Chapitre 3

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Les deux derniers jours avaient simplement été affreux à vivre. Chan avait eu plus de visite que ses doigts ne pourraient compter. Mais, au bout de la troisième, il avait rapidement finit par simplement verrouiller sa porte. Il avait ensuite mit un casque sur ses oreilles pour être sûr de ne rien entendre. Peut être qu'ainsi ses amis le détesteraient pour de bon et le laisserai partir sans faire d'histoire.

Le jour J, il attendit jusqu'à assez tard, il savait qu'il avait le temps alors il ne se pressa pas. Pendant qu'il s'habillait assez chaudement pour contrer le froid de la nuit, il entendit sa mère monter une dernière fois les escaliers. Il s'arrêta dans ses mouvements pour tendre l'oreille.

Il l'avait éviter depuis des mois, à tel point que sa voix avait commencer à l'exaspérer. Mais là, à quelques heures de sa fin, il n'avait qu'une envie, l'entendre de nouveau. Il voulait tout enregistrer une dernière fois, il voulait tout ressentir une dernière fois et, si il n'avait pas été aussi borné, il aurait couru pour ouvrir sa porte et l'enlacer au premier souffle qui passa les lèvres de sa mère.

"- Je t'aime mon chéri."

Voilà les quelques mots qui transpercèrent le silence pesant de la maison. Ces mots qui, à eux seuls, réussirent à briser le dernier cordon de Chan qui fondit en larme. Il mit sa main devant sa bouche pour être sûr que sa mère ne l'entendrait pas. Il ne voulait pas l'inquiéter, pas alors qu'elle devait déjà être au plus mal.

Surement pour la première fois, Chan se rendit compte de l'injustice qui lui tombait dessus. Sur des dizaines de millions de personnes, cela avait dû tomber sur lui et il ne pouvait rien y faire. L'injustice lui tordit le ventre alors qu'il repensait aux derniers mots de son ami défunt. Ce dernier, les larmes aux yeux, avait hurler à qui voulait bien l'entendre que c'était une vie de merde et un système de merde, qu'il aurait préféré ne jamais avoir eu son carnet et qu'il n'y ait jamais eu l'existence de ces quelques chiffres bleutés qui filaient sur son bras.

A cet instant, Chan le comprenait parfaitement. Mais il savait aussi qu'il ne pouvait rien y faire. Alors il enfila son gros pull, posa un bonnet sur son crâne et sorti enfin de sa chambre. Il regarda des deux côtés et, assuré que ses parents n'étaient pas dans les parages, il descendit les escaliers sur la pointe des pieds.

Arrivé au rez-de-chaussé, il tourna sur sa droite afin d'atteindre la porte d'entrée. Il sortit du placard ses vielles baskets et les enfila sans bruit. Puis il prit enfin la route. Il ferma délicatement la porte derrière lui et, le coeur lourd, disparut dans l'obscurité de son quartier calme.

Il n'avait rien sur lui. Il avait laissé tous ses effets personnels dans sa chambre, sur son bureau. Même son téléphone l'avait quitté, il n'en n'avait pas besoin pour savoir l'heure, il avait son avant-bras pour cela.

Il avait aussi laissé plusieurs lettres sur son bureau, toutes aux noms de ses amis. Celles pour ses parents avaient été directement glissées sous leur porte. Il sourit, il savait très bien que ses amis allaient venir dans sa chambre, il les connaissait par coeur.

Dans ses lettres, il avait pris soin de leur dire au revoir, de leur donner tout l'amour qu'il possédait et de leur expliquer son choix. Il savait qu'ils ne comprendraient pas. Mais ils n'avaient jamais vécu ce que lui avait vécu avec son ami. Il aurait tout donner pour ne jamais s'être approché de lui tellement il en avait souffert. Dans ses lettres il s'était aussi amusé à leur donner quelques avertissements, notamment à Hyunjin et à Jisung. Enfin, il les avait surtout encourager à vivre une belle vie et à se construire le meilleur des avenir. 

Il continuait à marcher dans la ville endormit. Les chiffres bleutés sur son avant-bras semblaient défiler de plus en plus vite et, quand Chan finit enfin par atteindre ce pont qu'il aimait tant, il ne lui resta que quelques minutes.

Chronosaurus - MinchanWhere stories live. Discover now