Chapitre III

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* Repeindre d'une présence*

Il fut surpris, le lendemain matin, de se rendre compte qu'il respirait. La douleur envahissante de la veille avait laissé place à un petit sentiment de calme. Il resta un moment là, à fixer le plafond, à sentir l'air dans ses poumons. C'était un peu déboussolant. Mais c'était reposant.

Aussitôt, il pensa à Ode. Il était alcoolisé, la veille, il n'arrivait pas à savoir s'il l'avait rêvé ou non. Il se leva d'un bond pour aller vérifier, en espérant qu'elle était réelle.

Tout était rangé et nettoyé. Il n'y avait plus de bout de verres ni d'alcool renversé qui collait sur le sol. Le calme régnait. Il fut estomaqué. Alors, d'une voix inquiète, il lança :

- Ode ?

Personne ne répondit. Il chercha dans toute la tour. Il n'y avait personne. Elle n'était pas là.

Perdu et déçu, il s'asseya sur le canapé, la tête dans les mains. Il crut qu'il l'avait imaginé, ou qu'elle était partie. Il ne savait pas ce qui était pire.

C'est alors que le ding de l'ascenseur retentit et qu'elle apparut, un gros sac en plastic entre les mains. Il la fixa, surpris de la voir, avec une mine désespéré. Elle se stoppa devant ce visage.

- Qu'est-ce qu'il vous arrive ?

- J'ai cru que vous étiez parti, souffla t-il.

Elle eut un léger sourire tandis qu'elle s'avançait vers la table du salon, ignorant la peine qu'elle avait pu causé au milliardaire.

- Et vous étiez attristé ? Je suis flattée. Je suis allé faire des courses.

Elle débala ses achats. Il ne demanda pas comment elle avait payé, c'était inutile, ça n'avait pas d'importance. Il la fixa. Elle l'observait s'appliquer, il était sûr qu'elle était réelle.

Il s'approcha d'elle, le pas hésitant.

- C'est vous qui avez tout rangé ?

- Qui d'autre ? rit-elle.

Alors qu'elle était concentrée, il vit ses yeux cernés. Ça avait dû lui prendre une bonne partie de la nuit. Il ressentit une caresse de tendresse, mais il n'avait pas envie de la remercier. Il était un peu fier pour ça. Il était un peu tôt pour être sentimental.

Elle sortit du sac des denrées alimentaires, d'autres babioles utiles et une dizaine d'assiette en verre blanche.

- Des assiettes ? Pourquoi, il n'y en a pas assez ici ? se moqua t-il presque.

- C'est pour plus tard.

Elle lui fit un sourire malicieux qui lui donna presque envie de sourire. Elle lui plaisait bien, elle le distrayait. Ensemble, ils rangèrent les courses dans ses placards. Parfois, il lui jetait un coup d'oeil rapide, juste comme ça. C'était une tâche tellement anodine, qu'il n'avait pourtant pas fait depuis bien longtemps. C'était un peu étrange de sentir quelqu'un à ses côtés.

Il la regarda faire une omellette, ensuite. Il était toujours intrigué que quelqu'un soit chez lui, après tout ce temps seul. Elle faisait la cuisine en sachant parfaitement le regard qui pesait sur elle. Tony prit deux verres et leur servit un cognac. Il était à peine 13h, mais elle ne protesta pas.

- Vous faîtes ça souvent, le ménage, la cuisine ? lui demanda t-il quand ils commencèrent à manger.

- Ça m'arrive de temps en temps, pas aussi souvent que le sexe, répondit-elle en haussant les épaules.

Tony prit un air étonné, surpris par cette réponse nonchalante. Ça ne l'aurait pas gêné, il y a quatre ans. Mais cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu une conversation digne de ce nom.

 Ode Aux Ascenseurs Where stories live. Discover now