Chapitre 2

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L'ami du blond ne bougea pas de la porte pendant quelques minutes. Ses yeux étaient posés sur le bout de papier qu'avait sortit Bang Chan un peu plus tôt. Les quelques lieux qui y étaient marqués lui firent serrer les dents et son regard n'en devint que plus noir encore, si cela était seulement possible - ce dont Chan doutait fortement au vue de la noirceur de ceux-ci. 

Sans pouvoir le retenir, un frisson d'appréhension parcourut le dos du blond. Son coeur accéléra sa course tranquille alors qu'il attendait que son ami ne parle. Il savait qu'il ne devrait pas être ainsi, il aurait dû se lever et pousser Sungjin en dehors de son espace. Il aurait dû le faire et pourtant il ne le faisait pas.

Il avait beau les repousser il n'arrivait pas à se fermer totalement à eux. Ils avaient été ceux qui avaient toujours été présent pour lui. Chan savait qu'il n'avait qu'à en appeler un pour qu'il se ramène, et il savait qu'il était capable de faire la même chose pour eux. Il les aimait trop pour les laisser souffrir. C'était la raison pour laquelle il devait se reprendre, se lever et virer Sungjin de chez lui.

Mais avant qu'il n'ait pu faire un seul mouvement vers lui, son ami se pencha pour lui prendre sa feuille des mains. En même temps, il en profita pour avancer de quelques pas et d'enfin être dans la chambre du blond. Il ferma la porte d'un coup de pieds assez violemment pour que le bout de bois se claque contre son chambranle.

"- Alors c'est ça que tu fais pendant qu'on se casse le cul à essayer de te ramener près de nous ? Demanda amèrement Sungjin en froissant la pauvre feuille.

- Je- Ça ne te regarde pas Sungjin." Essaya de dire sèchement Chan en fronçant les sourcils.

Son ami - vraiment Chan doutait qu'il puisse l'appeler encore ainsi après tout le mal qu'il avait fait - eu un rire froid avant de balancer le bout de papier froissé sur le sol impeccable de la chambre du blond.

"- Je crois que si ça me regarde, au contraire. Et tu sais pourquoi ? Parce que c'est moi qui doit m'occuper de tout le groupe pendant que toi tu te décide tranquillement d'un endroit où crever !"

Sungjin était certainement très dur avec Chan à ce moment là. Mais le blond ne pouvait pas lui en vouloir. Il savait que le groupe pouvait être extrêmement chaotique. Il l'avait vu à de nombreuses reprises au fil des années. Ce n'était parce que leur groupe était factice qu'il était explosif mais tout simplement parce que chacun avait sa propre personnalité et que certaines d'entre elles étaient explosives.

"- Alors tu vas bien gentiment revenir pour pouvoir enfin les rassurer. Continua Sungjin d'une voix ferme.

- Non..." Répondit simplement Chan.

Sa voix calme énerva sans doute encore plus Sungjin qu'il ne l'était déjà pendant que Chan se baissait tranquillement pour récupérer sa feuille et la défroisser au maximum. Il passa devant son ami pour aller tranquillement la ranger quelque part où il pourrait la retrouver pour continuer son activité préférée du moment : préparer ses derniers instants.

En se retournant, il vit que Sungjin n'avait toujours pas bouger de sa place. Il soupira alors et se dirigea vers son lit pour s'y allonger. Il sentait bien les yeux remplis de colère de Sungjin le suivre mais il n'en avait plus rien à faire. Il savait que son ami partirait, comme à chaque fois qu'il se rendait compte qu'il ne pourrait pas faire revenir Chan. Et, bien que ça commençait à être vraiment long, Chan savait que cet instant allait finir par arriver. Et, quand cet instant arriverait, il pourrait enfin laisser quelques larmes couler de ses yeux, des larmes de douleur - celle de devoir toujours rejeter les personnes qui comptaient le plus pour lui.

Les poings de Sungjin se serrèrent alors que Chan lui tournait le dos. Son ami s'avança alors à grands pas de lui et le retourna violemment, laissant Chan être extrêmement surpris. Sungjin n'était pas quelqu'un de violent. Il avait peu de patience mais il n'était pas colérique, il se refermait juste. C'était pour cela qu'il abandonnait rapidement quand Chan ne voulait pas faire d'effort. 

En croisant son regard Chan ne put rater l'éclat de ses yeux. Un éclat de panique, de réelle panique. Sungjin savait que si il n'arrivait pas à faire revenir Chan alors il le perdrait pour toujours. C'était ce qui lui donnait la force nécessaire pour rester.

"- Je veux pas de "non" Chan ! Il faut que tu revienne dans le groupe !

- Sungjin... Je veux plus revenir ok ? J'en ai ma claque.

- Pourquoi...? Souffla Sungjin en baissant la tête.

- Tu veux vraiment savoir pourquoi ? Merde Sungjin, je meurs dans trois putain de jours ! Et vous... Vous me parlez de votre avenir... J'en ai aucun moi d'avenir. J'en ai ma claque de vous voir heureux dans votre petite parfaite, vous ne faîtes que me rappeler que je vais crever. Et puis votre pitié à deux balles j'en ai pas besoin.

- Notre petite vie parfaite ? Répéta Sungjin avec, de nouveau, ce rire si sec qui envoya des frissons d'appréhension dans le dos de Chan. Tu te foutrais pas un peu de ma gueule ? A quel moment notre vie est parfaite au juste ? Jisung et Hyunjin sont allés à l'infirmerie aujourd'hui. Ils se sont tellement gueulé dessus qu'ils ont finit par en venir aux mains et je ne sais même pas pourquoi parce que je dois surveiller H24 Jeongin. Seungmin passe son temps à pleurer quand il pense qu'on le regarde pas alors qu'il ne pleure presque jamais. Jeongin... Ses notes arrêtent pas de baisser tellement il ne dort plus. A quel moment notre vie peut être parfaite hein ?

- Pourquoi ils se sont battus ? Ne put s'empêcher de demander Chan, inquiet malgré tout.

- Tient ? Ça t'intéresse maintenant ? Ils se battent parce que Jisung est hors de contrôle. Il essaie tellement de capter ton attention qu'il est presque redevenu comme au collège. Et Hyunjin supporte toujours pas ça. Sans compter le fait qu'il a maintenant un copain et qu'il ne fait que narguer Hyunjin avec ça. Et lui il ne pense même pas à deux fois avant d'entrer dans son jeu parce qu'ils savent tous les deux que c'est avec ce genre de dispute que tu vas t'inquiéter.

- Pourquoi ils voudraient que je m'inquiète ? Vous connaissez tous ma date de mort...

- Justement. Ils veulent... On veut tous pouvoir te dire au revoir avant. On veut pas que tu nous enlève ce droit. Tu peux pas le faire Chan. Alors comme tu viens plus en cours et que tu empêches tout le monde de rentrer chez toi c'est le seul moyen de te faire revenir auprès d'eux."

Chan ne lui répondit pas. Il ne lui répondit même plus du tout. Il s'enferma dans son mutisme en attendant que Sungjin s'en aille. Ce dernier fit par comprendre qu'encore une fois il était venu pour rien. Il regarda une dernière fois Chan avant de partir pour amener une énième mauvaise nouvelle à ses amis qui l'attendait chez lui.

Quand à Chan, il ne bougea pas de position alors qu'il laissait enfin ses larmes couler le long de ses joues pales. Il regarda son plafond pour certainement une heure avant d'entendre sa mère l'appeler pour qu'il vienne manger avec elle et son père. Mais il ne bougea pas plus. Encore une fois il descendrait bien plus tard pour être sûr de ne croiser personne.

Il se leva seulement pour reprendre son bout de papier. Il passa près de son bureau et déverrouilla l'un de ses tiroirs. Il en sortit un carnet à l'aspect usé. Son carnet de vie en main. Il prit enfin place sur la chaise en bois qui était devant son bureau.

Il regarda les quelques informations inscrites sur son petit carnet usé. Et un sourire triste vint orner ses lèvres en voyant les quelques petites informations rajoutées au crayon de couleur.

Nom : Christopher Bang *Chan*
Sexe : Masculin
Famille : Une mère, Un père *Cinq frères*
Date de naissance : 03.10.XX00
Heure de naissance : 00h01
Date de mort : 02.10.XX18
Heure de mort : 23h58

Son sourire devint amère. Mais il ne démonta pas. Il mit au point son dernier emploi du temps. Il prépara chaque minute sur le plus beau pont qu'il ait pu voir dans sa vie.

Dans les alentours de vingts-deux heures il entendit les sanglots de sa mère transpercer les murs. Son coeur se serra alors qu'il sortait enfin de sa chambre. Il descendit le plus silencieusement possible les marches des escaliers et fut soulager de voir que ses deux parents étaient montés se coucher et qu'aucun n'avait eu l'idée de l'attendre. Il ouvrit le frigo pour y trouver son plat préféré que venait de préparer sa mère.

De nouvelles larmes coulèrent alors qu'il la remerciait du repas dans un souffle inaudible. Il se promit de partir sans faire d'histoire pour qu'ils n'aient plus à souffrir par sa faute.

Chronosaurus - MinchanWhere stories live. Discover now