CHAPITRE XIII

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*le sachet plein et les bouteilles vides*

Il passait devant la porte de sa chambre, et parfois il restait à ses côtés, mais il était tout le temps alcoolisé. Ode reposait dans un lit, branchée à des machines qui faisaient un bruit insupportable. Mais elle, elle n'en faisait pas.

Il avait réussi à l'emmener chez lui à temps. Avec sa technologie, il avait réussi à guérir sa blessure sans laisser une trace, et à la maintenir en vie. Des machines qui la faisaient respirer, qui la nourrissaient, mais qui ne la réveillaient pas de son coma. C'était insupportable de ne pas savoir si elle allait se réveiller ou si elle allait dormir encore. À mesure que les jours passaient, les bouteilles vides s'empilaient.

Jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent, que ses doigts bougent, que la douleur revienne. Tony avait été alerté par le bruit qu'elle fit, elle s'étouffait. C'est quelque chose de se reveiller sans pouvoir respirer avec sa bouche parce qu'un tube passant par un trou dans votre gorges vous fournit l'oxygène.

Tony se précipita à son chevet, paniqué.

- Ça va aller, calme-toi, tout va bien, la rassura t-il.

Il retira le tube et avec la micro technologie reboucha le trou dans sa gorges, comme si elle n' avait rien eu. Dans un grand effort, elle essaya de respirer, elle prit des grandes inspirations tout en toussant.

Tony s'affairait autour des machines pour les recalibrer. Elle reprit conscience de son corps, de la pièce, de Tony. Elle se calma petit à petit, Tony assit sur le côté de son lit, la regardant comme on regarde un revenant.

Elle lui rendit son regard et essaya de parler mais aucun son ne sortit, ce qui l'affola.

- Tout va bien, ta gorges est juste déshydratée, tu as besoin d'un peu de temps pour reprendre possession de toi-même, tu dois te reposer.

Elle le regarda, muette, déboussolée. Tony serra sa main dans la sienne, ému de voir enfin ses yeux.

- Dieu merci tu es vivante...

Elle sentit la main de Tony serrer la sienne, mais elle n'avait pas encore la force de la serrer en retour.

Elle sentit l'odeur de whiskey qui se dégageait de Tony. Elle vit ses cernes, ses cheveux en bataille, ses vêtements sales. Mais elle fit comme si de rien n'était.

À mesure qu'elle reprenait ses esprits, ses souvenirs revenaient. Les images s'imposaient. Tous ce sang. Le bruit des coups de feu, l'arme dans sa main. Le corps allongé sur le sol. Elle s'en souvenu.

Elle jeta un regard interrogateur à Tony, un regard désespéré. Il comprit tout de suite la question qu'elle lui posait. Il baissa la tête un instant avant de répondre :

- Je suis désolée, je n'ai rien pu faire, il est mort.

Ce fut comme un coup de poignard pour Ode. Elle avait tué un homme. Elle avait tué cet homme qui l'avait poussée en enfer, mais qu'elle appréciait, qui la comprenait, qui lui ressemblait tellement.

Son visage se déforma sous la peine. Elle n'avait pas la salive pour parler, mais elle avait les larmes pour pleurer. Elle avait tellement envie de crier, elle ne pouvait pas. Elle se sentait si coupable. Elle s'en voulait, elle en voulait au monde entier parce qu'il n'avait pas donner de place aux gens comme lui.

-Tu n'as pas à te sentir coupable, c'était un accident.

Tony passa ses mains sur ses joues. Il resta silencieux, il n'avait rien à dire. Il la laissa s'épuiser jusqu'à ce qu'elle dorme. Jusqu'à ce qu'il s'endorme à son tour, la tête sur le bas ventre d'Ode.

 Ode Aux Ascenseurs Where stories live. Discover now