~Breath-

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J'ai toujours été persuadée de tout réussir dans ma vie, de tout contrôler, et de tout tenir entre mes mains. Chaque écart, chaque chose que je faisais de travers me mettait dans un état pas possible.

Et c'est particulièrement dans l'état que je suis maintenant.

J'ai les yeux rivés sur la fenêtre de la chambre à Tao, et je pourrais presque entendre mon cerveau mouliner à l'intérieur de mon crâne.

Comment j'ai pu laisser passé ça? Et pourquoi j'ai l'impression que tout m'échappe? Je n'arrive pas à me mettre en tête que j'y arriverai, et cet échec me rend dingue. Je serai seule dans cette maison, je me serais déjà arrachée les cheveux en hurlant.
Mais je me suis promis de ne plus refaire ce genre de crise. Surtout pas quand il y a du monde autour de moi, je dois me contrôler désormais. Ou aucun de ceux présents aujourd'hui ne comprendrait ce qui m'arriverait.

Voilà plusieurs années que je n'arrive plus à contrôler parfaitement mes humeurs. Assez drôle pour une psy, pas vrai?
La cause de tout ça? Ma volonté de toujours vouloir le meilleur, de toujours atteindre mes buts. Je m'étais forgée un caractère incroyable à ne jamais affronter  l'échec, et à toujours accomplir ce que je souhaitais. Durant toutes mes études, j'ai réussi tout ce que j'entreprenais, si bien que rien ni personne ne pouvait me déconcentrer sur quoi que ce soit.
Après mon départ de Corée, je m'étais jurée de trouver un métier qui me permettrait de m'échapper de tout ça, et de ne jamais être obligée d'y retourner.

Et j'ai réussi, je me suis fait embauchée dans une des meilleures agences de France, et ai rapidement prouvé que j'y avais ma place.

C'est après que j'ai commencé à me rendre compte. Me rendre compte que mon caractère n'était rien qu'une carapace, une façon de coincer et de garder en moi tout ce que je ne voulais pas que les gens découvrent. Et ça m'a énormément coûté.

Au départ, ce n'était que des petites remises en question, mes nerfs qui implosaient de temps en temps. Et, au fur et à mesure du temps, ça s'est littéralement transformé en pétages de plomb. Je me mettais à hurler quand quelque chose ne se passait pas comme je le voulais, et je pouvais tout exploser sur mon passage. Envoyer balader des gens sans réellement le vouloir, casser des cadres, des vases, de la vaisselle... tout ça parce que je ne supportais pas un petit échec, parce que je n'arrivais pas à avoir ce que je voulais.

J'ai perdu des dizaines d'amis, car je disais des choses qui allaient beaucoup trop loin, je remettais toute la faute sur leur dos, alors qu'ils n'étaient là que pour m'aider.

Et puis... il y a eu cette jeune fille. Celle qui m'a fait réaliser que j'étais aller trop loin, et que tout ça ne me mènerait à rien. J'avais trouvé plus têtu que moi, et je me suis énormément remise en question. Jusqu'à sa mort. J'ai arrêté de travailler pendant plusieurs semaines, et quand j'ai repris, mes crises ayant cessé ont recommencé, instantanément. Sauf que... j'arrivais à me contrôler un minimum, laissant ma colère sortir, uniquement chez moi, lorsque j'étais seule.

Avec le temps, ça s'est atténué.

Mais aujourd'hui, j'ai bien l'impression que ça recommence.

Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à le cerner? Que me veut-il à la fin? Putain, mais comment est-ce que je dois m'y prendre?!

J'allais exploser, je le savais.

Respire Saejin, respire...

« Putain! »

Ma main traversa l'air, et se heurta contre un cadre qui s'écrasa au sol, dans un bruit de vitre brisée.

Respire...

Je pris une grande inspiration, avant de me pencher pour ramasser mon bordel.

Une larme coula sur ma joue en découvrant la photo.
Elle datait de quelques années, quand Tao et moi nous étions rendu à Tokyo, pour aller ensemble à DisneyLand.

Respire...

La porte s'ouvrît dans un bruit cinglant, et Baekhyun apparut.

« Sae! Ça va? S'empressa-t-il de demander. »

J'essuyai furtivement mes larmes, et relevai un visage qui se voulait rassurant vers lui.

« Ouais... excuse-moi, j'ai fait tomber le cadre. »

Il s'approcha alors de moi, et se mit à genou pour m'aider à ramasser les quelques morceaux restants.
Je le remerciai d'un regard, et il s'assit à mes côtés, sur le rebord du lit.

« Tu étais où la nuit dernière? Demanda-t-il en posant les morceaux de verre sur la table de nuit.

- J'étais censée aider les BangtanBoys à aller mieux, ça s'est juste... terminé plus tard que prévu, et j'étais trop fatiguée pour reprendre la voiture, inventai-je, j'ai pris une chambre d'hôtel.

- Je vois, continua-t-il, et c'est pour ça que tu portes un t-shirt qui n'est pas le tien? »

Je baissai la tête vers mes vêtements, et me redis compte que je ne m'étais changée qu'à moitié ce matin: je portais encore le haut de Jungkook.

« Ils m'en ont prêté un pour passer la nuit plus confortablement.

- Tu ne me le fais pas à moi, Saejin. »

Je relevai les yeux vers lui, fronçant les sourcils.

« Bref! Dit-il en tapant légèrement ma cuisse. Tu restes ici ce soir? Kai et Sehun ont préparé des ramens.

- J'étais juste venue récupérer des affaires. Répondis-je. Je vais prendre mon appartement de fonction. »

Ce coup-ci, c'est lui qui fronça les sourcils, et pencha la tête sur le côté.

« Tu sais qu'on a encore une chambre ici. Compléta-t-il. Tu n'es pas obligée de rester seule.

- Ouais, mais c'est plus facile pour travailler. »

Il hocha simplement la tête, mais reprit bien rapidement:

« Reste au moins manger dans ce cas. Ça pourrait te faire du...

- Ça ira. Le coupai-je en me levant. Je suis fatiguée, il faut que je me repose. »

Je saisis mon sac de voyage, rapidement, et me dirigeai vers la porte de la chambre.

« A plus, Baek. »

Il ne répondit rien, et j'en profitai pour sortir.

Je ne croisai personne en bas, mais j'entendis tout de même les rires incessants des gars dans la cuisine et le salon.

Cette fois-ci, ça ne me fit pas sourire, et je sortis de leur maison quelques secondes après.

Ils n'arriveraient pas à me calmer, et je le sais bien. Je n'ai pas besoin qu'ils s'inquiètent pour moi, qu'ils prennent soin de moi, et je ne le veux pas non plus.

Il n'y a qu'une seule solution pour que j'aille mieux, et ça, avant demain soir. Une seule solution pour que je me sorte tous mes problèmes de la tête, et que je puisse m'évader.

Elles sont les seules personnes pouvant m'aider, et là, j'ai vraiment besoin d'elles. J'espère seulement avoir le courage de les rappeler, après plusieurs années d'absence. Et j'espère par dessus tout qu'elles accepteront de m'aider, et de me soutenir...

Mais avant ça, j'ai besoin d'une seule chose: une bonne nuit de sommeil, calme, et apaisée.

Still in Time                                   ~{JJK}~Where stories live. Discover now