Chapitre 2

839 80 23
                                    

Nico ne gérait pas du tout. Il était deux heures du matin, et il n'arrivait pas à dormir. Il s'était toujours ironiquement considéré comme un vampire, à rester toujours éveillé lorsque les autres sommeillaient paisiblement. D'habitude, il en profitait pour travailler ses cours, mais là, il ne pouvait pas. Son sac était à l'autre bout de la pièce et, lorsqu'il avait essayé de se lever, toute à l'heure, il avait manqué de s'écraser face contre le sol. Il jugeait donc plus prudent de rester sous les couvertures.

Pourtant, il avait toutes ses affaires dans son sac de cours : son téléphone, son ordinateur... Enfin bref, tout ce qui aurait pu lui permettre de ne pas s'ennuyer. Il avait bien pensé à appeler quelqu'un pour le lui apporter, mais il avait vite étouffé cette idée. D'abord, il était hors de question que quiconque le voit dans une telle position de faiblesse. Il ne voyait pas non plus l'intérêt de demander de l'aide, alors que les quelques infirmiers encore présents avaient sûrement d'autres chats à fouetter. Et puis, il avait déjà dormi pendant presque tout l'après-midi, il pouvait donc s'ennuyer un peu, ça n'allait pas lui faire de mal...même si le temps lui semblait horriblement long.

Soupirant, il tenta de se retourner sur le côté, espérant ainsi trouver une position plus confortable contre le sommier raide, mais le tuyau toujours relié à son bras l'en empêcha. Quelle poisse. Il en avait déjà assez. Tant pis pour l'infirmier, Solace, mais il n'allait certainement pas passer plusieurs jours comme ça. Sa santé, et puis quoi encore ? Il avait survécu de la sorte pendant plus de vingt ans, il n'allait pas changer son comportement parce qu'un joli blondinet le lui suggérait.

Nico continua de fulminer ainsi, dans le noir, pendant près de vingt minutes. Bientôt, le cas de l'infirmier bien intentionné s'étendit au monde entier. Plein de mauvaise foi et sonné par les médicament, il ne savait plus vraiment ce qu'il pensait.

La porte s'ouvrit sur sa droite, le faisant sursauter. Il étouffa un juron en voyant l'infirmier, auquel il pensait justement, entrer d'une manière qui se voulait certainement discrète.

— Vous m'avez fait peur, grommela le brun.

Le blond ferma la porte derrière lui et passa une main dans ses cheveux, embarrassé.

— Désolé, j'espère que je ne vous ai pas réveillé.

— Je dormais pas. Je dors jamais.

Il haussa les sourcils, dubitatif.

— Vraiment ? Quand je suis passé, en fin d'après-midi, vous ne m'aviez pas vraiment l'air réveillé... Vous étiez même en train de baver.

Nico secoua la tête de gauche à droite.

— Certainement pas.

Le blond ne répondit pas, se contentant de consulter ce que la machine reliée au poignet de Nico avait à lui apprendre. Le brun l'observa noter quelque chose dans son bloc, avant de le refermer. Il lui refit face, souriant.

— Essayez de vous rendormir. Si vous n'y arrivez pas, je peux vous donner quelque chose qui vous y aiderait. Je dois y aller, mais appelez-moi si vous voulez quelque chose !

— OK, avant que vous partiez, j'ai trois choses à demander. Premièrement, je pourrais avoir mon sac ? (Le brun eut au sourire de satisfaction en le recevant enfin.) Ensuite, arrêtez de me vouvoyer, parce que je crois que vous êtes plus vieux, ça me fait trop bizarre, j'aime pas ça. Dernière chose, je vois pas pourquoi je devrais dormir alors que vous êtes encore réveillé.

L'infirmier rit, d'un rire franc et beau, qui se répandait jusque dans ses yeux et qui fit oublier à Nico sa migraine pendant un instant.

— Vous... Tu as de la répartie, c'est assez rare parmi mes patients. J'avoue qu'arrêter le vouvoiement est pas mal, mais faut que tu fasses pareil, ça va dans les deux sens. Je suis pas censé faire ça, mais bon, ça sera un secret entre nous ! Et ensuite, moi, je dors pas parce que j'ai du boulot. Vous... Tu es malade, je pense comprendre que tu n'as même pas réussi à aller chercher ton sac, alors au dodo !

L'espace de quelques secondes, Nico fut tenté de lui avouer pourquoi il ne dormait jamais. Peut-être que l'infirmier pourrait l'aider ? Il n'était pas stupide, il savait qu'il avait besoin d'aide. Pourtant, son instinct de survie prit le dessus, et il ne dit rien.

— J'aime pas dormir, grogna-t-il finalement.

— Pourtant il va bien falloir, si tu veux reprendre les cours.

— Infirmier Solace, t'avais pas d'autres patients à aller voir ?

Le blond ne parut pas se formaliser de la soudaine familiarité (même si Nico s'en morigéna), et ses yeux s'écarquillèrent.

— Tout juste, je dois filer. Bref. Dors, ajouta-t-il en pointant un index menaçant sur son patient tout en sortant.

Fight me.

La porte claqua, isolant Nico et ses pensées. Seulement, cette fois, il avait son ordinateur (et le souvenir du joli sourire de l'infirmier) pour lui tenir compagnie...

Fight me [Terminé]Where stories live. Discover now