sa tenue, bien moins extravagante que les deux autres sûrement plus jeunes, et se regarda avec fierté dans le miroir. Elle n'avait rien à leur envier. Elle était belle, sûre d'elle et possédait un atout monumentale. À bientôt vingt-cinq ans, elle n'avait plus le temps de s'arrêter sur le regard que lui portaient les autres.